Terre du Milieu - Système J (Etienne)

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Résumé, compte rendu, impression des joueurs des séances précédente.
Récit et nouvelle en tout genre.
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Niemal
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Terre du Milieu - Système J (Etienne)

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Les contes de Camalag - Campagne du Rhudaur 1re partie

Oyez, résidents de la Dernière Maison Simple, amis d'Elrond ou juste simples voyageurs. Malgré mon très jeune âge et mon manque d'expérience pour les belles paroles, je veux vous narrer une histoire. Depuis le départ de mes parents pour Valinor, j'ai plus écouté les oiseaux ou autres animaux que les elfes ou autres créatures douées de raison. Mais le seigneur de cette maison me pousse à aller vers mes semblables, à dépasser mes limites, mon inexpérience et mon chagrin. Aussi, eu égard à sa grande sagesse, je me tiens devant vous en espérant voir de l'intérêt dans vos yeux. Je vais donc vous conter les aventures qu'il m'a été donné de vivre auprès d'amis divers et de compagnons inattendus.
 
Cela se passe à notre époque, au début de l'été 1643, dans le Rhudaur que nous connaissons bien. Comme à leur habitude, les humains se font la guerre et portent la destruction partout où ils vont. Le roi Ermegil envoie ses armées dans l'Angle, que nous appelons En Egladil, en bon vassal d'Angmar qui ne désire rien d'autre que de soumettre toutes et tous sous le joug des armes et de la sorcellerie. Ses armées sont repoussées par un héros dúnadan du nom de Taurgil Melossë, dont le château et les amis résident dans l'Angle. Ce petit seigneur, héritier des rois du Rhudaur, veut retrouver la gloire de ses ancêtres, ancêtres qui créèrent le Rhudaur lorsque trois frères et princes d'Arnor se disputèrent concernant la succession du royaume. Cela entraîna la division du royaume en trois, Arthedain, Cardolan et Rhudaur, ce qui amena conflit et nombreuses souffrances...
 
Mais donc, le seigneur Taurgil s'opposa à Ermegil par les moyens qu'il put trouver, et avec succès. Dans le conflit qui l'opposa à Ermegil, il est dit qu'il terrassa des dragons à l'aide de ses armes et de sa magie. Il fit aussi preuve de diplomatie auprès du roi des Hommes des Collines, Broggha, afin de priver Ermegil de tout soutien. Mais les forces issues d'Angmar ou du Grand Nord ne se laissèrent pas éliminer si facilement. Cameth Brin fut prise par Taurgil mais abandonnée car trop corrompue par le mal, et un équilibre précaire prévalut. Aussi le seigneur Melossë fit-il appel aux elfes et hommes de bonne volonté pour l'aider dans son combat. Et son appel fut entendu au-delà même des Monts Brumeux, puisque des individus et compagnies vinrent de la vallée de l'Anduin et de la Forêt Sombre pour prêter main-forte...
 
1 - Une curieuse rencontre en chemin
C'est là que ma modeste personne entre dans le récit. Une compagnie d'elfes du royaume de Thranduil était arrivée à Imladris comme étape de leur voyage pour répondre à l'appel du seigneur Melossë. Envoyée par Legolas et menée par Orophal, cette compagnie comportait une elfe du nom de Lotheryn. Cette dernière se prit de pitié pour moi et mes tragédies récentes, et malgré mon chagrin elle arriva à devenir mon amie. Elrond estima qu'il y avait là une opportunité pour moi de découvrir les humains sous un jour un peu meilleur : Orophal accepta de me servir de guide, avec l'aide de Lotheryn, pour aller voir le seigneur Taurgil Melossë. En effet, Elrond lui-même me confia l'avoir connu et il semble l'avoir en grande estime...
 
Nous partîmes donc en direction de l'ouest, longeant la Menatar Romen qui mène au pont sur la Mitheithel, que les humains appellent Fontgrise. L'ancienne auberge avait été rasée par les armées d'Ermegil, mais une nouvelle avait été construite et un village fortifié avait vu le jour. Le seigneur Melossë y avait été vu, et Orophal espérait le trouver là ou au moins se rapprocher de lui. Nous nous dirigions donc vers le village fortifié construit sur la rive orientale de la rivière, à proximité de Iant Methed, le Vieux Pont. Mais les graines de l'aventure furent semées avant même d'arriver au village humain. En chemin, en effet, nous trouvâmes au milieu des bois une petite forme blessée, évanouie sur le sol forestier.
 
Il s'agissait du corps vivant mais mal en point d'un semi-homme, ou hobbit comme ils aiment à s'appeler, dont certains se sont établis dans le Rhudaur et notamment dans l'Angle. Mais depuis que l'Arthedain leur a offert des terres bien à eux, beaucoup partent là-bas, plus loin des conflits. Bref, cette rencontre était plus qu'inattendue, et je me suis demandé quel Vala avait joué avec la destinée du hobbit pour nous amener là et le sauver. Car il avait besoin de soins, suite à une plaie pas trop profonde mais qui avait saigné et l'avait privé de ses forces. Et il portait aussi la trace de nombreuses brûlures, même si elles étaient en majorité guéries. Et il était en haillons, seul, loin de tout campement de semi-hommes ou autres mortels...
 
Il fut soigné grâce aux compétences de certains de nos compagnons, avec l'aide de Lotheryn et moi-même, et bien vite il put se remettre sur pied, même s'il semblait un peu faible. À nos questions il répondit de manière bien évasive. Nous apprîmes qu'il se nommait Burzum, mais il semblait avoir perdu la mémoire des événements récents... ou du moins c'est ce qu'il nous dit. Et aussi qu'il s'était blessé tout seul, même si sa blessure avait manifestement été causée par une lame. Mais il n'avait pas l'air belliqueux ou animé de mauvaises intentions, et qui suis-je pour juger de ceux qui gardent des secrets ? Lorsqu'il apprit que nous souhaitions aller voir le seigneur Melossë, il parut très intéressé et nous l'invitâmes à nous suivre. Ses petites jambes affaiblies ne lui permettaient pas de suivre à notre allure, mais nos chants elfiques lui donnèrent de l'énergie et nous fîmes attention à ne pas aller trop vite, même s'il resta un peu à la traîne, peut-être autant par choix qu'en raison de sa taille ou son état de santé.
 
2 - En quête du seigneur de guerre
En fin de compte, nous arrivâmes en vue du village près du Vieux Pont. Je fus tout de suite attiré par une imposante silhouette près de l'entrée dans la palissade : un ours brun de belle taille, auprès duquel les humains semblaient pareils à des fétus de paille. Ce qui devait être le sentiment des deux gardes qui l'empêchaient d'entrer. Plus exactement, c'est ce qu'ils disaient à un humain trapu et costaud qui semblait être le maître de l'ours, car il n'était pas sauvage. Ils craignaient manifestement des problèmes avec cet ours même s'il ne montrait aucune agressivité. Je pus l'approcher sans mal et l'homme montra divers tours, mais les gardes restèrent inflexibles devant ses arguments... ce qui bloquait l'entrée dans le village. Aussi Orophal finit-il par s'approcher, avec d'autres elfes, pour rassurer les gardes et leur dire qu'il garantissait qu'il n'y aurait pas de problème avec le plantigrade.
 
Et ainsi nous pûmes découvrir le village et ses habitants ou voyageurs récemment arrivés, dont l'ours et son compagnon. Car il semblait que l'ours, qui était une ourse du nom de Bélina, considérait l'homme, Beran, comme son ami plus que comme un maître. Orophal partit s'enquérir du seigneur Taurgil mais il n'était pas là, mais sans doute au sud, à sa forteresse de Minas Brethil. En descendant le long de la Mitheithel, Orophal estimait le trajet à trois jours de marche. Ce qu'il nous proposa donc de faire : quitter immédiatement le village pour aller vers le sud et se rapprocher de Taurgil Melossë. Et Burzum fut invité à se joindre à nous, ce qu'il accepta manifestement avec plaisir.
 
L'échange avec le hobbit, en langue commune, ne passa pas inaperçu. Beran et son ourse demandèrent s'ils pouvaient se joindre à nous, ou plutôt c'est l'homme qui demanda. J'avais plaisir à voir la belle ourse à nos côtés, même si l'homme m'était complètement indifférent et même moins que cela... Et je pointai à Orophal les avantages d'avoir un pareil animal à nos côtés : il ferait certainement réfléchir à deux fois d'éventuels bandits ou autres agresseurs qui auraient mal vu la nature de notre groupe d'elfes. Une jeune femme humaine, du nom de Saoirse, se joignit également à la discussion : elle était très motivée par la possibilité de rencontrer Taurgil Melossë, qu'elle semblait tenir en très haute estime. Orophal n'était pas très chaud pour voir tous ces humains se joindre au groupe, et moi encore moins, mais en fin de compte il accepta.
 
Avant de partir, nous fûmes approchés par un nain manifestement très costaud et ayant l'expérience du combat, comme l'attestait le bandeau couvrant son œil droit. Du nom de Zarin, il avait cru comprendre que nous allions partir pour nous présenter au seigneur Melossë et il voulait en être... Orophal et d'autres elfes étaient encore moins motivés par ce nouvel apport au groupe, mais pour ma part cela me dérangeait bien moins que la présence de Beran ou Saoirse. Et de toute manière, malgré quelques tensions, la raison prévalut et il fut accepté dans la troupe : une dizaine d'elfes, un hobbit, un nain, deux humains et une grande ourse... Et ce n'était que le début du voyage vers le sud.
 
3 - Séparation
Le début du chemin se présenta sans incident aucun. Ne souhaitant pas me mêler aux humains qui me rappelaient trop de mauvais souvenirs, je restai au milieu du groupe d'elfes, aux côtés de mon amie Lotheryn. Ce qui convenait très bien à Orophal : si le seigneur Elrond lui avait demandé de veiller sur moi, ce n'était pas ce qu'il était venu faire, et il déléguait ce rôle de nounou à la "Fleur des Bois" avec grand plaisir. J'aurais voulu échanger plus avec le hobbit Burzum, mais ce dernier restait généralement en retrait, même si ses blessures semblaient à présent guéries. Et ce malgré mon intérêt affiché pour sa personne : je trouvais que c'était un être fascinant et plein de mystères, et en même temps il avait l'air plus mal en point que moi, d'une certaine manière, et j'aurais voulu pouvoir l'aider...
 
Mais le destin frappa un nouveau coup sous la forme d'un aigle qui descendit sur le groupe. Il était en fait porteur d'un message pour Orophal, qui put l'entendre grâce à la magie que certains d'entre nous maîtrisons. Message qui causa de l'émoi chez notre chef, comme nous l'apprîmes bientôt : le mal des loups-garous était présent plus au nord, et les guerriers du roi Thranduil étaient mandés vers le nord pour aider ceux du seigneur Elrond. En même temps, il n'était pas question pour moi de me joindre à eux, sans parler de nos autres compagnons. Mais que faire alors du pauvre orphelin blessé sur lequel il avait promis de veiller ? Lotheryn l'assura alors qu'elle saurait veiller sur moi, d'autant que les autres membres de la troupe qui poursuivaient vers le sud sauraient assurer une certaine protection sans doute.
 
Orophal semblait gêné et soulagé à la fois, et je sentais bien que j'étais pour lui un fardeau dont il se serait bien passé. Lotheryn était confiante, mais peut-être n'avait-elle pas perçu à quel point j'attirais les ennuis sur ma malheureuse personne et ceux qui me côtoyaient... Mais enfin Orophal prit sa décision et le groupe fut scindé en deux : les elfes de la Forêt Sombre, à l'exception de Lotheryn, partirent vers le nord à bonne allure. Et nous restâmes avec le hobbit Burzum, Beran et son ourse Bélina, le nain Zarin, et enfin l'humaine du nom de Saoirse. Cette dernière avait le don de se faire oublier, comme si elle n'existait pas, ce qui me convenait parfaitement !
 
Burzum n'avait plus les chants des elfes de Thranduil pour donner davantage de vigueur à ses petites jambes. Mais je me mis à chanter également en lui demandant de rester non loin de moi, de manière à le faire aller plus vite et à éviter toute fatigue. Je n'avais pas l'expérience des elfes qui venaient de partir, mais cela aida bien le petit hobbit néanmoins. Et ainsi le voyage continua-t-il, sur un sentier qui longeait la rive orientale de la Mitheithel. Nous avançâmes bien, nous avions parcouru peut-être la moitié du trajet, quand je remarquai le trouble de Bélina, qui réagissait à des bruits qui provenaient d'une forêt que nous longions. Alors je projetai mes sens dans cette direction, et ce que je perçus fit battre mon cœur à toute allure...
 
4 - Yrch!
Non loin, dans la forêt dont nous suivions la bordure, quelques voix naines criaient "Baruk Khazâd! Khazâd ai-mênu!". J'avais entendu des elfes de la Dernière Maison Simple me dire qu'il s'agissait d'un cri de guerre nain qui signifiait "Haches des nains ! Les nains sont sur vous !". Mais surtout, les autres sons ne pouvaient me tromper : les nains étaient en train de combattre des orcs manifestement plus nombreux ! Il était très étonnant de trouver des gobelins si loin des Monts Brumeux, mais je ne m'arrêtai pas à réfléchir à cela : après avoir crié à mes compagnons que quelques nains se faisaient attaquer par une troupe d'orcs, je pris mes jambes à mon cou et fonçai dans la direction du combat.
 
Lotheryn eut le réflexe de tenter de me retenir. Malheureusement pour elle, je l'avais prise par surprise et je glissai sans mal sous son bras. Et motivé comme je l'étais, je me mis à courir à une allure qu'aucun de mes compagnons n'allait pouvoir égaler. Après coup je me suis rendu compte du souci que j'ai causé à mon amie Lotheryn, dont la promesse de veiller sur moi a dû lui glacer les sangs quand elle m'a vu partir si vite en direction du danger. Pardonne-moi Fleur des Bois, je ne suis pas un très bon compagnon et les ennuis me suivent comme des mouches sur un cadavre... En tout cas, elle a filé à ma suite et d'autres compagnons ont fait de même, courant aussi vite qu'ils pouvaient, à savoir Zarin et Beran, tandis que le hobbit et l'humaine restaient en arrière.
 
Tandis que je me rapprochais du site du combat, je me concentrai pour me confondre avec le milieu forestier, tout en préparant une flèche pour mon arc. Mes compagnons étaient trop loin à présent pour me percevoir, et je ralentis afin de passer inaperçu aux yeux des orcs que j'entendais. Je n'allais pas droit vers les bruits, mais à une petite distance, afin de voir sans être vu et de trouver une bonne position d'où lancer mes flèches. Bientôt j'arrivai à un espace où trois nains étaient dos à dos pour combattre une demi-douzaine de maléfiques gobelins, tandis qu'une demi-douzaine d'autres se tenaient à proximité. Heureusement ce n'étaient pas des grands guerriers mais plutôt des éclaireurs. Ils ne me perçurent pas, et certains allaient bientôt le payer de leur vie.
 
Les compagnons qui me suivaient n'étaient pas aussi discrets que moi, aussi les orcs les avaient-ils perçus, eux. Quand ils les virent, les six orcs un peu à l'écart se dirigèrent vers eux avec grande joie en brandissant leurs armes. Ce qui me permit de me placer dans leur dos et de viser le dernier. Lotheryn fit parler son arc et blessa une de ces répugnantes créatures, et pour ma part j'en abattis une. Une autre se retourna, ayant flairé ma présence, mais je l'abattis également assez vite. Et une autre ensuite, et je continuai à tirer. Mes compagnons s'étaient bien débrouillés et n'avaient au pire écopé que d'égratignures, et les nains avaient fait de même, aussi les derniers orcs durent sentir le vent tourner et décidèrent bien vite de s'enfuir...
 
5 - Échanges
Les trois nains nous remercièrent et mes compagnons et eux se partagèrent le maigre butin qu'on pouvait trouver sur les orcs abattus ; sans doute guère plus que quelques armes de qualité très moyenne. Pour ma part, je me contentai d'achever les orcs avec grande satisfaction et de récupérer mes flèches sur les corps, en pensant à mon père qui avait en un sens guidé mes tirs, vu que c'est lui qui m'avait formé à l'archerie. La vengeance ne le ramènerait jamais, mais c'était un nectar que je voulais continuer à goûter pendant encore longtemps... Les nains semblaient être des marchands qui avaient établi un camp non loin, et ils nous y invitèrent, en disant qu'il y avait un cochon en train de cuire à la broche et qu'il y en aurait assez pour tous... Je partis chercher Burzum à l'orée du bois, Saoirse nous suivit à distance, puis nous laissâmes les nains nous mener à leur camp.
 
À une certaine distance de là, au milieu des bois, une charrette trônait au milieu d'une clairière, à côté d'un feu et d'une broche sur laquelle tournait un probable marcassin. Un jeune nain était là qui surveillait le tout. En plus de la viande, les marchands avaient de l'alcool, mais je déclinai tant la viande que la boisson. Je ne mange pas la chair de mes amis les animaux, et je n'ai aucune attirance pour l'alcool. Surtout que j'avais peu auparavant repéré des traces de gros loups, peut-être des wargs, et que je ne tenais pas à m'embrouiller l'esprit. En tout cas les nains ne s'en offusquèrent pas, ils étaient heureux de la récente aventure et de la mort des orcs. Ce fut un joyeux repas, peut-être parce que je n'y participai guère...
 
Tandis que je surveillais les environs, j'entendais mes compagnons qui échangèrent avec les nains voire se prêtèrent à des jeux comme un concours de devinettes, à la demande d'un des nains qui semblait un connaisseur. Mais les humains n'étaient pas en reste et notre groupe finit par gagner je crois, non sans avoir descendu un certain volume d'alcool au passage - au grand plaisir de Zarin manifestement. Il y eut aussi un concours de ronds de fumée, gagné par les nains. Certains d'entre eux étaient un peu éméchés, de même que quelques-uns de mes compagnons. Bizarre comme les mortels arrivent à faire la fête alors qu'ils savent que la mort rôde non loin...
 
Ce qui entraîna un petit débat sur la manière de renforcer la sécurité du campement. Vu le manque de sobriété d'une bonne partie de la troupe, quitter la forêt en pleine nuit n'était plus une option. Rester au milieu de la clairière serait bien pour voir arriver d'éventuels orcs, mais pouvoir grimper à des arbres était un plus en cas d'attaque de loups. En fin de compte nous déplaçâmes la charrette et les deux poneys dans les bois, non loin de la lisière de la clairière. Le feu fut laissé et Lotheryn prépara près du foyer des mannequins pour tromper d'éventuels attaquants. Avec mon amie, nous convînmes de monter la garde en alternance voire ensemble pendant que les autres dormiraient. Puis nos compagnons allèrent se coucher dans les bois, et les nains dans leur charrette.
 
 
Et voilà la fin de mon conte, braves gens d'Imladris. Ou du moins la fin de la première partie de mon histoire. Souffrez que je fasse une pause pour humecter mon gosier et me donner le temps de penser à la suite de mon récit, qui j'espère vous tiendra autant en haleine que le début, voire plus encore. Car j'espère bien, par la force de l'expérience, améliorer ma prose et me montrer digne des conteurs qui sévissent ici toutes les nuits. Puissent les Valar veiller encore longtemps sur nous et les nuits résonner des chants des elfes encore de longues années...
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 2e partie

Message non lu par Niemal »

Amis et compagnons de cette vallée cachée dans laquelle Elrond nous héberge, survivants du royaume d'Eregion ou d'autres royaumes elfiques plus anciens ou lointains, ou juste simples voyageurs : permettez que je vous narre la seconde partie de mon récit entamé il y a un moment déjà. Je veux vous conter la suite des aventures que j'ai eu l'heur de vivre, parmi ces humains que j'abhorre mais que je dois côtoyer pour apprendre à mieux les connaître. Ainsi, selon maître Elrond, pourrai-je maîtriser mes sentiments plutôt que d'être leur jouet, et mieux voir la beauté qui réside parfois dans le cœur et l'âme de ces mortels. Pourtant, vous verrez à travers mon récit que cet objectif me paraît encore bien lointain !

1 - Nouveaux venus et mauvaises intentions
Revenons donc à ce groupe bien hétéroclite auquel Lotheryn et moi faisions partie par le hasard de la destinée plus que par notre volonté. Après avoir combattu avec succès des orcs et aidé des marchands nains qui étaient leur cible, mes nouveaux compagnons avaient partagés un repas essentiellement composé de cochon - selon les dires des nains - et d'alcool. Le tout dans une belle insouciance, malgré la présence certaine de loups voire de wargs, sans parler d'être une zone de guerre, où de plus Orophal et les siens étaient partis pour combattre le mal des loups-garous. Mais bref, ces mortels ripailleurs avaient fini par aller dormir, non sans nous avoir laissés, Lotheryn et moi, le soin de réaliser un faux camp et ses faux dormeurs, ou de veiller sur leur sommeil.

Nous avions convenu, mon amie et moi, de lui laisser le soin de veiller seule au début, pendant que je méditais dans un arbre non loin du (vrai) camp des nains et compagnons de fortune. Si profondément me trouvai-je en contemplation intérieure que je mis un moment à réaliser qu'il se passait quelque chose. Lorsque des bruits me firent sortir de ma profonde méditation, je réalisai vite que des combats étaient en cours avec des nouveaux venus. Mais avant de vous dire quelles furent mes réactions, revenons brièvement au détail de ce qui c'était passé, tel que Fleur des Bois me le conta par la suite, lorsque les événements cessèrent de nous tourmenter.

Lotheryn avait donc perçu l'arrivée plus ou moins discrète d'une quinzaine d'humains équipés de filets et lassos, sans armes et armures et peu habitués aux expéditions nocturnes, à l'exception de cinq d'entre eux, qui portaient des torches ainsi que des arcs. Ils seraient plus tard identifiés comme étant des Hommes des Collines. Trompés par les mannequins de mon amie et le camouflage du vrai campement, ils n'avaient pas perçu mes compagnons ou les nains bien occupés à cuver leur alcool. Tandis que les humains arrivés en embuscade lançaient leurs filets et constataient qu'ils avaient été trompés, mon amie réveillait discrètement nos compagnons. Les nains semblaient encore trop imbibés d'alcool, à une exception près, pour sortir de leur torpeur, de même que l'ourse de Beran, Bélina.

Mais les Hommes des Collines commençaient à fouiller et allaient bientôt découvrir le vrai campement, les deux poneys, la charrette avec les nains, et l'ourse de Beran. Zarin, habitué aux embuscades et aux combats, avait tenté de les mettre sur de fausses pistes, mais sa mauvaise imitation de hurlement de loup avait surtout permis aux hommes de le repérer. Malgré ses efforts pour éviter les humains et éteindre leurs torches, il avait fini par être rejoint et un combat de filets avait débuté. Rajoutons à cela l'intervention surprise de Saoirse dans le dos d'un humain et sa demande d'explications à voix haute, demande interrompue par une pierre reçue dans la tête, pierre lancée par le hobbit Burzum ! Il semblait que la situation allait dégénérer un peu plus, et c'est à ce moment-là que je pris conscience de ce qui se passait...

2 - Histoire de cochon
Je mis peu de temps pour percevoir l'essentiel de tout cela et pour rester caché dans mon arbre. Je n'appréciai que peu d'être à proximité de tant d'humains, surtout animés de si manifestes mauvaises intentions. Tandis que Saoirse, couverte de filets, tentait de raisonner les Hommes des Collines et de chercher des explications sans combattre, je voulus faire peur en criant à l'arrivée de wargs, mais sans succès autre que de faire peur au hobbit qui grimpa illico dans un arbre proche. Pourtant, avec tous les cris que ces mortels se lancèrent, il aurait été difficile de ne pas être attiré par un tel remue-ménage. Mais les cris et surtout les corps se calmèrent un peu, et je pus suivre de loin ce qui apparut être la cause de cette embuscade nocturne : une histoire de cochon. Les humains semblent bien être capables de se battre pour quelque chose d'aussi futile, et je vous laisse deviner l'évolution de mon opinion. Et maître Elrond voulait que j'apprenne à mieux connaître ces gens-là ?!?

Je n'avais aucun mal, vu la force des cris, à comprendre ce qui se disait : les Hommes des Collines accusaient mes compagnons d'avoir volé un cochon et de l'avoir mangé, comme les restes du repas l'attestaient. Je restai ébahi devant la prétendue capacité de ces humains à pouvoir reconnaître un animal après avoir été rôti, découpé et mangé, avant de comprendre, un peu plus tard, que l'animal avait en fait été attaché dans la clairière où les nains avaient fait leur camp. Laisser un cochon attaché, sans garde aucune, dans une forêt parcourue par des loups, voilà qui me laissa encore un peu plus ébahi. Mais il semblait en tout cas qu'un soupçon de clarté commençait à se faire : les nains avaient pu être en partie réveillés, et à travers les brumes de leur alcool ils admirent avoir trouvé le cochon, et l'avoir fait rôtir pour satisfaire leur faim...

Mes compagnons d'infortune eurent beau crier qu'ils n'y étaient pour rien et qu'ils avaient mangé du cochon en toute bonne foi, invités par les nains à qui ils venaient de sauver la vie, ils ne se firent pas mieux voir pour autant par les Hommes des Collines. Ces derniers dirent qu'il fallait venir à leur village proche et comparaître devant leur cheffe, "la grosse Berta" selon leurs propres termes, qui y verrait plus clair et déciderait de la suite à donner. Les propositions de payer pour avoir fait disparaître le cochon ne rencontrèrent aucun écho, comme si la disparition de l'animal était un désastre menaçant la destinée de tout le village humain... Et j'avais quitté Imladris pour ça ?!?!?

Mes compagnons et les nains acceptèrent de venir au village, devant l'insistance des Hommes des Collines. Je restai caché dans mon arbre, mais comme j'avais crié auparavant, plusieurs d'entre eux demandèrent à voir la personne cachée descendre de son arbre, sans quoi ils menaçaient de l'abattre. Suite à cette demande, le hobbit Burzum se dépêcha de descendre de son perchoir, pensant qu'on parlait de lui. Les Hommes des Collines furent un peu interloqués, l'arbre d'où mon petit ami était descendu n'étant pas dans la direction où ils pensaient avoir entendu les cris. Mais la nuit, les tensions, la colère, tout cela fit qu'ils n'insistèrent pas et partirent. Mes compagnons purent garder leur équipement, mais les nains, qui avaient plus ou moins avoué leur méfait, eurent les mains attachées.

3 - Explications et nouvelles menaces
Je suivis discrètement la troupe, tous les sens aux aguets, me rappelant bien les traces de loups que j'avais repérées plus tôt dans la nuit. Je parvins au village humain : il était entouré d'une palissade en mauvais état, et l'ourse avait été laissée à l'extérieur, non loin de l'entrée dans la palissade. Ayant repéré les gardes et même un endroit de la palissade en mauvais état, et comme c'était le milieu de la nuit, je pus me glisser dans l'enceinte sans être repéré. Je parvins sans mal à l'arrière d'un grand bâtiment, comme une longère nordique composée d'une salle unique où devait trôner la cheffe du village. C'est là que les nains et mes compagnons furent emmenés, et où ils rencontrèrent Berta, femme âgée et cheffe des Hommes des Collines.

Tous se présentèrent à Berta et donnèrent leur version des faits. Les nains, qui n'étaient qu'en partie dessaoulés, pleuraient sur leur mauvaise action, leur faim à laquelle ils n'avaient pas su résister, et faisaient amende honorable. Mais Berta dit que l'affaire était plus grave qu'un simple cochon. Ce dernier avait été laissé là comme offrande, afin de contenter un sinistre et maléfique warg qui terrorisait le village avec une quinzaine de loups. Il avait tué plusieurs personnes, dont deux de ses fils, et demandait - car oui, il parlait, ce qui pour moi le rangeait plutôt dans les sorciers ou les loups-garous - un sacrifice régulier. À défaut de cochon, des humains risquaient de faire les frais de la bête...

Tandis que certains de mes compagnons - Zarin le premier - proposaient de régler le problème du warg de manière définitive, je fus attiré par un bruit en dehors du village : Bélina était agitée. Aussi j'escaladai le mur puis le toit du bâtiment, et je vis des formes, dans les bois, s'approcher du village. Malgré mes sens elfiques, il était difficile de distinguer quoi que ce fût, comme si l'obscurité grandissait à l'approche de ces choses qui semblaient tout sauf humaines. Il ne faisait guère de doute, pour moi, que le fameux warg et ses loups venaient prendre livraison d'un paiement qui n'avait pas été trouvé. Je prévins immédiatement Lotheryn en sindarin, à la grande surprise des humains qui m'entendirent. J'expliquai qu'il fallait faire venir tout le village dans la longère et la barricader. Mais un autre bruit se produisit : le warg, suivi par ses loups, avait enfoncé sans grand mal une portion de la palissade en mauvais état. Puis il était entré, immense, presque de la taille d'un cheval ! C'était la panique dans le village...

Et il ne s'agissait pas que de peur de mourir : la vue de cette bête maléfique et tout sauf naturelle me glaça le sang. Malgré toute ma volonté, qui certes est bien faible, je ne pus résister au désir de me recroqueviller sur le toit et de ne rien faire qui pourrait trahir ma position. Néanmoins, je voulus prévenir mon amie Lotheryn, et cela me donna la force de sortir de ma torpeur. Grâce à un effort de volonté, je criai en ouistrain que la bête arrivait, et montai au sommet du toit, près de l'ouverture au-dessus de la fosse à feu. Puis je pris la corde de mon sac, la fit glisser dans l'ouverture du toit, le plus loin du feu possible, et criai à mon amie elfe et au hobbit de monter me rejoindre.

4 - Combat
La porte du bâtiment explosa sous la force du monstre maléfique, et un vent venu de nulle part souffla les torches et même le feu au centre de la grande pièce. Le monstre parla et dit qu'il avait faim et qu'il allait se rassasier parmi les villageois, à leur grande frayeur. Heureusement, la plupart arrivèrent comme moi à résister à la peur panique qui m'avait saisi. Beran était le plus près du monstre, mais Zarin avait pris son arme et il courait vers la bête qui entrait calmement, vite suivie par ses loups qui se ruèrent sur les villageois ou mes compagnons. Il n'y avait pas d'autre issue que la grande entrée par où warg et loups étaient entrés, certains fuyaient vers l'arrière de la salle, d'autres comme Berta prenaient leurs armes. Le combat allait commencer.

Je plantai ma dague dans le toit et fit une boucle avec la corde autour de la poignée, afin de l'empêcher de glisser. Lotheryn aida le hobbit à attraper la corde qui pendait en l'air, et Burzum y grimpa péniblement. Mais il fut le seul à profiter de la corde, car les loups qui arrivaient ne laissèrent pas le temps à Lotheryn de suivre par la même voie. Le combat était partout. Mais tandis que Burzum grimpait et que j'arrivais tout juste à maintenir la corde d'une main, Zarin enfonçait le flanc de la bête avec son arme à deux mains tandis qu'il écopait en même temps d'une vilaine morsure. La douleur étourdit les combattants, aucun ne prenant l'avantage. Les autres arrivèrent à éviter toute blessure ou ne subirent que des morsures sans gravité.

Beran réussit ensuite à blesser légèrement le monstre, tandis que certains loups leur faisaient, à Zarin et lui, des blessures mineures. Du coup, le premier, le nain arriva-t-il à porter un nouveau coup au monstrueux loup doué de parole et de magie. Sa puissante attaque arriva à faire passer la bête de vie à trépas, pour autant qu'on pouvait dire qu'elle était auparavant vivante. En tout cas, suite à la mort du monstre, tous les loups arrêtèrent de combattre et redevinrent des loups normaux, animés par une seule idée : la fuite. Mes compagnons comme les villageois - du moins ceux qui avaient survécu, heureusement la majorité - les laissèrent partir. Mais il y avait pas mal de blessés.

Lotheryn se mit alors à soigner nos compagnons, tandis que Berta les félicitait pour leur exploit, et en particulier Zarin. J'aidai Burzum à descendre, et je fis également passer ma trousse de soins à Lotheryn pour l'aider dans sa tâche. Entre ses bandages et ses sorts de soin, tous nos compagnons de fortune furent bientôt tirés d'affaire et la guérison en bonne voie. Elle fut ensuite assaillie par les demandes des Hommes des Collines qui avaient des maux à traiter, mais elle arriva à les faire patienter jusqu'au lendemain. Le bilan fut fait dans le village, mais il était moins lourd que ce que j'avais craint : quelques morts à peine. Bélina, l'ourse de Beran, n'avait pas été sur le chemin des loups, et donc elle n'avait souffert de rien. On lui permit de rentrer dans le village et elle fut installée dans l'étable, pendant que le reste du village tentait de prendre du repos. Tandis que mes compagnons dormaient dans le bâtiment où ils avaient donné combat, je sortis du village pour aller dans un arbre proche et veiller en me reposant tranquillement.

5 - Nouvelle mission
Mais la nuit était loin d'être terminée, et après un moment j'entendis du bruit. Un groupe de cavaliers arriva à proximité du village, et quelle arrivée ! La végétation semblait d'écarter du groupe et faciliter son passage. À sa tête était un homme de grande taille, monté sur un imposant destrier blanc, trop majestueux pour être un simple cheval. Je ne l'avais jamais vu, mais il me semblait bien qu'il s'agissait là d'une de ces montures intelligentes que les humains appellent chevaux elfiques, tel Asfaloth monté par Glorfindel ici présent. Je ne pouvais en être sûr vu la distance de mon arbre, mais pourtant, d'après la description qu'on m'en avait faite, j'en étais à peu près sûr : le seigneur Taurgil Melossë venait d'arriver.

Il entra bientôt dans le village sans rencontrer aucune résistance d'aucune sorte, tellement imposante était sa présence, comme un roi sur ses terres. Tous furent bientôt réveillés, et je me dépêchai de retourner discrètement sur la grande longère qui hébergeait mes compagnons et où traînait encore le cadavre de la bête maléfique abattue par Zarin. Taurgil, car c'était bien lui, posa des questions et fut bientôt mis au courant par Berta de ce qui s'était passé. Le groupe de mes compagnons de fortune lui fut présenté, et il parut intéressé par leurs exploits. Ces gens-là voulaient se mettre à son service ? Manifestement, il avait besoin de pareilles personnes... Par contre, Burzum lança de nombreuses accusations contre Saoirse, comme si elle était la source de nos problèmes, une espionne voire une sorcière, et les tensions montèrent d'un cran. Le manque de sommeil était manifeste chez ces pauvres mortels... À contrario, le seigneur Taurgil semblait en pleine forme, lui. Ce qui n'était pas le cas de ses compagnons, qui avaient les traits un peu tirés...

En fin de compte, le seigneur Melossë demanda à s'entretenir en privé avec chacun des membres de notre petite et récente troupe. Il avait fini par reconnaître Zarin - manifestement ils avaient déjà vécu des choses ensemble - mais ce n'était pas le cas des autres. En plus du nain, Saoirse, Burzum, Beran recontrèrent le seigneur. À son tour, Lotheryn fut mandée, mais elle vint d'abord me chercher pour me faire rencontrer Taurgil. J'acceptai, même si j'aurais préféré rester sur mon toit, mais mon effort vola vite en éclats devant le grand Dúnadan : n'était-il pas humain, comme les autres ? Je ne pus lui adresser la parole et demandai à mon amie Lotheryn de m'excuser auprès du seigneur, qui parut un peu surpris. Néanmoins, il dit qu'il avait besoin de gens comme nous pour une mission. Il remit à Fleur des Bois deux jetons de bois gravés d'un aigle, dont un pour moi, afin de les présenter à son intendant, qui nous donnerait alors le détail de la mission.

Il se passa encore bien des choses, je fus le témoin de bien des échanges - parfois difficiles, comme avec Burzum et Saoirse - en présence du seigneur Melossë. Il examina aussi le cadavre de la bête maléfique qui nous avait attaqués, et qui manifestement était encore chargée de sorcellerie. Ses hommes, de toute évidence des rôdeurs d'expérience, venaient souvent l'interrompre pour lui parler de sujets importants. Un moment, une lumière parut dans le ciel nocturne, sous la forme d'un gigantesque aigle enflammé qui brûlait les végétaux à proximité, mais qui ne semblait pas incommoder le seigneur dúnadan ! Aigle qui avait un message important à transmettre, semblait-il... En fin de compte, Taurgil repartit avec ses cavaliers fatigués, tous appelés à d'autres tâches, avec le cadavre du warg sorcier. En ayant chargé mes compagnons et moi-même d'une nouvelle mission.

La nuit n'était pas encore terminée, tous étaient fatigués voire blessés et n'avaient pas fini de guérir. Peut-être resterions-nous encore quelques temps pour terminer de récupérer et aider ces Hommes des Collines avec des soins, tandis que les nains qui avaient pris le cochon resteraient un temps pour payer leur dette avec un peu de dur labeur. Les gens du village nous avaient remerciés en nous remettant quelques armes possédées par des défunts, comme deux dagues et deux arcs courts, et Berta avait même offert sa propre épée longue - leurs meilleures armes. Lotheryn m'avait dit que je ne devais pas être affecté par mon échec à parler à Taurgil Melossë, que je finirais par dépasser tout cela, je devais rester confiant. J'enviais son optimisme, mais je pensais plutôt que la quête que maître Elrond m'avait confiée, apprendre à connaître voire aimer les humains, serait encore plus difficile et incertaine que je le craignais ! Je comprenais de mieux en mieux pourquoi tant d'elfes partaient pour Valinor, où m'attendaient mes parents. Et j'étais tenté de les rejoindre... mais pas avant de terminer ce que j'avais commencé, si je le pouvais !


Ainsi s'achève la deuxième partie de mon récit, résidents permanents ou passagers de la Dernière Maison Simple. Merci de m'avoir écouté et encouragé à m'améliorer, ce que je ne manquerai pas de faire à travers la suite et troisième partie de mon récit. Quelle mission le seigneur Melossë nous avait-il confiée, et arriverai-je un jour à supporter ces terribles humains qui semblaient n'apporter que cris, combats, souffrance et destruction tout autour d'eux ? En même temps, je commençai à percevoir que, par certains côtés, certains de mes compagnons n'étaient pas si différents de moi, en particulier Saoirse ou Burzum. Peut-être que je pouvais commencer à envisager de pouvoir un jour m'attacher à certains d'entre eux... même les humains peut-être, même si j'en doutais un peu.
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 3e partie

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Habitants de la vallée d'Imladris, de longue date ou de passage, protecteurs, voyageurs ou artisans, voici le moment de vous révéler la troisième partie de mes aventures parmi les humains. Toujours j'ai en tête les mots du seigneur Elrond me poussant à découvrir les mortels et ne pas les juger trop vite, encore j'éprouve au cours du récit que je m'apprête à conter le plus grand mal à ne pas constater en eux tous les ferments du mal, petit et grand, qui ont conduit à faire de moi un orphelin. Mais au moins dois-je concéder que j'ai parfois réussi à adresser la parole à certains d'entre eux, que je côtoyais depuis plusieurs jours alors. Autant de raisons de croire en la sagesse de mon seigneur et grand soigneur parmi les elfes...

1 - Aide et nouveau départ
Dans ce village où nous avions combattu, mes compagnons et moi, la fin de la nuit fut l'occasion d'un repos bienvenu. Mais dès le soleil d'été revenu, les questions se pressèrent pour les six aventuriers qui partagions un objectif commun, à savoir répondre à la demande de Taurgil Melossë d'accomplir une mission. Fallait-il partir au plus vite ? J'y étais favorable, tant rester parmi ces humains me pesait ; mais Lotheryn, qui me rappelait ma mère et son funeste destin, tenait à répondre à la demande des villageois encore souffrants. Je lui dis donc que je respecterais son choix, et si elle restait un moment je le ferais aussi.

Les autres compagnons étaient partagés, mais comme, en plus de Fleur des Bois accomplissant ses soins, le nain Zarin avait décidé d'aider marchands nains et villageois humains, les autres firent contre mauvaise fortune bon cœur. Le hobbit Burzum, qui semble avoir des dons pour trouver et préparer des herbes médicinales, décida d'aller en chercher. Je l'accompagnai pour veiller sur lui tout en récoltant de quoi manger pour moi-même ou mon amie. Pendant ce temps, des villageois en firent de même, accompagnés par Beran et Saoirse. Nous fûmes tous surpris de la facilité à trouver de la nourriture, les personnes du village ne comprenant pas comment la nourriture avait pu pousser aussi vite et de manière si abondante dans les environs...

Après une journée complète de la sorte, les problèmes de plaies et d'estomacs vides furent en grande partie réglés. Si bien qu'après une nouvelle période de repos nocturne sans incident, le groupe prit congé de ces humains, et des nains restés à faire amende honorable en travaillant dur auprès d'eux. Nous marchions en direction de Minas Brethil, demeure du seigneur dúnadan qui nous avait confié une mission à aller chercher auprès de son intendante. Mon amie et moi marchions en chantant, afin de progresser plus vite et sans fatigue par la magie de l'harmonie des elfes, ce dont profitaient le hobbit Burzum et l'humaine Saoirse. Suivaient le nain Zarin et l'ourse Bélina et son maître humain, Beran.

En cours de route nous croisâmes le chemin d'une patrouille d'une dizaine de cavaliers nordiques du Rhovanion, des Éothraim, au service du seigneur Melossë. Au début méfiants, surtout en raison de la présence de l'ourse, ils se détendirent quand mon amie parla de l'invitation à réaliser une mission pour Taurgil Melossë en montrant le jeton de bois sculpté qu'il avait remis. Du coup ils décidèrent de nous accompagner au château. Après une fin de journée, une nuit sans encombre et une matinée à marcher, nous y arrivâmes enfin. L'endroit était magnifique, très riche et giboyeux, et occupé par de nombreux humains occupés à travailler la terre, pêcher, fabriquer... et réparer le château dont les travaux n'étaient pas encore terminés.

2 - Minas Brethil et mercenaires
Le château s'élevait sur une butte à proximité de la Mitheithel, rivière que les humains appellent Fontgrise. Mais pour arriver à ses portes, nous devions au préalable traverser un camp de cavaliers éothraim apparemment sur le pied de guerre. Ce ne fut pas aisé en raison de la présence de l'ourse qui inquiétait les hommes et affolait chiens et chevaux. Nous réussîmes à convaincre les gardes de l'entrée de nous laisser passer, Bélina comprise, mais la cheffe du camp, quand elle nous vit, ne fut pas de cet avis. Après diverses tentatives infructueuses de lui faire changer d'avis, Beran choisit de ressortir du camp avec son ourse plutôt que la voir dans une cage.

Au passage, avant d'arriver à la porte du château, nous fîmes la rencontre de divers groupes de mercenaires humains. L'un d'eux, un Éothraim, chantait en jouant du luth. Lorsqu'un dunéen lui demanda de se taire avec agressivité, il lui brisa son instrument sur le crâne et déclencha une bagarre. Lotheryn eut le malheur de vouloir s'interposer et calmer les esprits, mais elle reçut un coup dans le dos, ce qui entraîna la participation du nain Zarin, à son grand plaisir semblait-il. Il fallut les efforts de la cheffe du camp pour calmer les esprits et mettre fin à la dispute qui n'avait heureusement fait aucun blessé à l'exception de quelques bleus et bosses. Et je devais accomplir une mission avec ou pour ces gens-là ? Ecœuré, je poursuivis ma route vers le château.

Les jetons donnés par le seigneur Melossë nous permirent de rentrer, et divers mercenaires nous suivirent, soit cinq groupes tous montés - nous étions les seuls sans chevaux - que je vais détailler un peu ici :
- des Éothraim menés par le chanteur et joueur de luth bagarreur, du nom d'Ulfúr
- des cavaliers d'origine diverse menés par une femme aux cheveux noirs nommée Léora
- des guerrières éothraim à l'air sérieux et efficace, appelées les "Castratrices d'Aldlida"
- les "Hacheurs de Corman", calmes mais moins bien équipés que les groupes précédents
- les "Archers d'Acton", compagnie d'archers originaires du Cardolan d'après l'un de mes compagnons

Nous fûmes accueillis par l'intendante, du nom de Jayelle. Elle nous remit un nouveau jeton en bois sur lequel était inscrit un nom qui serait celui de notre groupe, "gémique". Un autre jeton en cuivre avec cheval bondissant nous fut remis, qui servirait à prouver aux gardes nordiques que nous étions au service de leur seigneur et non des bandits. L'intendante s'adressa à toutes et tous pour détailler la nature de la mission qui était proposée : devant l'effort de guerre, Taurgil et ses armées n'étaient pas disponibles pour faire la chasse aux bandits et assassins. Ce dont profitaient certains autour d'un fort récemment pris à l'ennemi, le fort Grim, dans le centre-est du Rhudaur. À charge aux mercenaires acceptant la mission, et pour laquelle ils seraient payés, d'aller nettoyer la région.

3 - Des mercenaires suspects
Avant d'aller confirmer notre participation auprès de l'intendante, je surpris des mots agressifs prononcés par Ulfúr, ce musicien et chef de mercenaires éothraim. Selon lui, les coupables étaient les Hommes des Collines et il tenait à leur régler leur compte. J'en fis part à Lotheryn, Burzum et Zarin, ce qui fut aussi entendu par Saoirse, comme la suite le montrera. Toujours est-il qu'après avoir accepté la mission, l'intendante fut questionnée sur le matériel qu'il était possible d'acquérir. Ainsi, Saoirse et Zarin allèrent-ils à l'armurerie pour se faire équiper à crédit, tandis que Burzum profitait de l'herboristerie pour diverses préparations d'herbes qu'il avait ramassées.

La plupart des compagnies partirent au galop, vu la distance entre Minas Brethil et fort Grim. Mais pas nous, faute de monture ou de compétence en équitation parmi les membres du groupe. De plus, le groupe d'Ulfúr ne semblait pas pressé non plus. Le chef et ses mercenaires prenaient leur temps, tandis que l'intendante nous proposait plusieurs solutions pour aller plus vite remplir notre mission au loin. Mais mes compagnons et moi-même n'étions pas emballés à l'idée de risquer de perdre des chevaux que nous ne savions pas monter, et de se retrouver endettés. L'acquisition d'un chariot fut envisagée, mais il n'était pas bien plus rapide que la marche à pied, juste moins fatigant. Et l'intendante insistait pour mettre l'ourse en cage, ce qui ne risquait pas de plaire à Beran ou à son ourse.

Au retour de Saoirse, nous n'avions pas décidé quoi faire, et Burzum n'était toujours pas là. En l'attendant, Saoirse, manifestement très curieuse et pleine de ressources, changea en un tournemain d'apparence et se dirigea vers le groupe d'Ulfúr. La langue bien pendue, elle sembla arriver à s'intégrer à leur groupe et à discuter de manière amicale avec eux. Elle nous rapporterait plus tard ses propos avec le chef bavard et vantard, qui apparemment était un ménestrel vivant autrefois dans une cour de quelque royaume, ménestrel forcé de fuir après avoir tué un autre artiste qui lui aurait volé une chanson. Mais selon Saoirse, ses paroles laissaient songer qu'il y avait une autre vérité derrière ces paroles. En tout cas, le côté raciste et agressif du chef et de son groupe ne faisait aucun doute.

Cela ne me surprenait aucunement de la part des humains, mais Saoirse et moi commencions à nous poser des questions : et si Ulfúr était plus qu'un imbécile, peut-être aussi un mouchard, espion voire mercenaire à la solde d'autres bandits voire d'Angmar ? Peut-être que la lutte contre les bandits pouvait commencer ici même... Nous envisageâmes de fouiller leurs affaires ou de tirer les vers du nez à leur chef, et divers stratagèmes nous vinrent à l'esprit. Il semblait que les mercenaires logeaient à l'auberge de Sepa, dans le camp éothraim, et qu'ils y resteraient pour la nuit. Peut-être Zarin pourrait-il faire un concours de bras de fer, qu'il ferait durer, voire perdrait... Concours dont le prix serait un tonneau d'alcool nain qu'il avait encore, et dans lequel le hobbit pouvait préparer des herbes qui aideraient à délier les langues... Le temps pour moi de faire une fouille des affaires d'Ulfúr.

4 - Bras de fer et fouille
Nous avions installé notre campement à l'extérieur du camp éothraim. Ainsi nous pouvions tranquillement faire part de nos projets à Beran, puis de Burzum lorsqu'il revint de l'herboristerie. Zarin fut difficile à convaincre, car il tenait à son alcool manifestement de forte valeur. Je lui proposai de prendre ma part de butin la prochaine fois que nous aurions un butin à partager entre nous, sans pouvoir dire ce que ce serait. Au bout du compte l'idée lui plut et il accepta de fournir l'alcool pour ce projet. Le hobbit accepta de préparer des herbes psychotropes qui renforceraient les effets de l'alcool, et mon amie Lotheryn proposa de fournir quelques pièces nécessaires à se faire accepter à l'auberge sans éveiller trop de soupçons.

Et ainsi fut-il fait : Burzum était fatigué et resterait dormir, et Beran ne voulait pas quitter Bélina. La soirée était déjà avancée, et nous fûmes quatre aventuriers à aller à l'auberge. Saoirse était avec Zarin, la première la langue toujours bien pendue et le second aux muscles impressionnants. Lotheryn et moi entrâmes peu après, à distance, en observant les Éothraim avec qui nos deux compagnons échangeaient. Manifestement, même si Ulfúr était plus intéressé par la servante à ses côtés que par un bras de fer, l'idée faisait son chemin parmi ses hommes et lui. J'en profitai pour monter aux chambres, et même si Ulfúr me repéra, il sembla m'oublier vite. Lotheryn ferait le guet depuis la salle principale si quelque chose arrivait. Dans le pire des cas, Zarin avait consigne de déclencher une bagarre pour me donner un peu de temps.

Je trouvai sans mal la chambre du chef grâce aux indications que Saoirse lui avait soutirées. En Imladris on m'avait appris à crocheter des serrures, ce qui pouvait s'avérer utile pour aller espionner les gens d'Angmar. Si j'avais très peu de pratique, je fus tout de même heureux de constater que la serrure ne me posa aucun problème. Je rentrai vite et discrètement dans la chambre et entrepris de tout fouiller, tout en me ménageant une issue de secours possible grâce à la fenêtre que j'ouvris en grand, tant pour la fuite éventuelle que pour davantage de lumière. Ma fouille fut rapide et efficace, et je trouvai, soigneusement cachées, cinq pièces d'or dans les affaires du chef. Une bien grande somme pour un petit chef de mercenaires vantard, bagarreur et sans doute menteur. Mais rien d'autre pour incriminer Ulfúr, aucun contact manifeste avec d'éventuels bandits ou autres personnes louches.

Je redescendis discrètement peu après, surprenant Lotheryn, après avoir tout remis en ordre à la suite de mon passage, serrure verrouillée comprise. Puis mon amie et moi sortîmes de l'auberge pour rejoindre notre campement au milieu des bois. Plus tard, nous serions rejoints par Saoirse et Zarin, un peu éméché, et échangeâmes sur ce que les autres avaient appris et fait. Manifestement, Ulfúr n'était pas un agent double ou bandit caché, même si c'était bien une canaille. Il avait ainsi tué l'autre ménestrel par jalousie, d'où sa fuite et son changement de métier. De plus, il comptait laisser les autres mercenaires faire le sale boulot et récolter les lauriers avant les autres. Les cinq pièces d'or mirent une lumière dans les yeux de Zarin, qui se dit qu'il avait fait une bonne affaire en perdant son alcool. Il empocha deux pièces, et les trois autres allèrent à Burzum, Lotheryn et Saoirse.

5 - Embuscade et blessure mortelle
Le lendemain, nous partîmes vers le nord et l'est, à pied. Beran partit avant tout le monde mais il fut vite arrêté à cause de Bélina. Heureusement, il arriva si bien à montrer ses talents de dresseur que la patrouille rencontrée le laissa repartir, et avec un peu d'argent en prime ! Ce qui nous permit de le rattraper, d'autant qu'il dut parfois s'éloigner de la route avec Bélina pour éviter les patrouilles. L'idée était de rejoindre la route principale vers le centre du Rhudaur, où peut-être trouverions-nous des caravanes pour faciliter notre voyage, estimé à une semaine. Et nous continuâmes en direction de notre objectif, fort Grim.

Mais le destin en décida autrement. Alors que nous longions une forêt broussailleuse, nous fûmes alertés par un grognement de Bélina que nous n'étions pas seuls : des bandits avaient tendu une embuscade, et nous étions tombé dedans sans sourciller ! Heureusement l'ourse nous permit de réagir juste avant l'envol d'une demi-douzaine de flèches. Burzum fit le mort, même s'il n'était pas visé, et Saoirse, Lotheryn et moi-même fîmes de beaux et efficaces plongeons pour esquiver le trait qui nous était destiné. Zarin, Beran et l'ourse écopèrent de blessures minimes et vite oubliées qui allaient vite avoir de fâcheuses conséquences pour nos attaquants.

Ces derniers étaient au nombre de neuf : six archers et trois guerriers supplémentaires, dont le probable chef. Tandis que Zarin fonçait sur le plus proche et lui faisait sauter la tête, et que Bélina, furieuse, chargeait les bandits, Lotheryn utilisa ses pouvoirs elfiques pour charmer le chef au-delà de tout succès : ne reconnaissait-il pas sa meilleure amie ? Mais dans le même temps une flèche se ficha dans son ventre : mortellement blessée, elle arriva à peine à ne pas tomber inconscience et à rester debout, maintenant son emprise sur le chef. Ce dernier jeta ses armes en disant à ses hommes d'arrêter, hommes qui de toute manière étaient déjà en train de prendre la fuite ou de perdre la vie.

Au final, trois bandits furent tués et un bien assommé, quatre s'enfuirent, et le chef resta pour aider comme il pouvait. Lotheryn fut allongée et j'utilisai mes pouvoirs et compétences de soins, ainsi que la trousse de soins que j'avais remise à mon amie, pour enlever la flèche, stabiliser la blessure et la soigner du mieux possible. Dans le même temps, elle continuait à parler au chef et à lui soutirer tous les renseignements nécessaires pour aller jusqu'au campement des bandits, en fait des déserteurs de l'armée de Taurgil. Un petit camp fut installé à l'ombre des arbres, caché, dans lequel Burzum et moi-même veillerions sur mon amie. Le chef des déserteurs fut attaché et mené en otage jusqu'à leur campement par le reste de mes compagnons.

Ils revinrent peu après avec sept chevaux, de l'argent et du matériel (tentes, provisions...) pris aux bandits. Burzum partit chercher des herbes médicinales qu'il prépara ensuite pour accélérer encore plus la guérison de Lotheryn, que ma magie aidait déjà beaucoup. Néanmoins il lui faudrait encore plusieurs jours avant de pouvoir faire plus que quelques pas, ou voyager autrement que dans un brancard. Monter sur les chevaux ne disait pas à grand monde, et garder Lotheryn en selle n'était pas compatible avec sa guérison. Nous n'avions le choix qu'entre rester quelques jours sur place jusqu'à ce qu'elle fût d'attaque, ou faire un brancard où elle serait installée, brancard devant être porté avec mille précautions sur plus d'une centaine de miles... ou le temps qu'elle guérirait.


Et voici, une nouvelle fois, la fin provisoire de mon récit. Merci de m'avoir écouté et encouragé, je l'espère avec tout votre intérêt et votre attention. D'autres péripéties seront certainement à venir que j'aurai la joie de vous conter encore, si vous le voulez bien. Allons-nous enfin arriver à bon port, et que nous aurons laissé les autres groupes de mercenaires quant à la mission à accomplir ? À présent que c'est moi qui devais veiller sur elle, que devait penser Lotheryn de son engagement à veiller sur moi ? En tout cas, je commençais à mieux comprendre les mots d'Elrond et son désir de me pousser à me mêler aux humains pour me rendre utile et retrouver un certain équilibre...
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 4e partie

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Serviteurs de la Dernière Maison Simple ou anciens forgerons d'Eregion qui avez suivi maître Elrond, rôdeurs des royaumes du nord ou elfes qui combattez les orcs des Monts Brumeux, je veux à présent vous conter la suite de mes aventures chez les humains. Comme le fils d'Eärendil le Marin me l'avait prédit, il me faut admettre que je me suis étonné moi-même, sans parler de mon amie Lotheryn, dans ma capacité à échanger avec ces mortels pour lesquels j'éprouve bien du ressentiment. Néanmoins, force est de constater que l'on s'habitue à tout pourvu qu'on y consacre assez de temps et d'énergie. Au cours de ce quatrième récit, vous verrez que j'ai parfois pu surmonter mes sentiments non seulement vis-à-vis de ceux que je côtoyais depuis un moment, mais également certains mortels rencontrés au hasard de nos pérégrinations, mortels qu'autrefois je n'aurais même pas supporté d'écouter. Mais laissez-moi vous donner les détails de ces moments qui m'étonnèrent mais me coûtèrent aussi beaucoup...

1 - Guérison et équipement
Au cours du débat concernant nos options concernant la blessure grave subie par mon amie, j'insistai sur un point : même si la guérison de Lotheryn était fortement accélérée par ma magie ou les herbes de Burzum, la déplacer dans son état, c'était prendre des risques qui pouvaient lui être fatals. À tout le moins, et cela fut accepté, elle pouvait rester sur place jusqu'au lendemain matin. Restait deux options possibles, en plus de tous rester ici jusqu'à la fin de sa guérison : aller chercher de l'aide à une place-forte (et village attenant) non loin d'ici, ou embarquer une partie des chevaux et du matériel pris aux bandits et retourner à Minas Brethil, juste distant de six heures de marche, pour les échanger contre un chariot à même de pouvoir transporter notre amie blessée sans mettre sa vie en péril. Beran avait en effet quelque compétence en conduite d'attelage, et la route n'était pas trop mauvaise. En fin de compte, c'est ce qui fut décidé.

Le hobbit et moi-même restâmes donc à soigner notre amie, aux côtés des deux bandits attachés à un arbre : le chef et le bandit assommé pendant notre combat contre eux. Les autres s'en allèrent vers le sud, à cheval (une première pour beaucoup), et le temps s'étira. Lotheryn se reposait tranquillement, Burzum s'était éloigné pour faire des préparations alchimiques au milieu des arbres, caché, et je n'adressai mot aux bandits, qui faisaient de même. En soirée, tandis que la nuit tombait, je fus alerté par les bruits d'une troupe de cavaliers : des rôdeurs du seigneur Melossë arrivaient, sans doute prévenus par le reste de mes compagnons. Je descendis de mon arbre et les menai sans mot dire jusqu'au camp, malgré leurs demandes. Mais ils n'osèrent brusquer l'elfe que j'étais, je pense. Une fois arrivés en présence de mon amie blessée, elle put leur narrer ce qui nous était arrivé et confirmer qu'ils avaient atteint leur objectif.

Ils prirent en charge les deux bandits et déserteurs de l'armée de Taurgil Melossë, qui faisaient une mine sombre : leurs actions leur vaudraient sûrement la peine capitale ; en temps de guerre (voire en tout temps) les humains avaient une justice pratique et expéditive... Un rôdeur examina la blessure de mon amie et déclara qu'il ne pouvait faire mieux que ce qui avait déjà été fait. Puis la troupe s'éloigna en direction de Minas Brethil, nous laissant seuls pour la nuit, ce qui m'allait parfaitement. Au cours du matin suivant, nos quatre compagnons arrivèrent avec trois chevaux de moins et un chariot bâché équipé de nombreuses couvertures pour rendre le trajet plus confortable pour Lotheryn. Quelques nouvelles furent échangées, puis Fleur des Bois fut soigneusement installée dans le chariot, avec le reste de la troupe. Et nous fûmes partis, l'ourse Bélina trottant à nos côtés, à une petite distance pour ne pas effrayer les chevaux.

Le voyage se passa bien, Beran prenait bien soin de ne pas aller vite pour rendre le confort optimal pour l'elfe blessée. En fin de journée, la Route de l'Est fut rejointe, ce qui permit d'aller plus vite et plus confortablement encore, vu qu'elle était pavée. Après une nuit sans incident au cours de laquelle le nain Zarin et moi-même montâmes la garde à tour de rôle, le route fut reprise jusqu'à Barad Calen ("Fort Vert", en ouistrain) en milieu de matinée. Sur d'anciennes ruines, les armées de Taurgil avaient commencé à construire une nouvelle forteresse. Un donjon était en construction, entouré de remparts en triangle, avec un camp/village de nordiques éothraim à proximité. C'est là où nous arrivâmes et où les gardes nous arrêtèrent, inquiétés par la présence de la grande ourse à nos côtés ailleurs que dans une cage.

2 - Échanges et combat
C'est alors que quelque chose monta en moi qui me poussa à faire quelque chose que j'aurais cru impossible auparavant. Sans autre motivation que de faire ce que je pensais être juste, j'affrontai les gardes, sans agressivité mais avec fermeté, et leur dis que l'ourse était parfaitement sous contrôle. Mettaient-ils la parole d'un elfe en doute ? Très inspiré, j'arrivai à dire cela sans laisser paraître aucun désarroi ou émotion négative, ce qui était un exploit - et une première - pour moi. Et les gardes, décontenancés et intimidés par ma présence, n'osèrent aller contre ma volonté. Ils acceptèrent de laisser Bélina hors de toute cage, mais expliquèrent qu'elle ne pouvait rentrer dans le camp, au risque de perturber les animaux, dont de nombreux chevaux. Le chariot fut donc installé non loin, dans la nature, et Lotheryn et moi-même restâmes avec l'ourse tandis que nos compagnons entraient dans le camp nordique.

Plus tard, lorsqu'ils nous rejoignirent avant de repartir le lendemain, ils nous mirent au courant de ce qu'ils avaient glané dans le camp. Zarin avait commencé par essayer de vendre ou échanger quelques tentes prises aux bandits qui nous avaient attaqués, tandis que Saoirse se maquillait pour mieux se fondre à la foule bigarrée composée d'Hommes des Collines, de Dunéens et de nordiques (Éothraim surtout). À l'auberge du village, elle eut beaucoup de succès en racontant une histoire enjolivée de notre rencontre avec Taurgil Melossë, ce qui valut de nombreuses pintes gratuites pour elle et les autres membres du groupe. Les potins du coin furent évoqués, comme la bonne entente entre tous malgré le racisme bien présent, entente fermement maintenue par la cheffe des Éothraim de Barad Calen, une femme du nom de Bronwyn. Cette capitaine avait une excellente réputation, malgré des sautes d'humeur sporadiques : elle était célibataire et très recherchée, mais ceux qui flirtaient avec elle le faisaient à leurs dépens : amoureuse éconduite d'un autre homme, elle avait peu de patience pour ceux venus lui conter fleurette...

De nombreux échanges tournaient aussi autour de la guerre, bien sûr. Angmar semblait en difficulté, les armées de Taurgil progressaient, mais aussi une troisième force maléfique et semblait-il indépendante d'Angmar, comportant notamment vampires et loups-garous. Le nom de cette force était Baugroniônthuringwath, mot dont la seconde partie signifie "ombre secrète" en langue elfique. Autour de fort Grim, notre destination, de nombreux problèmes étaient évoqués concernant la situation d'éleveurs qui s'étaient installés là. Les Éothraim accusaient les Hommes des Collines, et manifestement le chef du fort n'avait pas l'ouverture d'esprit de Bronwyn. Sinon, de terribles histoires étaient échangées concernant des bois maudits (Yfelwood), au nord, près desquels nous étions censés passer pour aller à Dol Cultirith, sur le chemin de fort Grim.

Ces histoires convainquirent mes compagnons de passer par l'est plutôt que par le nord à partir de Barad Calen. La route ne serait pas beaucoup plus longue, et meilleure au début. Quoi qu'il en soit, le lendemain nous fûmes tous prêts, la santé de Lotheryn s'améliorait visiblement, elle serait vite guérie. La Route de l'Est fut reprise sans autre incident de toute la journée. Mon amie était complètement guérie lorsque nous fîmes le camp à faible distance de la route, sur un site dégagé, afin de pouvoir voir arriver d'éventuels agresseurs. En effet, nous étions en bordure des Pinnath Tereg, les "Fourrés aux Trolls", il convenait de rester prudent... Et la santé retrouvée de Lotheryn lui servit bien, puisque, pendant son tour de garde, deux jeunes trolls nous chargèrent en hurlant.

S'ils ne furent pas repérés de loin, leurs cris nous réveillèrent tous, me permettant de m'éloigner discrètement et de bander mon arc. De toute manière, le combat fut vite expédié : Beran demanda à Bélina de protéger Lotheryn vers laquelle les deux monstres se dirigeaient au début. L'ourse fit éclater la tête d'un troll, et ma flèche dans sa tête étourdit le second. Celle de Fleur des Bois, également en plein tête, le fit tomber, et Zarin n'eut plus qu'à achever la bête. Zarin et Beran, avec l'aide de Bélina, écartèrent les cadavres un peu plus loin et le reste de la nuit se passa sans incident. Le lendemain, la route fut reprise et nous arrivâmes bientôt au gué sur la Bruinen. Sans franchir la rivière, nous prîmes une piste vers le nord. Elle s'avéra un peu difficile pour les talents de conducteur de Beran, mais avec l'aide des uns et des autres et malgré quelques difficultés, nous poursuivîmes vers le nord. Il valait mieux marcher à côté du chariot pour l'alléger, j'inspectais le chemin au-devant de l'attelage pour aider Beran, et une nouvelle journée passa ainsi.

3 - Problèmes et vent mauvais
Tandis que nous montions un camp, Burzum partit aux alentours en bon connaisseur d'herbes utiles qu'il était. Il revint bientôt avec de l'athelas, à la fragrance si apaisante, et la nuit fut là. Tandis que Lotheryn montait la garde, elle distingua au loin les voix chantantes d'elfes d'Imladris. Accompagnée par Zarin, elle alla à leur rencontre et les aborda. Comme elle nous le rapporta plus tard, ils ne tenaient pas trop à interrompre leur marche. Néanmoins, ils donnèrent quelques nouvelles sur les problèmes rencontrés par les éleveurs plus au nord et à l'est, des attaques notamment, imputées aux Hommes des Collines par les Éothraim du coin. Au petit matin nous fûmes repartis, jusqu'à un sentier vers l'est qui menait aux éleveurs précédemment mentionnés, et les probables problèmes pour lesquels nous avions été envoyés.

Le fort Grim n'était plus très loin, une demi-journée de voyage tout au plus. Mais y avait-il besoin vraiment d'aller là-bas, alors que les ennuis à régler étaient manifestement ici ? Après débat, nous décidâmes de continuer jusqu'à une tour de guet proche pour obtenir quelques renseignements, avant de poursuivre vers l'est. Les Éothraim qui l'occupaient ne firent que confirmer ce que nous savions déjà, en rajoutant une épaisse couche de racisme par-dessus : selon eux, les coupables ne pouvaient être que les Hommes des Collines, dont l'élimination réglerait tous les problèmes. Je ne dis rien mais ne manquai pas de penser qu'avec de tels raisonnements, voir partir tous les humains de la Terre du Milieu, comme j'en rêvais souvent, règlerait sûrement bien des problèmes... Ils parlèrent aussi de divers groupes de mercenaires qui étaient passés avant nous, quelques jours auparavant.

Nous nous dirigeâmes donc vers l'est, sur un sentier manifestement pas très utilisé dernièrement. Après avoir passé un petit cours d'eau à gué, nous longeâmes une petite forêt, ou plutôt ce qu'il en restait : malgré la saison (le plein été), les bois semblaient sans vie, les feuilles mortes comme si c'était l'hiver, avec très peu de vie animale. Saoirse appela magiquement à elle un corbeau qui lui confirma la chose : dans son parler magiquement perçu par notre compagne, il parla de l'arrivée d'une ombre un an auparavant, et de diverses créatures mauvaises attirées ici mais non originaires de la forêt. Faute de nourriture, les oiseaux allaient bientôt quitter les lieux. Nous dressâmes le camp à proximité de la forêt, non sans une rapide inspection des abords auparavant, mais sans rien repérer.

Pendant la nuit, une meute de loups fut repérée. Je réveillai tout le monde mais ils n'étaient pas agressifs, c'étaient des loups normaux. Néanmoins, leur chef fut magiquement appelé par Saoirse, chef qui confirma le récit des oiseaux voire le précisa : il existait depuis peu une forte odeur inconnue liée à une grosse créature impliquée dans les attaques à l'est. Après le départ des loups, le reste de la nuit se passa sans incident. Au matin, nous reprîmes le sentier vers l'est. Peu après avoir quitté la forêt, un domaine d'élevage apparut sur notre gauche, vide et comme dénué de vie. Les bâtiments que nous approchâmes ne comportaient aucun humain ou animal visible, et les cris d'appel de Beran ne rencontrèrent aucun écho : les éleveurs éothraim censés vivre ici étaient tous morts ou partis.

4 - Recherches et rencontre
Une fouille des lieux n'apporta aucun renseignement sur les propriétaires des lieux et leur destin. En revanche, un mur entier du bâtiment principal du domaine, une longère nordique, était manquant, comme arraché. Un anneau métallique accroché au mur, probablement pour attacher les chevaux à l'extérieur, avait semble-t-il été tiré par une grande force, ce qui avait fait tomber le mur. Par ailleurs, je repérai des traces vieilles de quelques jours tout au plus, trois séries en fait : trois groupes de cavaliers étaient passés par là, qui devaient correspondre à trois bandes de mercenaires qui nous avaient précédés. Une série de traces partaient vers le nord, les deux autres vers l'est. Un corbeau appelé par Saoirse n'apporta aucun renseignement nouveau.

Après discussion, et afin de ne rien laisser au hasard, nous entreprîmes de fouiller la forêt plus à l'ouest pendant le reste de la journée, après avoir laissé le chariot et les chevaux dans une dépendance. Rien ne fut trouvé de notable, sauf un constat : comme nous avions déjà commencé à le remarquer, plus on allait vers l'est, plus la vie était absente et la mort omniprésente. Comme si le vent d'est, anormalement entêtant, n'apportait que mort et dessèchement. Par ailleurs, nous trouvâmes quand même un arbre arraché du sol et brisé par un rocher depuis un moment, puisque de la végétation avait eu le temps de pousser dessus. Une créature très forte et immense, un géant peut-être, avait dû passer par là. Mais c'était il y avait tellement de temps, un an au moins, que les traces avaient été effacées.

Il nous faudrait tôt ou tard aller vers l'est, mais nous étions plusieurs à nous demander pourquoi certains mercenaires avaient poussé leur groupe au nord, et c'est la direction qui fut prise le lendemain. Mais nous n'eûmes pas à aller bien loin, car avant la fin de la matinée, nous vîmes venir à nous une dizaine de cavalières, les Castratrices d'Aldlida. C'étaient manifestement de bonnes combattantes éothraim, assez agressives avec cela ; mais après quelques échanges, il devint assez vite apparent qu'elles manquaient d'éclaireuses compétentes. En tout cas, elles étaient allées vers le nord et n'avaient rien rencontré de remarquable, chevauchant après des fausses pistes et des mirages vite évanouis. Si bien qu'elles semblaient plutôt stressées et agressives... comme sans doute la plupart des troupes de guerre humaines, me dis-je en mon for.

Mais là encore je me surpris : m'adressant directement à Aldlida, je lui rapportai les informations que nous avions recueillies, et lui fis une proposition. Une terrible créature semblait rôder dans les environs, à en juger par certaines traces ou ce que les loups avaient rapporté. Ne serait-il pas plus sage de joindre nos forces ? Si je ne fus pas aussi inspiré qu'à Barad Calen, je fus néanmoins écouté. Devant l'échec de ma proposition, j'insistai en usant de mes dons elfiques pour convaincre davantage. Cela ne suffit pas pour la plupart des Castratrices... mais je réussis à charmer Aldlida, qui dit à ses consœurs que c'était une bonne idée, et que nous allions faire route ensemble. Dire qu'elles étaient stupéfaites étaient un euphémisme, mais mes compagnons également, Lotheryn la première !

Les Castratrices réagirent avec aigreur à cet ordre, mais elles se reprirent en proposant un contrat : elles prendraient 70 % des bénéfices si nous restions ensemble. Je n'avais que faire de l'argent, mais Zarin ne le voyait pas de la même manière. Nous discutâmes un moment et cela fut accepté. Restait un dernier détail : pour nous accepter complètement, elles tenaient à retourner au plus vite au domaine... avec nous en croupe, pour ne pas les ralentir. Or, à part Beran, personne n'avait jamais monté. Mais c'est ce que nous fîmes, et Aldlida m'invita avec plaisir sur son cheval. Puis nous partîmes au galop, et tous arrivèrent à rester sur le dos du cheval, sans tomber. Cette première leçon d'équitation, pour moi, s'arrêta bientôt lorsque nous arrivâmes au domaine déserté où nous avions laissé chevaux et chariot.


Mon récit se termine une nouvelle fois, mais l'aventure continue et j'aurai plaisir à reprendre la parole pour vous conter la suite. Quelle était la source de ce vent mauvais venu de l'est, qu'allions-nous trouver au prochain domaine d'élevage, qu'étaient devenus les précédents mercenaires et les humains du premier domaine, ainsi que leurs animaux ? Allais-je continuer à me rapprocher des humains, malgré toute la difficulté que j'en éprouvais ? Car on ne peut pas dire que c'était une agréable habitude, même si je devais reconnaître qu'il m'était de plus en plus facile de m'adresser à mes compagnons de fortune. Déjà au moins dix jours que nous partagions cet objectif, cette aventure en commun...
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 5e partie

Message non lu par Niemal »

Vous qui me connaissez ou vous les inconnus que je n'ai jamais croisés, vous qui partagez la vie des habitants de la Dernière Maison Simple ou vous qui ne faites qu'y passer : cette nuit, je voudrais poursuivre le récit de mes aventures parmi les humains, aux côtés de divers membres des peuples libres qui étaient devenus mes compagnons. Accompagné d'un hobbit (Burzum), d'un nain (Zarin), d'une elfe de la Forêt Sombre (Lotheryn), d'une mystérieuse humaine (Saoirse), et d'un Béornide (Beran) accompagné de son amie ourse (Bélina), je m'approchai de la source du mal qui sévissait au nord d'Imladris, tuant hommes et chevaux. Preuve que les humains ne sont peut-être pas aussi irrécupérables que je le pensais à l'origine, nous arrivions à travailler ensemble, et nous avions même des alliées, cavalières mercenaires du peuple des Éothraim. Que de gens que je n'aurais pas pu supporter de côtoyer quelques jours auparavant... d'autant que leurs manières m'indisposaient régulièrement. Et je n'étais pas au bout de mes surprises. Mais reprenons où je m'étais arrêté la dernière fois.

1 - Nouvelles déprédations
Nos chevaux et le chariot étaient toujours là, sur le domaine privé de ses occupants, mais la question se posait de la manière de voyager. Pour ma part je comptais suivre les traces des précédents groupes de cavaliers et les lire du mieux possible, donc je resterais à pied. Mais certains de mes compagnons auraient voulu profiter des chevaux des guerrières menées par Aldlida... et des compétences de ces dernières. En effet, ils avaient pu juger de la différence de mobilité entre elles et nous, notamment notre difficulté à faire avancer notre chariot. Aldlida, qui par ailleurs semblait ne plus être influencée par ma magie, réagit vertement, peut-être aussi en réaction à l'influence que j'avais eue sur elle et qu'elle digérait mal. D'après elle, servir de transport n'avait jamais fait partie du contrat : à nous de pister et d'amener tout le monde au bon endroit, à elles de combattre... et d'empocher 70 % de la récompense. Elles nous avaient amenés là en croupe pour gagner du temps, mais à présent que la vitesse était limitée, à nous de nous débrouiller !

Ce qui m'allait très bien, et je me mis bientôt à suivre les traces, suivi par mon amie Lotheryn à qui je racontais ce que les traces me disaient. Au bout du compte, les deux équipes suivirent : les unes montées sur leurs chevaux, tandis que Beran conduisait le chariot de manière très correcte. Burzum restait dedans, les autres marchaient au côté, Bélina comprise, à une petite distance des chevaux des Castratrices pour ne pas les affoler. Après un moment, les traces continuaient vers l'est voire le nord-est, mais d'autres traces les rejoignaient venant du sud, où se trouvait le deuxième domaine d'élevage. Des traces de gros bipède peut-être de la taille d'un troll ou d'un géant, et qui traînait quelque chose de très lourd. Les traces avaient plusieurs jours, et il ne m'était pas possible de donner l'ordre de passage des cavaliers ou du monstre d'après elles. Nous décidâmes d'aller inspecter le domaine, où plutôt ce qu'il en restait.

La situation était à peu près la même que pour le premier domaine que nous avions visité, avec quelques corps en plus. Nous eûmes même la surprise de découvrir quelqu'un encore vivant, malgré la faim, la soif et la perte de sang : il avait été gravement blessé et n'avait pu se soigner correctement. Lotheryn fit son possible pour essayer de lui sauver la vie, mais nous savions qu'il était trop mal en point pour survivre. Pourtant, à notre grand étonnement, ces soins magiques l'éveillèrent un bref moment, pendant lequel il évoqua l'arrivée de la créature venue des montagnes, pendant la nuit, le combat impossible... La créature avait des yeux terribles et une peau dure comme l'acier, il était question du vent... Puis l'homme retomba dans un coma dont il ne sortirait sans doute jamais. Néanmoins, nous l'installâmes dans le chariot et poursuivîmes notre route, après avoir vérifié qu'il n'y avait rien d'autre d'intéressant sur place pour nous.

Après une demi-journée de voyage sans incident, il fut temps de se reposer et monter un camp. La nuit se déroula sans mal, avec une garde triple composée de deux guerrières d'un côté, et un membre de notre groupe de l'autre. L'habitude avait été prise de faire commencer Lotheryn, pendant que je me reposais, puis c'était mon tour. Plus tard je serais rejoint par Zarin et mon amie Fleur des Bois. Le lendemain la route fut reprise, sans plus de nouveauté qu'après la visite du second domaine. Le terrain devenait plus accidenté, avec des buttes et coteaux qui parsemaient le paysage, annonciateurs des contreforts des Monts Brumeux. En fin de journée, la piste menait à travers des bois et se terminait au pied d'une butte dans laquelle avait été creusée l'entrée d'un souterrain, comme l'attestaient les piliers et l'arche qui composaient l'ouvrage. Sur la droite en arrivant, un petit campement attestait d'une présence humaine récente.

2 - Hommes des Collines et discussion
Sans surprise, le vent de la mort que nous avions suivi, et qui semblait dessécher toute vie voire même parler parfois, émanait de l'ouverture de la caverne. De même, le sol de l'entrée de la caverne était couvert d'ossements, manifestement provenant de chevaux. Le campement ressemblait à mes sens à celui d'Hommes des Collines, et les traces indiquaient qu'il avait été évacué il y avait très peu de temps... Vu notre groupe peu discret, il était facile de deviner que nous avions dérangé, et d'ailleurs Burzum, au nez très fin, sentit une odeur humaine sur la gauche, tandis que pour ma part j'arrivai à distinguer des archers cachés dans les buissons desséchés non loin. Je me jetai à terre en prévenant mes compagnons, qui pour la plupart se protégèrent et sortirent leurs armes. Les hommes cachés parlaient entre eux en Blarm, la langue des Hommes des Collines, mais bientôt l'un d'eux nous interpella en ouistrain, demandant à parlementer.

Après un moment, les armes furent rangées et le contact fut établi pacifiquement. Il s'agissait bien d'Hommes des Collines, au nombre de six, dont trois archers, bientôt rejoints par leur chef, du nom d'Imar. Il s'était caché à un autre endroit, et plus efficacement, mais il se montra lorsqu'il jugea que nous n'étions pas une menace. Nous avions tous le même objectif, à savoir : éliminer la créature monstrueuse qui rôdait dans les environs et qui manifestement demeurait au fond de la caverne. Saoirse faisait preuve de diplomatie, informant nos alliés de ce que nous avions appris sur le monstre. Eux nous rapportèrent les villages qu'elle avait attaqués, laissant plusieurs morts derrière elle. Ils l'avaient traquée pendant un mois, jusqu'ici, lieu qu'ils appelaient dans leur langue "ravine maudite" ; et ils attendaient là depuis deux jours. Il semblait qu'elle ne sortait que de nuit et qu'elle raffolait de la chair des chevaux, mais depuis qu'ils campaient près de l'ouverture elle n'avait pas montré le bout de son nez. Mais avec nos nombreux chevaux et la nuit qui tombait, cela risquait de vite arriver...

Ce qui entraîna un sentiment d'urgence et une discussion qui donna lieu à plusieurs scénarios envisagés :
- éloigner les chevaux à bonne distance, se reposer pour la nuit et laisser une garde près de l'entrée
- faire une embuscade nocturne immédiate, à l'aide d'un ou deux chevaux utilisés comme appât, et attaquer le monstre à sa sortie, tous ensemble
- de jour, quand la créature pourrait être endormie, aller explorer la caverne et la tuer
- attirer la créature dehors grâce aux chevaux montés par les Castratrices, afin de l'emmener loin de la caverne et de pouvoir l'explorer plus tranquillement

En fin de compte c'est la première solution qui fut choisie. Lotheryn ressentait de la magie à l'intérieur, et Bélina n'aimait pas du tout l'odeur du vent qui sortait de la caverne, cela l'inquiétait et donnait une bonne indication du danger posé par la créature. Les Hommes des Collines tenaient à rester pour surveiller. Après avoir masqué les traces et l'odeur des chevaux, nous nous éloignâmes à une distance jugée suffisante pour ne pas attirer la créature, un millier de pas environ. La nuit se passa bien, et lorsque tous furent reposés, nous laissâmes deux guerrières garder chariot et chevaux et nous retournâmes à l'entrée de la caverne, où nos alliés attendaient toujours. Le monstre était sorti pendant la nuit, attirée par les traces restantes des chevaux, mais une voix portée par le vent lui avait dit de rebrousser chemin et de rester sous terre, à son manifeste déplaisir. Ils décrivirent la créature, plus grande qu'un troll mais moins qu'un géant, à l'air terrible, affamée...

3 - Exploration et poursuite
Et à présent, qu'allions-nous faire ? Nous avions convenu avant de nous quitter de tenter d'explorer les cavernes, de jour, à l'aide d'une équipe constituée de personnes très discrètes. Personne ne semblait qualifié chez les Castratrices. Je me proposai le premier, et Lotheryn ne voulut pas me laisser y aller sans elle. De toute manière, j'avais vu de quoi elle était capable et cela me convenait, même si je ne voulais pas qu'elle se mît en danger pour moi. Saoirse fut volontaire également, tandis que Burzum déclina l'offre de nous accompagner. Quand Zarin dit qu'il viendrait, je fus plus circonspect quant à ses capacités à être discret ; mais il insista en parlant de ses capacités au combat, que personne ne contestait. Et Imar, le chef des Hommes des Collines, compléta le groupe d'explorateurs. Nous serions donc cinq à nous jeter dans la gueule du loup, ou plutôt l'antre de la créature et de la personne qui la manipulait.

Les autres ne resteraient pas à rien faire et ils se tiendraient prêts à accueillir la créature si jamais elle nous poursuivait, voire à nous venir en aide si cela était possible. Et nous entrâmes dans les entrailles de la terre, le plus discrètement possible... ce qui souleva un premier problème : Zarin était nettement plus bruyant que tous les autres réunis, ce qui posait souci. Je lui demandai de se tenir loin en arrière, mais Saoirse coupa court à sa participation à elle : elle ne voulait pas prendre le risque d'entrer avec une personne qui allait nous faire repérer ainsi. Au final nous ne fûmes donc que quatre à pénétrer dans la caverne. Elle avait été creusée il y avait sans doute longtemps, et il y avait peut-être la patte des nains derrière cela, mais rien de sûr. Le boyau était large mais pas très haut, ce qui voulait dire que la créature, lorsqu'elle passait par là, devait se tenir à quatre pattes. Elle ne risquait donc pas de courir trop vite.

En nous éloignant, le besoin de lumière se fit sentir, aussi Lotheryn s'entoura-t-elle d'une aura magique propre à la race des elfes. Mon amie, les sens très affûtés ce jour-là, entendait distinctement des bruits au loin : la créature en train de manger, sans doute dans une grande caverne, et des pas d'hommes également. Et elle entendait clairement une voix magique dire à la créature que nous venions pour elle et qu'il fallait se préparer à nous combattre. Malgré cela, je décidai de poursuivre, avec Fleur des Bois derrière moi, tandis qu'Imar et Zarin suivaient loin derrière. Après peut-être trois cents pas, il semblait que la caverne où se trouvait la créature n'était plus qu'à deux cents pas devant nous. Mais le bruit porté par les souterrains indiqua que la créature se levait enfin, poussée par la voix qui lui disait que nous étions sur le point d'arriver. Le monstre se dirigeait vers nous, il était temps de fuir.

Il n'y avait plus de discrétion possible, et de toute manière la voix disait au monstre que nous fuyions et qu'il fallait accélérer. Zarin et Imar, plus près de la sortie, y arrivèrent vite. Pour ma part, je suis assez rapide, et je pus atteindre la sortie sans mal, suivi par Lotheryn qui fut elle aussi plus rapide que le monstre. Vite, nous nous préparâmes à une embuscade, les armes au poing, sauf pour quelques Castratrices qui se tenaient prêtes à attirer le monstre plus loin... ou à combattre. Mais avions-nous des armes capables de percer la peau du monstre ? Ou des combattants assez costauds pour blesser la créature sans y laisser eux-mêmes la vie ? Bélina était certes un formidable animal, mais je doutais que Beran saurait - ou même voudrait - lui faire combattre un ennemi manifestement plus dangereux qu'elle. Et Zarin, tout costaud qu'il était, n'avait qu'une armure de cuir pour le protéger, ce qui serait bien insuffisant pour le protéger des griffes du monstre. Et il n'était pas exclu de découvrir une ou deux petites surprises de la part du sorcier qui contrôlait la créature.


Je m'interromps une fois de plus avant de décrire le conflit qui n'allait pas manquer de suivre. Bien entendu, si je suis là à vous le conter bientôt, vous devez vous douter de son issue heureuse. Mais peut-être faut-il vous préparer à des surprises, de la souffrance voire des morts, car le monstre que nous nous apprêtions à éliminer paraissait vraiment terrible et digne de figurer dans certains de nos anciens récits des guerres contre Morgoth. Et nous n'avions toujours aucune idée sur l'origine de la magie qui avait appelé là la créature et la manipulait comme un petit enfant. Dans mon esprit, nul doute qu'il ne pouvait s'agir que d'un ancien serviteur de Morgoth ou d'un de ses lieutenants. Serviteurs parmi lesquels on trouvait de nombreux humains...
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 6e partie

Message non lu par Niemal »

À nouveau je sollicite votre attention et votre clémence, à vous toutes et tous qui m'écoutez. Ma prose est perfectible et j'espère qu'elle ne choquera pas trop vos oreilles habituées à tant de récits racontés avec bien davantage de talent, ici en Imladris. Merci pour vos encouragements à poursuivre le récit de mes tribulations parmi les humains et autres peuples libres, à essayer d'apprendre à mieux comprendre, apprécier voire même aider les mortels, comme mes parents et notamment ma mère le faisaient. En espérant ne pas, comme elle, en devenir la victime. Car malheureusement, comme vous allez vite le découvrir, c'est un sort qui me guettait et que mon inexpérience ou l'aide de mon amie Lotheryn ne me permirent pas d'éviter. Mais il me fallait bien assumer mes choix, et voici donc ceux que je fis et qui me valurent bien des peines et souffrances.


1 - Début de combat et fuite
Malgré la hauteur limitée de la grotte qui forçait la créature à avancer à quatre pattes, elle ne mit pas longtemps à atteindre la sortie du tunnel que nous avions évacué peu auparavant. Néanmoins, freinée par une voix magique qui la poussait à ne pas sortir en pleine lumière, la créature s'arrêta non loin de l'ouverture. Elle n'en était pas inoffensive pour autant, ce qui parut vite évident lorsqu'un membre du groupe repéra trois rochers de bonne taille qu'elle tenait dans ses mains. L'alerte fut donnée et tous s'écartèrent vivement les uns des autres et de l'entrée de la caverne... sauf Beran, dont la vivacité, tant de corps que d'esprit, est à l'inverse de la taille et la robustesse de son corps. Le monstre lança donc un rocher dans sa direction, rocher qu'il arriva à esquiver en partie, pour ne lui laisser que des égratignures. Nul doute que si le projectile m'avait touché de la même manière, la blessure n'aurait pas été la même.

Toujours la voix du sorcier poussait la créature à revenir et ne pas sortir, malgré son manifeste désir d'en découdre... ou était-ce juste son désir de nous manger, nous ou les chevaux des Castratrices ? En tout cas, la créature n'était pas si bête que cela, et son odorat bien développé. J'entendis clairement ses reniflements, et manifestement l'odeur des elfes ne lui plaisait guère : Lotheryn et moi étions plaqués contre la paroi rocheuse de la butte à la gauche de l'entrée du boyau souterrain, d'où sortit le bras du monstre, armé d'un autre rocher, avec la claire intention de le lancer, en aveugle, dans notre direction. Mon arc vibra mais ma flèche rebondit sur le cuir du monstre, tandis que la flèche de mon amie arrivait à percer le cuir de la bête, qui du coup laissa tomber son projectile sans le lancer. Peu après elle lança son dernier rocher en direction de nos compagnons ou alliés, mais sans succès.

La voix magique insistait toujours pour faire revenir la créature, qui commença à s'éloigner de l'entrée, poursuivie par les invectives de Zarin qui aurait voulu l'enrager et la pousser à revenir combattre. Mais cela ne fut pas le cas, et petit à petit mes compagnons et moi-même, à l'exception de Burzum, nous nous lançâmes - prudemment - à la poursuite du monstre dans le tunnel. Le nain avait son arbalète tandis que je me tenais non loin derrière lui avec une flèche encochée sur mon arc, à une vingtaine de pas de la créature qui continuait à reculer en nous faisant face. Chacun d'entre nous tirâmes un projectile sur le monstre, mais sans grand effet. Il faisait de plus en plus sombre au fur et à mesure que nous avancions dans le tunnel, des bruits plus loin attestaient de la présence d'autres personnes, et nous laissâmes la créature partir. Après un moment elle fit demi-tour et s'enfuit plus vite, tandis que nous regagnions l'air libre.

Après quoi nous fîmes le bilan avec nos compagnons et alliés. Manifestement il était impossible de faire sortir la créature en plein jour, il fallait donc se préparer à une confrontation de nuit. Je proposai de faire un piège à l'entrée de la grotte, ce qui fut adopté : nous allions avoir la journée pour préparer l'embuscade, dont une petite fosse à l'entrée, masquée. L'idée était de faire trébucher la créature à la sortie, de la blesser non seulement avec sa chute mais également avec des rochers voire un projectile brûlant prêts à lui tomber dessus, grâce à un mécanisme que j'allais préparer. Mais plus que tout, il fallait la rendre vulnérable à nos attaques : entre les projectiles lancés dans son dos et les charges des cavalières, nous comptions bien faire passer un mauvais moment à la créature...

2 - Exécution et exploration
Et ainsi fut-il fait : les cavalières allèrent chercher les outils, dont diverses pioches, que nous avions récupérés dans les domaines abandonnés. Entre les Hommes des Collines et les guerrières éothraim, nous ne manquions pas de bras pour creuser un trou. Je m'appliquai particulièrement bien à concevoir le piège dans lequel allait tomber la créature, dont la chute allait faire tomber rochers et fagot enflammé qu'un Homme des Collines allumerait avant l'arrivée de la créature. Ces rochers et fagot, ainsi que Lotheryn, trois Hommes des Collines et moi-même, étions installés sur la butte, en hauteur, au-dessus de l'entrée. Des barricades de terre avaient été montées sur les côtés de l'ouverture de la grotte, et les Castratrices, montées, se tenaient prêtes à charger de chaque côté, non loin du reste de mes compagnons et des Hommes des Collines préférant la lance à l'arc. La cheffe des Éothraim, Aldlida, restait face à l'entrée, à une petite distance, pour servir d'appât en quelque sorte.

La nuit finit par tomber, nous étions toutes et tous prêts. Il ne fallut pas attendre longtemps avant de distinguer que le monstre approchait de l'entrée. Il nous perçut probablement à l'odeur, et, alléché par la perspective d'un bon combat et d'un repas de cheval peut-être, son esprit simplet prit le dessus. Malgré les cris du sorcier qui le prévenait de ne pas sortir, il se rua dehors. Le piège fonctionna parfaitement : la créature trébucha de tout son long, des rochers et le brûlot lui tombèrent dessus, elle hurla, blessée. La première, ma flèche se ficha dans sa tête et la blessa sérieusement. Ensuite le carreau d'arbalète de Zarin trouva le cœur ou autre organe vital et le monstre ne bougea plus. D'autres flèches le criblèrent, puis ce fut le tour des lances des cavalières. Très rapidement, tout fut terminé.

Le monstre était bien mort. En récupérant ma flèche, un souvenir me revint en mémoire, un récit des terres nordiques prodigué en Imladris, et je reconnus la créature : un troll des neiges. Mais que faisait-il ici, si loin de chez lui ? Le cri de haine du sorcier, parvenu à nous sur le vent magique qui continuait à sortir de la caverne, et les jurons dans une langue qu'aucun de nous ne comprenait, nous interpelèrent. Ce sorcier venait-il du Grand Nord, d'où il avait amené ce monstre ? En tout cas, il restait encore bien des choses à faire, et notamment s'occuper de ce sorcier et de ses sinistres manigances. Hormis quelques rares guerrières ou guerriers pour garder l'entrée ou les chevaux, nous entrâmes tous dans le tunnel, bien décidés à faire un mauvais sort à celui qui avait manipulé le troll et fait tant de mal dans la région.

Nous avançâmes sans mal mais avec précaution, les meilleurs guerriers en tête, mais j'étais juste derrière. En approchant de la grande salle à l'extrémité du tunnel, au bout de cinq cents pas peut-être, Saoirse nous prévint qu'un nombreux comité de réception nous attendait, que les plus perceptifs d'entre nous percevaient. Sans parler d'une magie active et bien présente. Nous avions préparé un beau piège au troll maintenant abattu, pas question de faire comme lui. Je projetai mes sens elfiques pour mieux percevoir les personnes qui nous attendaient, et proposai à mes compagnons et alliés d'aller voir en catimini la disposition du comité d'accueil. Je demandai à Fleur des Bois de me faire confiance, ce qui ne fut pas facile pour elle, mais elle me laissa partir aussi.

3 - Envoûtements et retraite
Pendant que j'avançais le plus discrètement possible, Zarin et Saoirse faisaient semblant de se disputer quant à la marche à suivre, comme si notre groupe d'assaillants, arrivé discrètement à portée de la salle souterraine, ne savait plus que faire. Ils argumentaient juste assez fort pour être perçus et montrer incertitude et hésitations, de manière à focaliser l'attention du magicien et de ses serviteurs sur eux plutôt que sur moi. Je pus ainsi approcher plus facilement, sans être inquiété, assez près de l'entrée de la vaste salle où nous étions attendus par près d'une vingtaine de guerriers. Et pas n'importe quels guerriers : je reconnus assez vite les Éothraim sous le commandement d'Ulfúr, bien présent, de même que la troupe de guerriers menés par une femme brune nommée Léora, présente aussi. Mais... était-ce bien eux ?

Physiquement, oui. Les Éothraim avaient installé une petite barricade à gauche et à droite de l'entrée dans la salle, barricade derrière laquelle ils se tenaient, prêts à transpercer les premiers à entrer. Les autres étaient non loin, armés, prêts à attaquer au besoin. Par contre, tous avaient un air étrange, sans vie, dénué d'émotion. Comme s'ils étaient sous l'emprise d'un envoûtement... Tous, hormis Ulfúr, qui paraissait, lui, animé d'intentions tout sauf aimables. Comme s'il attendait avec impatience de régler quelques comptes, comme par exemple de remettre la main sur quelques pièces d'or que je lui avais subtilisées. La source de ces pièces d'or, qui semblait inexpliquée, paraissait tout d'un coup plus claire.

Mais ce n'était pas tout. En plus des guerriers prêts à nous tailler en pièce, et manifestement contrôlés magiquement, je pouvais distinguer quelques cadavres de chevaux voire d'humains, comme je m'y attendais. Mais j'arrivai aussi à distinguer une espèce de fumée ou nuage bien magique à mes sens, nuage d'un pas de large d'où provenait le vent maudit qui sortait de la caverne. Il était au centre de la pièce, près du plafond à cinq pas de haut, hors d'atteinte des armes de mêlée. Il y avait également, à l'autre bout de la pièce, une vieille ouverture qui semblait bloquée, ainsi qu'une autre ouverture tout à fait praticable, elle, sur la droite. Après avoir mémorisé tout cet inquiétant tableau, je fis demi-tour tout aussi discrètement pour rejoindre mes compagnons à qui je transmis, discrètement, mes observations.

D'une part, les mercenaires qui nous attendaient avaient l'avantage de la position, sans même parler de la magie possible que le sorcier pouvait faire. D'autre part, même si nous pouvions peut-être vaincre nos adversaires, ce n'étaient pas nos ennemis, à de rares exceptions près : les mercenaires étaient envoutés et nous ne souhaitions pas les tuer, à l'exception possible d'Ulfúr, qui paraissait de mèche avec le sorcier. Lancer une attaque était périlleux et entraînerait de nombreux morts que nous ne souhaitions pas. Avec regret, il nous fallait rebrousser chemin pour discuter d'un nouveau plan, pour confronter le sorcier sans nous mettre trop en danger, ni les mercenaires qu'il avait envoûtés. Nous fîmes donc demi-tour afin de retrouver l'air libre et discuter de la suite à donner.

4 - Une mission de reconnaissance qui tourne mal
En bref, comment faire pour soigner les mercenaires envoûtés de la sorcellerie qui les transformait en pantins ? Comment faire pour les forcer à sortir, de manière à pouvoir les combattre plus facilement et sans trop risquer notre vie ou la leur ? Lotheryn et moi nous proposâmes pour aller chercher sur la butte les probables aérations qui permettaient d'une part de respirer, d'autre part de faire se lever le vent magique. Avec l'idée de pouvoir les boucher ou de faire des feux pour enfumer ceux qui se tiendraient à l'intérieur. Sans parler de chercher une possible deuxième issue. Ce fut adopté, et nous trouvâmes sans mal diverses fissures dans la roche où l'air semblait s'engouffrer. Pas de sortie de secours visible, mais nous n'avions pas non plus passé énormément de temps, pas assez pour ratisser tout le secteur de la colline.

Au petit matin, tandis que des Hommes des Collines préparaient des feux, je me reposai, aidé magiquement par les soins de Fleur des Bois, afin d'être en pleine forme pour une nouvelle mission d'espionnage. Je comptais retourner à la salle souterraine où nous étions attendus, en m'aidant d'un pas très léger, elfique, afin de ne pas faire de bruit sur les nombreux ossements qui jonchaient le sol du tunnel. Après mon repos, tandis que les feux étaient sur le point d'être allumés, je fus parti. La progression dans le tunnel ne me posa pas de problème, et bientôt l'entrée de la salle souterraine fut là. Mais ce que j'y vis, mes compagnons et amis n'allaient pas l'apprendre de suite. Bientôt, ils m'entendirent courir vers la sortie en hurlant que le sorcier essayait de m'envoûter, et ils vinrent à ma rencontre.

Dans ma tête, le sorcier avait vite réussi à s'imposer et à se faire passer pour la voix de mes parents défunts qui veillaient sur moi. Mais il m'avait laissé rejoindre les autres en espérant pouvoir se servir de moi au bon moment, me conseillant, pour mon bien et celui des autres, de ne rien dire. Heureusement, Lotheryn n'était pas née de la dernière pluie et elle avait vite repéré l'envoûtement actif sur moi, et avait prévenu les autres. Puis elle avait cherché à annuler cette magie grâce à la sienne. Son sort de soin prêt, elle s'approcha de moi... mais la voix du sorcier m'avertit de fuir, que mon amie était contrôlée par le sorcier, et je l'esquivai, fuyant en direction de l'entrée de la grotte, plus rapide qu'aucun de mes compagnons. Mais pas plus rapide que la flèche de Saoirse, qui me transperça profondément la jambe, et je m'abattis par terre, évanoui. Quand je revins à moi, ma jambe était bandée, la flèche retirée, le saignement arrêté, et j'étais très faible... et attaché.

Pourtant je cherchai à me libérer pour rejoindre la voix de mes parents et le sorcier qui en était à l'origine. Sans succès, vu mon état, et je retombai inconscient. Plus tard, j'appris que Lotheryn en avait profité pour éliminer la sorcellerie qui m'avait affecté, et Burzum me fit une infusion de marchand de sable, ce puissant somnifère qui allait me faire dormir plusieurs heures. Et il resterait encore du temps avant de guérir. En attendant, les Hommes des Collines étaient revenus de l'allumage des feux sur la butte en disant que lesdits feux avaient été éteints ou n'avaient pu empêcher l'air frais de passer. Il fut décidé de combler les ouvertures sauf une, où un feu plus gros serait fait. Ce qui fut entrepris, mais je n'étais pas conscient pour le percevoir.


Et voilà braves gens d'Imladris. Comme je m'en étais douté, la proximité des humains m'avait apporté bien des malheurs, et en mon for intérieur j'étais très près d'abandonner tout et d'aller rejoindre mes parents dans le Lointain Ouest dès que mon corps m'en laisserait la possibilité. Dans l'état où j'étais après l'envoûtement et la blessure, il n'aurait vraiment pas fallu grand-chose pour achever en moi toute volonté de voir dans les mortels autre chose qu'une race corrompue et nuisible, et tout espoir de garder une quelconque motivation pour continuer à vivre en Terre du Milieu. Une partie de moi était certes reconnaissante à Saoirse de m'avoir arrêté avec sa flèche, ce qui avait permis de lever mon envoûtement. Mais mon désespoir avait beau jeu de me dire que sorcellerie et flèche qui m'avaient tant affecté étaient d'origine humaine, et qu'il y en aurait d'autres...
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 7e partie

Message non lu par Niemal »

Une fois de plus je dois m'excuser auprès de vous, elfes d'Imladris et d'ailleurs, ou autres voyageur·euse·s, ami·e·s et allié·e·s de notre maître Elrond. Le récit que je vais vous faire, pour une grande part, n'est pas issu de ma mémoire mais des histoires rapportées par les gens avec qui j'ai partagé ces aventures. Je me suis en effet réveillé, blessé et démoralisé, pour écouter leurs récits dont je me rendais bien compte qu'ils étaient imparfaits voire tronqués. Je ne peux en vouloir à mon amie Lotheryn d'avoir voulu me cacher certaines vérités dures à supporter, ce qu'elle avait fait pour me préserver, je n'en doute pas et l'en remercie. Mais le flou laissé par des questions sans réponse claire peut être plus dur à supporter que la vérité, si crue soit-elle. Heureusement, mes sens affûtés m'ont permis de compléter leurs récits, lorsqu'ils discutaient de choses que je n'étais pas censé percevoir... Sans parler des blessures sur leurs membres et visages qui témoignaient des difficultés qu'ils avaient éprouvées !


1 - Fumée et nécromancie
D'après les récits de Lotheryn et des autres, donc, mon corps endormi avait été mis de côté, sous abri, gardé par l'ourse Bélina. Cette dernière n'était plus là à mon réveil, mais j'y reviendrai. Aventuriers et aventurières étaient massés près de l'entrée, pour la plupart, partageant l'espace avec une demi-douzaine d'Hommes des Collines, dont leur chef Imhar, et une dizaine d'Éothraim, guerrières à cheval menées par leur cheffe Aldlida. Toutes et tous se tenaient prêts à combattre les mercenaires ensorcelés qui tenteraient peut-être de faire une sortie. C'étaient des victimes et il avait été convenu d'essayer de les épargner le plus possible, de leur faire des blessures incapacitantes plutôt que mortelles. Bien entendu, nos allié·e·s avaient clairement laissé entendre que cela serait fait mais sans mettre leur propre vie en danger...

Manifestement, le stratagème établi préalablement - un feu sur une ouverture vers les grottes - fonctionnait : le vent magique levé par le sorcier n'arrivait pas à évacuer toute la fumée, qui arrivait à entrer dans les souterrains et à rendre la respiration compliquée pour ceux qui s'y trouvaient. À l'ouïe, parfois améliorée par magie, Lotheryn ou d'autres entendaient des toux et autres bruits d'inconfort, voire peut-être le bruit de corps qui s'affalaient au sol. Malheureusement, mon amie Fleur des Bois perçut bientôt une puissante magie à l'œuvre : de la nécromancie, la magie des morts. Il lui parut assez clairement, tant sa perception des énergies magiques avait été fine, que le sorcier procédait à un rituel maléfique destiné à donner à un cadavre, voire un corps non encore décédé, les attributs de la non-vie. Autrement dit, un mercenaire était en train d'être transformé en une créature ni vivante ni morte, que certains pourraient appeler zombie.

Resté·e·s à l'extérieur, Lotheryn et les autres, ainsi que leurs allié·e·s, débattirent de la suite à donner, mais rien de concret ne fut décidé. Une fouille supplémentaire fut effectuée afin de trouver une éventuelle entrée supplémentaire dans les souterrains, mais sans succès. Au bout d'un certain temps, le rituel prit fin et un nouveau rituel débuta, cette fois-ci sur trois corps, d'après Fleur des Bois. Mais l'indécision semblait régner. Les Hommes des Collines, même sachant que certains d'entre eux étaient dans les souterrains, étaient partisans de faire écrouler l'entrée de la grotte, d'emmurer le sorcier et ses proies et les condamner à errer pour l'éternité s'ils le voulaient, tant qu'ils resteraient dans leurs souterrains maudits. Burzum tenta bien d'entrer discrètement dans le tunnel, au ras du sol, mais il ne fut pas très silencieux et la fumée, manipulée magiquement, se rua sur lui et il finit vite par sortir en toussant.

Le deuxième rituel fut fini et une décision fut prise : le gros feu au sommet fut éteint, de manière à laisser l'air se purifier et permettre aux guerrières et guerriers d'entrer et d'éliminer les combattants. Et tant pis pour les dommages collatéraux ! Lotheryn et autres compagnons se préparèrent à entrer avec les Castratrices d'Aldlida, tandis que les Hommes des Collines restaient dehors. Ils commencèrent en fait à murer l'entrée de la grotte, tout en ménageant une sortie possible pour ceux qui sortiraient... s'ils étaient animés de bonnes intentions. Le chef des Hommes des Collines, Imhar, avait clairement fait part de sa crainte de voir tout ce beau monde devenir les jouets du sorcier. Mais la grotte fut pénétrée malgré tout, avec l'aide de torches. Aldlida, Beran et Zarin venaient en premier, puis des Éothraim ainsi que Burzum et Lotheryn ; Saoirse venait dernière, lentement et discrètement. Enfin, il·elle·s arrivèrent à l'entrée de la grande pièce que j'avais déjà perçue suite à ma mission d'espionnage préalablement décrite. Bien entendu, tou·te·s y étaient attendu·e·s...

2 - Combat souterrain
Beran, très direct dans ses interactions avec les autres, entra en hurlant, armé de son bâton, vers la gauche. Deux mercenaires manifestement ensorcelés attendaient de chaque côté de l'entrée, armés de lances, et quatre ou cinq corps animés - les zombies - attendaient un peu plus loin, qui s'approchèrent bientôt. Le Béornide tua un mercenaire encore vivant mais il fut blessé dans le bras par un autre. Zarin, arrivé à l'entrée, utilisa son arbalète sur un zombie, mais il en mesura l'inefficacité : un zombie de saigne pas, il ne ressent pas de douleur, et il est très fort. Et il fait aussi très peur, tant l'aura de magie noire qui l'entoure effraie animaux et personnes intelligentes. Si Beran, Zarin, Burzum et Lotheryn arrivèrent à surmonter leur peur, parfois de justesse, ce ne fut pas le cas des Castratrices d'Aldlida : après une brève entrée, elles refluèrent en courant et en hurlant, à l'exception de deux d'entre elles. Elles furent suivies par Saoirse, qui elle non plus ne put supporter l'aura maléfique entourant les morts-vivants.

Rapide, Burzum arriva à entrer en esquivant les combattants qui, sans doute en raison de sa petite taille et son aspect inoffensif, préférèrent se tourner vers Zarin, qui avait troqué son arbalète pour une épée et un bouclier. Avec les deux guerrières restées sur place, ils étaient quatre contre un nombre de mercenaires envoutés qui diminuait rapidement - le dernier fut achevé d'une flèche par Lotheryn - mais des zombies qui arrivaient au contact, et qui ignoraient une grande partie des coups d'épée ou les projectiles. C'est d'ailleurs ce que constata mon amie : grâce à sa magie elle avait pu résister à la peur des morts-vivants, mais sa flèche dans la tête d'un zombie n'avait eu aucun effet.

Rapidement, il ne resta en lice que les zombies et les aventuriers, plus une guerrière, sa compagne ayant reçu une grave blessure qui l'avait rendue inconsciente. Petit à petit Zarin et Beran se faisaient mordre par les zombies et la situation semblait bien mal partie... Lotheryn avait plus de succès en "soignant" magiquement les zombies, ce qui les affaiblissait. Mais cela lui demandait de venir au contact de ces créatures, et de s'exposer à une attaque possible. Beran et son bâton étaient sans doute les plus efficaces, mais les zombies semblaient sur le point de gagner le combat. Burzum n'était plus dans la pièce : oublié de tous, il s'était dirigé vers la droite, où des bruits trahissaient la présence du probable sorcier aidé par un assistant qu'on devinait être Ulfúr, et d'une personne qu'on torturait au cours de quelque sinistre rituel maléfique...

Heureusement, les zombies s'effondrèrent tout d'un coup, ayant perdu la force ou la volonté qui les animait. Que leur était-il arrivé ? Vite, Lotheryn se précipita sur la guerrière tombée il y a peu, mais qui respirait encore, aidée par la guerrière encore debout et juste légèrement blessée, qui s'appelait Léa. La blessure de la guerrière à terre était grave et nécessitait un minimum de temps pour être stabilisée, mais mon amie savait ce qu'elle faisait. Du coup, Léa, Beran et Zarin, après avoir rapidement inspecté la pièce pleine de corps et d'équipements divers appartenant sans doute aux mercenaires ensorcelés, se dirigèrent vers la droite, là où Burzum avait disparu, et là où les derniers bruits s'étaient fait entendre.

3 - Sorcier en fuite et bilan
Avec précaution, aventuriers et guerrière avancèrent dans un couloir menant à une sinistre pièce pleine de corps. Au fond de la pièce, un cercle maléfique qui avait dû servir aux rituels de sorcellerie était couvert de corps morts et inanimés, zombies en devenir ou zombies animés et à présent privés de leur énergie magique. Au centre du cercle, la cheffe de mercenaires, Léora, avait le corps en piteux état. Manifestement, elle avait été sauvagement torturée pour ajouter de l'énergie au rituel et aider à l'animation des zombies. D'autres corps plus anciens reposaient là, certains à l'état de squelettes. Tout semblait silencieux, mort... à l'exception d'un humain toujours en vie et couvert de sang, mais qui avait l'air de dormir paisiblement : Ulfúr !

Mais ce dernier n'était pas seul : l'examen du corps endormi du probable assistant du sorcier montra un autre corps endormi sous celui d'Ulfúr, celui du hobbit Burzum... Il ne semblait pas blessé, juste endormi lui aussi. Du sorcier il n'y avait aucune trace, et à en juger par les corps inanimés, il n'était plus là pour leur donner vie. En fait Ulfúr n'était pas blessé lui non plus, et en l'examinant, ainsi que le corps de Léora, la guerrière qui accompagnait Zarin et Beran, Léa, devina qu'Ulfúr était certainement à l'origine des tortures sur le corps de la cheffe de mercenaires. Animée d'une froide détermination, Léa revint au corps de l'assistant du sorcier. Elle sortit son arme, et le sommeil paisible d'Ulfúr devint vite définitif.

Le corps de Burzum fut amené par Léa à Lotheryn qui s'occupa de lui et ne trouva rien à faire. Elle n'expliquait pas son sommeil, qui pouvait venir d'une drogue comme le marchand de sable, celle-là même qui avait affecté Ulfúr. Elle pansa et soigna magiquement les blessures de Beran, dont la blessure au bras saignait encore, celles de Zarin et de Léa. Le nain en particulier n'avait reçu aucune blessure grave mais de nombreuses morsures qui l'affaiblissaient. Tandis que les aventuriers fouillaient les équipements et en tiraient diverses armes et armures utiles, entre autres choses, Léa confectionnait des brancards qui allaient servir pour les blessés et inconscients qu'étaient Burzum et l'autre guerrière. Chose étonnante aussi : le hobbit tenait dans sa main un médaillon ancien dont émanait un reste de magie, mais pas de magie maléfique.

Au cours de la fouille, un passage dans le mur de la pièce au rituel fut examiné : c'était un tunnel trop petit pour laisser passer quiconque à l'exception d'un hobbit ou d'un animal plus petit, et il s'enfonçait dans le sol vers le haut et la surface. Le sorcier s'était-il enfui par-là ? En tout cas, vu l'état du hobbit, personne ne pouvait l'explorer plus avant. Au bout d'un moment, les brancards furent pris - quatre personnes pour deux brancards et deux inconscients - ainsi que le matériel intéressant. Selon Zarin, les souterrains montraient la présence passée de nains - certains de leurs squelettes étaient encore là - et il aurait aimé en savoir plus. Tout ce petit monde prit le tunnel qui menait à l'air libre où les attendaient normalement Saoirse et Castratrices (qui s'étaient enfuies), ainsi qu'Hommes des Collines, une ourse et un elfe blessé et inconscient. Mais la réalité était tout autre, et elle ne fut pas particulièrement plaisante à découvrir.

4 - Très mauvaises surprises
De leurs ami·e·s et allié·e·s, il semblait qu'il ne restait personne... de vivant. Divers corps jonchaient le sol, y compris celui de chevaux. La terre était imbibée de sang et couverte de morceaux de poterie cassée. Bélina, l'ourse de Beran, faisait partie des morts, son corps transpercé de lances. Devant ce spectacle, le Béornide blêmit et son moral chuta : il venait de perdre sa meilleure amie... Des Castratrices d'Aldlida ou des hommes d'Imhar, il ne restait que trois personnes ligotées... et des absents. Les corps avaient même été dépouillés, ils étaient nus, l'équipement des uns et des autres laissé sur place avait tout simplement disparu. Saoirse n'était nulle part visible. En revanche, l'elfe qui vous parle en ce moment même était encore là : son corps endormi, sous son abri, n'avait pas été dérangé, pas plus que son équipement... Mais des croassements se firent entendre.

Léa, puis divers aventuriers, se dirigèrent vers les croassements, après s'être assurés qu'aucun ennemi ou ami vivant n'était visible. Le volatile semblait intelligent et souhaitait les mener quelque part, en l'occurrence les parois de la colline dans laquelle les grottes avaient été creusées. L'animal montra un endroit de la paroi avec insistance, et il finit par picorer quelque chose qui ressemblait tellement à la végétation que tous s'y étaient laissés prendre. Saoirse était là, toujours affectée par la peur panique des zombies, masquée par un sortilège qui la rendait comme invisible. Mais bientôt elle reprit ses esprits et parla d'une attaque bien coordonnée de la part d'une vingtaine de personnes humanoïdes encapuchonnées avec épées, lances et vestes de cuir, qui avaient lancé des pots qui explosaient au contact du sol. Cela avait fait paniquer et attaquer l'ourse, qui fut abattue, comme les autres... à l'exception de trois survivants dépouillés et ligotés : deux Hommes des Collines et une Castratrice.

Léa et Zarin partirent chercher le matériel laissé dans la charrette sous la surveillance de deux guerrières, à une certaine distance. Mais ils ne trouvèrent que des traces de sang et un véhicule vidé de son équipement, sans aucun cheval à proximité. Au bout d'un moment, le présent narrateur émergea de son sommeil récupérateur et se vit expliquer la situation par des compagnons soucieux, fatigués et blessés. Je voyais bien qu'ils omettaient des choses et minimisaient ce qui s'était passé. Mais, trop fatigué moralement et physiquement, même si ma volonté semblait durcie par cette épreuve, je n'insistai pas. Un peu plus tard, Burzum se réveilla lui aussi. Il avait été installé à une certaine distance, mais mes sens aiguisés d'elfe me permirent de suivre son interrogation. Il n'avait pas vu de sorcier, mais la brume magique que j'avais déjà perçue. Il avait été attaqué par Ulfúr, mais il s'en était sorti en utilisant une composition volatile de marchand de sable qu'il suffisait de respirer pour provoquer l'endormissement... ce qui se passa pour son agresseur et lui-même. Le médaillon qu'il portait avait été trouvé sur un squelette présent dans la pièce.

Plus tard, ce fut le corbeau intelligent qui avait aidé Saoirse qui fut interrogé par cette dernière, qui avait un lien particulier avec ces oiseaux. Il raconta qu'il avait été guidé là par un aigle qui surveillait les environs, qui lui avait fait miroiter des festins (de corbeau) à venir. À la demande de l'humaine qu'il affectionnait, il partit explorer le petit tunnel dans la pièce du rituel au fond de la grotte. Il revint en affirmant qu'il permettait d'accéder à l'extérieur pour une petite créature... ou un nuage magique. Le reste de la journée se passa à se reposer et répartir entre les vivants le matériel trouvé dans les souterrains. Mais bientôt un temps de plus en plus menaçant, et manifestement magique, s'installa au-dessus du groupe, ainsi qu'un temps similaire plus à l'ouest. À peine la grotte fut-elle investie que de gros grêlons hachèrent menu la végétation extérieure. Lotheryn sentit magiquement le nuage magique au-dessus de nous se déplacer vers l'ouest et rejoindre l'autre nuage qui arrivait dans notre direction. Qui donc était capable d'une telle sorcellerie ?


Et voilà donc, vous qui m'écoutez tou·te·s, le bilan peu glorieux de la prise de cette ancienne construction naine occupée par quelque puissant nécromancien peut-être venu du lointain nord. Malgré nos efforts pour limiter les morts des mercenaires ensorcelés, le sorcier et ses allié·e·s s'étaient joués de nous et avaient fait un véritable massacre. Bélina était morte et Beran semblait inconsolable et animé par une rage froide. Burzum semblait épuisé par les efforts qu'il avait dû fournir, et moi ma jambe mettrait encore des jours à guérir. Si de l'or trouvé sur Ulfúr et de nombreux équipements avaient rendu son sourire à Zarin, il était bien le seul à ne pas afficher un moral détestable. Et qui sait ce que l'avenir nous réservait encore ?
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 8e partie

Message non lu par Niemal »

Ami·e·s qui écoutez mes paroles, voici à présent une nouvelle étape dans mes aventures parmi les mortels, étape dans laquelle je vais franchir un nouveau seuil dans le dégoût que m'inspirent les affaires des gens que j'ai été amené à côtoyer. Certes, ces expériences, je le sentais, avaient affermi mon esprit et m'avaient rendu plus sage et résistant, comme l'avait prévu maître Elrond ici présent. Néanmoins, cette force nouvelle ne devait-elle servir qu'à souffrir encore davantage de mieux connaître ceux auxquels je commençais malgré tout, et bien malgré moi, à m'attacher ?


1 – Nouvelle menace
Bloqués par le mauvais temps magique, il fallut passer la nuit tous ensemble, sous terre, loin des arbres que je chérissais... et trop près à mon goût de ces mortels qui m'indisposaient. J'avais du mal à comprendre comment, malgré la perte d'autant d'ami·e·s ou compagnons, et les nombreuses blessures subies, certains se focalisaient sur richesses et butin, partage et contrats passés. Nous étions six aventuriers – deux elfes, un nain et un hobbit, plus deux humains – accompagnés de trois Castratrices (dont une en piteux état) et de deux Hommes des Collines. Malgré fatigue et chagrin, il fut donc question de partage de butin, où Léa, nouvelle chef de ce qui restait des Castratrices d'Aldlida, rappela que son groupe s'était vu promettre 80 % du butin par les aventuriers...

Au matin, la tempête n'étant plus perceptible et le calme étant revenu, plusieurs partirent explorer les environs et chercher à manger. Les environs proches avaient été détruits et rien de comestible n'était disponible, mais à une certaine distance la tempête magique n'avait pas eu tant d'effet – elle s'était vraiment focalisée sur nous – et il était possible de trouver de quoi manger. Burzum, très doué pour les plantes (notamment comestibles) en rapporta à lui tout seul plus que tous les autres réunis. Mais cela leur prit toute la matinée. Entretemps, Zarin montait la garde un peu au-dessus de l'entrée de la grotte qui nous hébergeait, tandis que je tâchais de me reposer et de favoriser ma guérison, aidé par les soins de Lotheryn, qui s'occupait aussi de la Castratrice gravement blessée, dont la santé s'améliorait également.

Néanmoins, mon repos fut perturbé par un son que mon ouïe fine arriva tout juste à percevoir : des bruits de coups distants comme venant de loin de nous, derrière la roche qui nous entourait, quelque part au fond de la grotte où nous étions. Et plus particulièrement du côté d'éboulis qui recouvraient un probable ancien passage vers Eru savait quelle destination. J'alertai alors mon amie Fleur des Bois et lui conseillai d'en parler aux humain·e·s qui étaient resté·e·s avec nous. Ce qu'elle fit, et Castratrices et Hommes des Collines allèrent écouter de plus près et chercher l'origine et la nature des sons. Ils revinrent et confirmèrent mon impression : des coups de pioche nombreux semblaient venir dans notre direction, comme une petite armée d'orcs occupés à déblayer des éboulis pour arriver jusqu'à nous dans un avenir pas trop proche mais pas assez lointain tout de même...

Après discussion, les personnes valides allèrent chercher du bois à l'extérieur, avec l'idée de faire un incendie qui pourrait peut-être affaiblir les murs de la caverne et provoquer un éboulement de cette dernière. Là-dessus arrivèrent les compagnons partis chercher à manger, qui furent mis au courant de la dernière découverte : des orcs qui seraient sur nous d'ici sans doute plus d'une journée, mais peut-être pas beaucoup plus. Beran partit chercher une autre issue possible aux cavernes occupées par les orcs qui s'approchaient, mais sans succès. D'autres firent remarquer que faire écrouler la caverne ne règlerait pas le problème des orcs, cela ne ferait que les ralentir... sauf s'il était possible de faire tomber la caverne sur eux.


2 – Vol et tensions
La nuit portant conseil, d'après ce que disent les mortels, tous partirent se coucher ; non sans bénéficier, pour une partie d'entre eux, de soins magiques prodigués par Lotheryn. Après quoi mon amie, bien fatiguée, appliqua à elle-même ce qu'elle avait donné aux autres. Malgré ma blessure, nous avions convenu que je resterais attentif le temps pour elle de se reposer profondément, aidée par sa magie. Le silence enveloppa le groupe, silence ponctué par les ronflements de certains... mais pas que. Mon ouïe très fine me permit de repérer un déplacement très silencieux en direction de Burzum. Ce déplacement fut suivi, peu après, d'un autre déplacement, moins silencieux celui-là : Saoirse sortait de la caverne avec son corbeau. Elle revint peu après, le corbeau endormi dans ses bras, tandis qu'elle-même semblait très fatiguée, épuisée, même... comme le hobbit l'avait été quand nous l'avions retrouvé à l'issue des combats.

Je ne fis rien dans l'immédiat, mais au réveil de mon amie Fleur des Bois, je lui fis part de mes réflexions. Nous avions remarqué que Burzum avait trouvé une amulette dans la grotte, mais qu'il refusait de s'en séparer pour la laisser examiner, malgré l'intérêt que certains avaient pour elle... dont Saoirse, qui avait des talents de discrétion. De là à conclure à un vol nocturne, il n'y avait qu'un pas qui fut vite franchi. Lotheryn alla doucement inspecter l'humaine et son corbeau, qui présentait des traces de magie des soins récente. Nous décidâmes de laisser passer le reste de la nuit et de confronter Saoirse à son réveil, et je tâchai de me reposer plus profondément, laissant le soin à mon amie de surveiller tout ce petit monde.

Mes pensées vagabondèrent, et ce n'est que lorsque je perçus que le reste de l'équipe commençait à émerger de sa torpeur que je prêtai attention à ce qui se passait. Contrairement aux autres, Saoirse dormait toujours profondément. En revanche, le hobbit semblait dans un bel émoi, ne retrouvant pas quelque chose de précieux qu'il avait avec lui au moment de dormir, autrement dit l'amulette magique récemment trouvée. Saoirse ayant manifesté dernièrement un intérêt marqué et insistant pour ladite amulette, son sang ne fit qu'un tour et il se précipita sur le corbeau de l'humaine en proférant des paroles de vengeance. J'usai de mes charmes pour essayer de le dissuader de faire une action qu'il pourrait regretter, mais rien n'y fit : il tordit brutalement le cou de l'oiseau, et jeta son corps mort sur celui, endormi, de sa maîtresse.

S'ensuivit une discussion orageuse quand il s'aperçut que l'amulette était possédée par Lotheryn, qui l'avait utilisée pour endormir Saoirse. Mon amie expliqua que l'humaine lui avait remis la breloque magique en disant qu'elle amplifiait les pouvoirs de magie des soins, ce que Lotheryn avait voulu vérifier. Elle se défendit des accusations du hobbit en prétextant qu'elle pensait que l'amulette avait été prêtée à Saoirse, mais mon amie mentait très mal, et personne ne fut dupe, et surtout pas le hobbit. Zarin, échaudé par certaines paroles du hobbit, prit ce dernier par les habits et le souleva du sol, menaçant. Manifestement, le nain ne maîtrise pas bien ses émotions... Les tensions étaient palpables parmi tous les présents, ce qui me poussa à dire que la présence des orcs n'était même pas nécessaire pour déclencher des conflits...


3 – Départ et explosion
Tandis que les paroles fusaient, je me rapprochai avec l'aide de Lotheryn des bruits au fond de la grotte. Il semblait bien que les orcs avaient augmenté leur cadence, ils se rapprochaient plus vite que prévu, comme motivés par une voix forte et autoritaire. Ce semblaient être des snagas, des petits orcs peu doués, mais au nombre d'une trentaine. Ils seraient sans doute sur nous au cours de la nuit prochaine... La voix forte qui les commandait était-il le sorcier rencontré peu auparavant ? Cette annonce aida peut-être à calmer un peu les esprits, momentanément du moins. Burzum refusa de reprendre l'amulette, toujours fâché, et Lotheryn la conserva pour elle, avec l'assentiment du groupe : les soins de mon amie profitaient à tous, donc il paraissait logique, dans un premier temps, de lui laisser cet objet qui renforçait ses pouvoirs. Et nous nous concentrâmes sur le problème des orcs...

Certains de nos compagnons doutaient de l'efficacité d'un incendie dans la caverne. Je suggérai donc au hobbit, ayant constaté ses talents d'alchimiste, de les utiliser pour faire un feu d'artifice, une explosion : en était-il capable ? Il semblait bien que oui, et ce projet fut vite adopté. Avec l'aide de Zarin et de quelques autres, il partit chercher et rapporter les éléments permettant de fabriquer des explosifs. Se posa alors la question de la mèche : courte et rapide, elle permettrait de piéger les orcs juste comme ils arriveraient, ils seraient pris dans l'explosion. Plus longue et lente, elle pouvait plus facilement s'éteindre ou être soufflée par quelque chose ou quelqu'un.

C'est alors que Saoirse se réveilla de son sommeil magique et profondément récupérateur. Quand elle constata que son compagnon animal était mort, elle demanda des explications d'une voix pleine de colère. Lotheryn tenta bien de désamorcer les tensions qui revenaient à la charge, mais en pure perte. Saoirse accusa le hobbit, et à travers lui une partie voire tout le groupe, d'avoir provoqué la mort d'un être innocent, ce qui nous mettait plus ou moins sur un pied d'égalité avec le sorcier. Nos arguments concernant l'unité nécessaire au combat des orcs et du sorcier ne trouvèrent pas d'écho en elle, puisqu'elle nous mettait au même niveau. Elle prit donc ses maigres affaires et partit sur-le-champ, pour ne plus revenir.

Après cette triste histoire, il fallut trouver une solution concernant la mèche : je m'étais proposé pour allumer une mèche courte et rapide et courir hors de la grotte, mais Lotheryn me dit que ma blessure ne serait pas encore guérie. Léa se proposa alors pour remplir ce rôle, en échange de la totalité du butin et des récompenses promises par le seigneur Melossë. Ce qui fut accepté. Le reste de la journée fut consacré aux préparatifs de l'explosion. La Castratrice blessée et moi-même fûmes évacués sur un brancard, jusqu'à un abri à faible distance de l'entrée de la grotte, et tout fut prêt lorsque la nuit fut tombée.

Léa alluma la mèche et courut vers la sortie. Elle émergeait à peine de l'entrée de la grotte que le sol trembla sous l'effet de l'explosion, bien plus forte que ce à quoi nous nous attendions. Une partie de la colline s'effondra, des pierres jaillirent et tuèrent Léa et les deux Hommes des Collines, et blessèrent légèrement Beran et Burzum. Puis le silence revint petit à petit... Il ne restait plus qu'à enterrer les morts et à soigner les blessés, avant de retourner se reposer pour laisser aux corps la possibilité de guérir.


4 – Sur la piste de Saoirse
Au matin, grâce à la magie de mon amie, ma blessure était refermée, et celle de la Castratrice blessée fut vite guérie également. Je décidai alors d'inspecter les restes de la colline. L'explosion avait été si forte que nous ne pensions pas que les orcs et leur maître aient survécu, mais je tenais à m'en assurer... tout en m'éloignant du groupe et de ses tensions, des mortels et de leurs conflits. Zarin voulut m'accompagner afin de pouvoir me protéger au besoin. Vu ses piètres talents de discrétion, j'acceptai en lui recommandant de rester à distance. Le terrain était accidenté et il perdit vite ma silhouette de vue, mais de toute manière il semblait bien qu'il ne restait rien de vivant. Au contraire, la magie maléfique autrefois à l'œuvre semblait bien avoir disparu, et je vis la nature reprendre ses droits : des oiseaux revenaient, de l'herbe et autres plantules se remettaient à pousser...

En revenant au camp, je cherchai des traces du passage de Saoirse et, bien inspiré, je les trouvai facilement. Mes compagnons et les Castratrices survivantes se préparaient à retourner voir le seigneur Melossë pour lui faire part de notre action, nos exploits, et parler de récompense, selon les différents individus. Pour ma part, je dis que j'allais suivre les traces de l'humaine, Saoirse. Lotheryn, comme je le pensais, souhaita m'accompagner, mais je ne m'attendais pas à ce que Beran demandât à venir aussi, si je le voulais bien. Je ne répondis pas, ce qu'il prit pour un accord. Une partie de moi ressentait la présence de ce mortel, mais une autre partie était plutôt agréablement surprise... De toute manière, la direction étant à peu près la même au début, vers l'ouest, nous voyageâmes tous ensemble.

Après un moment les traces de Saoirse partirent vers le nord, et je continuai à les suivre. Nous nous séparâmes donc en deux groupes : Lotheryn et Beran avec moi-même, et Zarin et Burzum avec les deux Castratrices. Nous n'avions pas convenu de la manière de se retrouver, et au fond de moi je m'en moquais. J'étais satisfait de la mort des orcs et peut-être du sorcier, même si je n'en avais aucune preuve, et content de voir s'éloigner les Castratrices, même si elles nous avaient bien aidé. Je ne savais pas vraiment pourquoi je m'entêtais à vouloir m'assurer du bien-être de l'humaine, Saoirse, même si j'avais apprécié sa tirade concernant la mort de son innocent corbeau. Moi aussi je me sentais proche des animaux, et je n'avais pas apprécié du tout la réaction de Burzum, bien trop humaine à mon goût...

Un peu plus loin, les traces étant encore fraîches, Lotheryn me proposa de prendre l'amulette magique pour voir si elle aiderait mes perceptions. Ce que je fis... et qui déclencha un trait de feu magique sortant de ma main, trait qui alla blesser légèrement mon amie à un bras ! Sans m'aider à repérer Saoirse, et en m'occasionnant une grande fatigue physique et une lassitude extrême... Après avoir aidé à éteindre le feu, je rendis son amulette à mon amie, qui fut vite assaillie par Beran qui souhaitait expérimenter les pouvoirs de l'amulette de la même manière que moi. Lui aussi tenta de repérer des traces au sol, après nous avoir laissé le temps, à Lotheryn et moi, de nous éloigner à distance respectable. Un autre trait de feu jaillit de sa main, accompagné aussi d'une grande fatigue tant physique que nerveuse.

Fleur des Bois utilisa ses pouvoirs de soins pour chasser la fatigue de mon corps, ce qui permit de reprendre la recherche des traces. Mais lorsque nous arrivâmes à un cours d'eau, je compris que Saoirse en avait profité pour empêcher qu'on la suivît. J'utilisai alors mes pouvoirs pour appeler à moi un oiseau afin de m'aider à la retrouver, mais après un moment un corbeau arriva avec un message de sa part : elle voulait nous voir rejoindre le reste du groupe pour surveiller le hobbit, en prétextant avoir perdu sa trace... ce qui était bien le cas. Le corbeau ajouta que nous pourrions rester en contact par corbeau interposé. Je pensai un moment à retrouver Saoirse en suivant l'empreinte de sa magie, même si elle utilisait cette dernière pour rester cachée. Mais j'acceptai sa proposition et me préparai à retrouver les autres. Dans le ciel, et depuis un moment déjà, un aigle planait, loin au-dessus de nous... Le même que celui dont nous avait parlé le corbeau ? Sans doute, et je me disais que d'autres elfes devaient suivre nos aventures...


Et ainsi s'achève cette nouvelle étape dans mes péripéties au milieu des mortels. Je ressentais une joie certaine à avoir participé à la survenue de l'explosion qui avait sans nul doute causé la mort de nombreux orcs. J'étais heureux d'avoir vu la nature reprendre ses droits après la sorcellerie qui l'avait tant affectée. Et j'étais étonné de poursuivre une humaine qui ne m'inspirait guère de sympathie, même si une partie de moi l'appréciait sans doute. Plus j'apprenais à les connaître, moins je pensais pouvoir aimer les mortels. Mais je devais reconnaître qu'ils ne sont sans doute pas tous pareils, et que peut-être pourrais-je être amené à en apprécier certains. Je me sentais plus fort, plus sage, et il me fallut reconnaître encore une fois la justesse des conseils de maître Elrond.
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 9e partie

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Elfes d'Imladris et d'ailleurs et autres invité·e·s de la maison d'Elrond demi-elfe, toutes et tous qui me faites l'honneur de suivre mon récit : voici venu le moment d'entendre comment, même face à des forces obscures largement supérieures en nombre et en capacité, des représentants des peuples libres arrivèrent à survivre et même mettre en échec un mal ancien que je ne pensais jamais connaître autrement que par les livres et chants des anciens. Ce récit que je vais vous faire a de quoi faire réfléchir les puissants de ce monde qui négligent trop souvent des êtres qu'ils jugent faibles et qui peuvent être à l'origine de leur funeste destin !


1 - Nouveaux mercenaires et traîtres
Décision avait donc été prise de laisser Saoirse gérer ses affaires par elle-même et de retrouver les autres compagnons d'aventure, Zarin et Burzum, partis voir le seigneur Melossë avec les deux dernières Éothraim survivantes. Alors que Lotheryn, Beran et moi-même nous demandions où et comment les retrouver, mon attention fut attirée par du bruit plus au nord. Discrètement, je quittai mes compagnons, qui me suivirent à distance, afin d'aller repérer la source des bruits. À une distance équivalente peut-être à quatre ou cinq portées de flèche, mes sens elfiques me permirent de distinguer un corps étendu par terre, comme sans vie, corps qui ressemblait fort à celui de notre amie des corvidés. Mais elle n'était pas seule : une dizaine de silhouettes se cachaient dans les environs, dans ce qui semblait être la préparation d'une embuscade...

Malgré la distance, je finis par les reconnaître, de même que leur chef un peu plus loin : il s'agissait des archers d'Acton, mercenaires qui avaient répondu à l'appel du seigneur Melossë, et que nous avions croisés à Minas Brethil. Et les détails que je perçus m'indiquèrent sans doute possible qu'ils étaient les attaquants à l'origine de la mort de l'ourse Bélina, de la plupart des Castratrices d'Aldlida et des Hommes des Collines. Mais une silhouette un peu à l'écart semblait mieux cachée, je n'arrivais pas à bien la distinguer. En tout cas, je mis mes compagnons au courant de ce que mes yeux avaient vu. Attaquer semblait trop risqué, nous décidâmes d'envoyer Beran chercher le reste de l'équipe. Les Éothraim seraient sans doute ravies de venger leurs compagnes. Beran s'éloigna discrètement puis en courant, tandis que Fleur des Bois et moi surveillions les archers, cachés à distance l'un de l'autre.

Malheureusement, nous n'avions pas été assez discrets, et le groupe laissa le corps de Saoirse pour se diriger vers nous, plus ou moins discrètement. Lotheryn et moi nous écartâmes l'un de l'autre en tâchant de ne pas nous faire repérer, mais ce fut un échec pour mon amie : les archers se dirigèrent vers elle et menacèrent de l'encercler. Je décidai alors de m'éloigner un peu plus du groupe et de me diriger vers le corps de Saoirse. Lotheryn utilisa un trait de feu magique à l'aide de l'amulette remise par l'amie des corbeaux, et prise au semi-homme, afin de faire diversion et me laisser le champ libre. Puis elle fut attaquée d'abord par des bombes sonores, les mêmes qui avaient rendu Bélina incontrôlable j'imagine, puis par des flèches, dont les blessures la rendirent inconsciente. Elle n'eut même pas le temps de se rendre, comme les hommes l'exigeaient en criant...

De mon côté, la situation n'était guère meilleure. La silhouette difficile à distinguer s'était elle aussi approchée et elle avait réussi à me distinguer d'une manière ou d'une autre, contrairement aux autres archers. Il émana d'elle une terreur magique qui réduisit mes capacités, tandis qu'elle indiquait à Acton où j'étais et qu'il se préparait à me tirer dessus. Mais je pus néanmoins utiliser la magie de la nature pour me fondre avec le terrain alentour : immobile, j'étais invisible pour l'humain qui ne savait où tirer sa flèche. La créature cachée percevait manifestement ma magie, par contre, et continua à guider Acton, tout en envoyant sur moi un autre sort. Néanmoins, aidé par la magie enseignée par le seigneur Elrond, je repoussai cette nouvelle attaque magique avec une telle facilité que la panique qui m'avait affecté vola instantanément en éclats. Et je pris mon arc et mes flèches.

Ma première flèche fut pour la créature, mais cela ne sembla pas l'affecter beaucoup. Le chef des archers m'ayant repéré, ma seconde flèche blessa gravement Acton au visage et l'envoya hurler sa douleur et sa haine, mais sans le tuer. La troisième fut pour la créature, qui s'approchait de plus en plus et que je commençais à distinguer : entourée d'une aura de ténèbres qui la masquait, elle n'avait pas l'air humaine. Je la blessai mais pas assez pour la tuer ou l'empêcher de continuer à lancer un nouveau sortilège maléfique auquel je résistai. Mais les autres archers arrivaient, et menaçaient de tuer Fleur des Bois et l'humaine aux corbeaux si je n'arrêtais pas. Je finis donc par me rendre, non sans espérer que des elfes, loin d'ici, étaient les témoins de ce qu'il se passait. La créature s'approcha alors de moi et me blessa avec ses griffes, qui étaient enduites d'une substance huileuse qui me paralysa...


2 - Cairn et embuscade
Mais il est temps de parler du nain et du hobbit, qui se dirigeaient vers Minas Brethil, accompagnés par les deux guerrières éothraim survivantes. Sans parler de Beran, qui leur courait après. J'apprendrais leurs histoires plus tard, lorsque nous serions réunis dans l'adversité. Heureusement pour l'ami des ours, le quatuor trouva sur son chemin, après quelques heures de marche, une vingtaine de corps dénudés qui commençaient à se putréfier... et à servir de nourriture aux nombreux charognards des environs. Sans surprise, il s'agissait des corps des Castratrices et des Hommes des Collines tués pendant le combat sous la colline, emportés et complètement dépouillés. Lisa, l'une des survivantes, commença très vite à préparer une espèce de tumulus ou cairn pour les corps : entre le sol défoncé par les tempêtes et les nombreuses pierres disponibles, les outils n'étaient guère nécessaires. Elle fut vite rejointe par l'autre survivante et par le nain.

Ils n'avaient pas fini leur œuvre qu'ils furent l'objet d'une nouvelle embuscade par un autre groupe d'archers d'Acton, au nombre de neuf. Surpris, ils virent quatre pots exploser près d'eux, engendrant un son puissant qui allait leur donner un bon mal de crâne et un problème d'écoute qui allait durer. Burzum fit le mort et évita de se faire prendre pour cible ensuite par les flèches des archers, qui au début n'eurent pas trop de succès sur les trois compagnons restants. Mais cela n'allait pas durer : bientôt Lisa et Zarin furent entourés de guerriers tandis que la dernière Éothraim était à terre, criblée de flèches, et les pertes limitées chez les archers. Le semi-homme surprit un bandit qui venait l'achever et le dépouiller, en fuyant. On me raconta une histoire un peu incroyable comme quoi il réussit à tuer un des attaquants de Zarin en lui rentrant dedans par derrière et en lui provoquant de nombreuses fractures...

Néanmoins, le salut provint de l'arrivée à point nommé de Beran, qui hurla si bien qu'il fit fuir tous les assaillants. Il paraît qu'il avait une apparence repoussante, couvert de sang - une partie était le sien - suite à une mauvaise rencontre avec une créature ailée similaire à celle qui m'avait lancé des sortilèges et paralysé avec ses griffes empoisonnées. Quoi qu'il en soit, deux archers furent tués dans leur fuite, mais la moitié du groupe avait pu s'enfuir. Lisa fila voir sa compagne criblée de flèches : elle était encore vivante, mais ses blessures étaient trop nombreuses et profondes pour être soignée. Bientôt elle partirait pour les cavernes de Mandos... Beran parla alors de la créature chauve-souris, qui pouvait voler, qui l'avait attaqué et qu'il avait férocement combattue, mais qui était encore vivante... avec deux jambes et un bras cassés. Il fallait néanmoins la retrouver et l'interroger, et décider de son destin.

La créature en question avait commencé à se cacher dans la boue non loin du lieu du combat, peu éloigné. Elle fut ramenée mais elle ne put survivre longtemps à ses blessures. Il fut intéressant de constater, tout de même, qu'elle était particulièrement sensible au feu, qui pouvait la brûler comme si elle était faite d'étoupe. Le semi-homme réussit à extraire de son corps une glande qui produisait un liquide paralysant. Beran avait réussi à résister à son effet, mais la blessure qu'il avait au dos restait sérieuse. Elle put néanmoins être traitée par Lisa à l'aide d'une trousse de soins, pour l'empêcher de s'aggraver. Des nouvelles furent échangées, et plus tard Burzum parlerait de l'origine de la créature, très ancienne selon le savoir qu'il avait appris, et qui s'appelait vampire. Au 1er Âge, nombre de ces créatures servaient un lieutenant de Morgoth appelé Sauron...


3 - Prisonniers !
Le cairn fut terminé par Lisa et Zarin, et un brancard fut fabriqué pour éviter à Beran de rouvrir sa blessure en marchant. Lisa et Zarin portèrent le brancard où avait pris place l'ami des ours blessé, et ils marchèrent jusqu'à l'orée d'un bois où un camp put être établi. Après une collation, Beran, Burzum et Zarin s'endormirent, veillés par Lisa dans un premier temps. Il était prévu de se partager divers tours de garde, mais seule Lisa fit le sien. Et la qualité de ce tour de garde ne fut sans doute pas à la hauteur de l'espoir de ses compagnons, qui se réveillèrent après un moment, qui avec un ou des couteaux sous la gorge, qui avec des griffes au même endroit... gardienne comprise ! Lisa et les trois autres compagnons étaient à la merci d'Acton et ses archers, plus une nouvelle créature mi-humaine mi-chauve-souris, autrement dit un vampire.

C'était la nuit, mais les assaillants semblaient voir dans la nuit aussi bien que les elfes. Et pour cause : ils avaient auparavant mis dans leurs yeux un liquide qui avait ce pouvoir, comme cela fut confirmé par la suite par le semi-homme. J'étais en effet présent, de même que Saoirse et Lotheryn : j'étais toujours paralysé par le poison du vampire, et mes deux compagnes étaient dans le même état ou inconscientes. Les archers nous avaient transportés à cheval avant de se porter à la rencontre du reste de notre groupe d'aventuriers. J'étais donc bien présent sur la scène de l'embuscade nocturne, témoin impuissant des événements. Tandis que Lisa se rendait et déposait ses armes, je vis Burzum glisser sa main discrètement dans ses affaires... mais pas assez pour échapper à l'attention de l'homme qui le menaçait d'une dague. Ce qui n'arrêta pas le semi-homme, qui appuya brusquement sur un objet qu'il portait tandis que la dague plongeait dans sa gorge.

Un gaz fusa immédiatement dans les environs qui eut pour effet de faire éclater de rire tous les présents... à de rares exceptions près : Zarin avait réussi à résister à l'influence de la drogue préparée par Burzum, d'une part, et je ne réagis pas non plus, paralysé que j'étais. Je n'entendis ni Lotheryn ni Saoirse non plus, pour des raisons sans doute similaires. Une autre personne se passa de rire : l'homme qui avait poignardé le semi-homme avait été aspergé de son sang... qui semblait le brûler comme si c'était un terrible acide, et ses cris moururent bientôt avec la fin de son agonie. Burzum était encore vivant, mais dans quel état ! Ailleurs, malgré les fous rires qui agitaient aventuriers et assaillants, divers combats avaient lieu. Lisa n'y participa pas, griffée par le vampire, ce qui la paralysa. Zarin et Beran se débattirent, le second en riant. Acton arriva à blesser Zarin avec une flèche, avant de voir Burzum lui arriver dessus et l'asperger de son sang, pour une issue fatale... Mais le vampire et les archers restants convergèrent vers Beran et Zarin. Le premier dut se rendre et le second tomba inconscient sous les blessures...

Était-ce notre fin ? Il semblait que non, malgré les nombreuses blessures parfois mortelles reçues par mes compagnons. Manifestement, le vampire voulait nous garder vivants un moment, et il utilisa une pommade qui cicatrisa en partie les blessures qui saignaient le plus, au prix d'horribles cicatrices. Zarin et Burzum survécurent donc et ils arrivèrent même à se réveiller un peu plus tard pour contempler le sinistre destin qui leur était promis. Nous étions tous nus, complètement dépouillés de nos possessions, et bien attachés et bâillonnés. Les archers survivants avaient pris nos affaires - à de rares exceptions près, mais j'y reviendrai - et leurs chevaux, et ils étaient partis, à l'exception de deux d'entre eux, suivant un ordre du vampire, qui était resté sur place "pour s'amuser un peu", selon ses propres dires. Je ne voyais plus le corps de Lisa, qui avait dû être emporté. Ne restaient donc que six aventuriers, deux archers mal à l'aise, et un vampire qui avait fait quatre gros feux noirs et établi un cercle autour d'un petit feu, cercle qui faisait furieusement penser à un rituel magique.


4 - Rituel noir et feu libérateur
Si le vampire laissait clairement entendre qu'il allait nous sacrifier dans d'atroces souffrances, tout n'était pas noir pour autant ; même si à ce moment-là il ne m'aurait pas fallu grand-chose pour désespérer et accueillir la mort comme une libération. Mais il restait quelque espoir, notamment parce que je n'étais plus paralysé, et parce que le vampire profitait tellement de ce qu'il faisait qu'il faisait durer le plaisir. Et certains de mes compagnons et moi-même étions bien disposés à en profiter. Les tortures commencèrent, psychologiques tout d'abord : le vampire sortit d'un sac diverses choses chères à certains de mes compagnons, qu'il sacrifia en prenant son temps et en riant de leur émoi : un corbeau vivant mais plus pour longtemps (au grand dam de Saoirse), un grimoire nain lié à Zarin, le matériel d'alchimie de Burzum... Pendant tout ce temps, je tâchais de me libérer de mes liens. J'avais essayé d'utiliser mes pouvoirs elfiques mais le monstre avait clairement laissé entendre qu'il sentait ma magie et il m'avait forcé à l'arrêter. Mais je ne renonçai pas, et je vis Beran et Zarin, très costauds, tirer sur leurs liens et les distendre petit à petit.

Le vampire se tourna enfin vers mon amie Lotheryn et moi-même, après un temps bien long. Nous fûmes amenés au centre du rituel, tandis que la créature se plaisait à nous préparer un sort pire que la mort, selon ses dires ; une transformation éternelle, sans libération possible, une éternité de tourments à son service, et pire encore à l'écouter. Il en faisait tellement qu'il ne me vit pas brûler les derniers liens qui me gênaient encore. Il avait même retiré nos bâillons pour entendre nos cris. Fleur des Bois et moi-même avions essayé d'utiliser notre charme elfique, mais sans succès. En revanche, j'avais repéré depuis un moment, sur le sol, non loin, l'amulette que portait mon amie et que le vampire avait juste jetée, comme dégoûté. Et je sentais que Zarin et Beran étaient très près de se libérer...

J'étais libre à présent, mais je ne tenais pas à le faire savoir trop tôt, ni à l'archer qui m'avait amené ni au vampire près de moi. Mais lorsque je sentis Zarin et Beran foncer vers nous, je bondis vers le sol, esquivant une éventuelle attaque de griffes ou d'épée et m'emparant de l'amulette à terre. Beran prit un brandon dans un feu tandis que le nain subtilisait son épée à l'archer qui tenait Lotheryn. Le vampire blessa mon compagnon nain qui résista au poison des griffes, tandis que les deux archers, effrayés tant par la bête que mes compagnons, reculaient. Beran brûla le visage du vampire à l'aide du brandon, ce qui nous rappela que ces créatures semblaient sensibles au feu. Libérée de l'humain qui l'avait amenée et oubliée par le monstre, je rejoignis Lotheryn et lui mit l'amulette au cou, avant de la libérer de ses liens. Elle utilisa alors les pouvoirs de l'amulette, comme elle l'avait fait auparavant, pour envoyer un trait de feu magique dans le dos du vampire, trait de feu qui le consuma entièrement ! Et mon amie s'effondra sur le sol, drainée de ses forces par les pouvoirs de l'amulette.

Les deux archers s'enfuirent mais furent rejoints et tués par mes compagnons guerriers. Tous furent libérés, le peu de matériel pris sur les corps fut réparti entre nous ; je pris ainsi un arc court et une dague. La pommade de soin - du baume orc selon Burzum - fut récupérée ainsi que d'autres herbes ou poisons. Je fis des soins, en utilisant aussi la magie enseignée par maître Elrond, afin d'aider mes compagnons à récupérer, et je veillai sur eux pour le reste de la nuit. Au matin, quand ils se réveillèrent, je plongeai dans un sommeil magique réparateur. Lotheryn était toujours inconsciente et extrêmement faible, entre les blessures reçues par les flèches et l'épuisement engendré par l'utilisation de l'amulette magique. Elle respirait à peine et aurait le plus grand mal à survivre à son état, mais j'allais m'employer le mieux possible à lui donner toutes ses chances...

Le semi-homme, au matin, alla chercher de la nourriture pour l'ensemble du groupe. Plus tard, nous utiliserions le brancard ayant servi à Beran pour transporter Lotheryn avec soin à une distance du lieu du rituel, dans un nouveau camp. Ledit rituel fut détruit peu après, car il semblait que sa magie était toujours active. Je suivis les traces des autres archers à cheval mais ils étaient déjà loin, et avaient progressé hors sentier, ce qui serait plus long à suivre. De toute manière mon amie Fleur des Bois n'était pas transportable en l'état. À l'aide de mes sorts et mes soins, ou d'herbes trouvées par Burzum, tous furent à peu près guéris de leurs blessures au bout de deux jours, sauf Lotheryn. Au bout de quatre jours, l'état de cette dernière s'améliora un peu, mais elle restait toujours inconsciente, et très faible. Mais l'espoir était permis de la voir se réveiller peut-être bientôt. Fallait-il alors rester là quelques jours de plus pour qu'elle puisse continuer à guérir paisiblement, ou tenter de la déplacer au risque d'aggraver son état ? Et pour aller où ?


Ainsi s'achève ce nouveau récit, ami·e·s qui m'écoutez. J'espère que vous l'aurez aimé, et notamment toute l'ironie derrière le destin du chef des archers, Acton, et du deuxième vampire : le premier avait succombé sous le sang d'un semi-homme mortellement blessé tandis que le second périssait grâce au don de soi d'une guérisseuse elfe ! Sans compter le travail d'équipe que cela avait demandé, et qui réparait un peu le manque d'esprit d'équipe qui avait été la source de notre (quasi) perte. En effet, si nous étions restés plus solidaires, tous ensemble, nous aurions sans doute mieux résisté à l'adversité. Oui, ce fut une aventure et un récit pour moi plein d'enseignements...
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 10e partie

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Merci à vous toutes et tous qui venez m'écouter et avez la patience de me laisser poursuivre le récit de mes aventures au milieu des mortels. Et de la patience il m'en faut à moi aussi pour vous conter mes apprentissages au sein du monde de ces mêmes mortels. La complexité et l'absurdité de leur mode de vie a de quoi laisser pantois, et plus j'apprenais à les connaître, et plus je me disais qu'ils n'avaient nullement besoin des orcs ou autres créatures ténébreuses pour s'empoisonner la vie : ils y arrivaient très bien tous seuls... Mais voici le récit de la fin d'une aventure et du début d'une nouvelle.


1 - Guérison et magie nouvelle
Nous fûmes plusieurs, et moi le premier, à juger que Lotheryn n'était toujours pas transportable : même si son état s'était amélioré, elle restait très faible, et je devais m'occuper d'elle en permanence, comme notamment pour la faire boire, m'occuper de son corps et utiliser la magie des soins pour l'aider à vaincre son état d'épuisement total. Hormis si nous voulions à nouveau scinder le groupe en deux, il fallait donc rester sur place et dire adieu aux équipements que les archers d'Acton avaient volés et emportés. Nous restâmes donc ensemble, avec une seule exception : Beran et Saoirse, humains et habillés (sur les corps des deux archers restés avec le vampire), partirent dans les environs chercher un village proche, notamment pour nous trouver des vêtements. Ce qu'ils firent, et ils revinrent le lendemain, avec une pièce de bronze en prime : l'amie des corbeaux, très douée avec sa langue, avait su enchanter les gens avec ses histoires... Après quelques ajustements des hardes récupérées, nous étions tous à peu près présentables.

En revanche, tous ces jours-ci, une bizarrerie devint de plus en plus évidente à mes sens magiques. Je n'en avais pas parlé lors de mon précédent récit, mais après quelques nouveaux jours il n'était plus possible d'en douter : une nouvelle magie était à l'œuvre sur nous. Et quelle magie ! Parfois l'un d'entre nous se retrouvait comme "téléporté" auprès d'un autre membre du groupe, lorsque ce dernier s'y attendait le moins... Et quand je dis téléporter, la vérité était même plus étrange que cela : l'un d'entre nous se trouvait à deux endroits à la fois ! Il surprenait un compagnon dans un moment parfois très intime, et était vu par ledit compagnon, tout en étant toujours présent ailleurs, à faire ses affaires loin de là !

La première fois avait eu lieu un moment où je me morfondais, et où Beran était soudain apparu à mes côtés... alors qu'il était ailleurs. Et il avait bientôt disparu d'un coup... Mais les jours suivants, le même phénomène se reproduisit, avec d'autres personnes, et je pus sentir de la magie active : Beran et Saoirse furent affectés le 2e jour, et Burzum et moi le 3e. Ce qui me permit de comprendre pourquoi les récoltes de champignons n'étaient pas si bonnes dernièrement : lorsque ma conscience fut téléportée aux côtés du semi-homme (tout en restant auprès de Lotheryn), je découvris que notre petit compagnon aux pieds velus, parti chercher à manger, était en fait en train de manger les meilleurs morceaux...

Alertant mes compagnons, nous cherchâmes une explication à ce phénomène. Burzum proposa de faire un rituel de purification sur le site du rituel maléfique, en utilisant l'amulette qui avait été source de conflit dans le groupe. Ce qui fut fait, avec chants et danse, et qui sembla améliorer l'état de la nature... et de la magie naturelle. En tout cas Saoirse ne sentait plus de perturbations à ce niveau, comme lors des derniers jours. Par contre, d'autres "téléportations" intempestives continuaient, touchant n'importe lesquels d'entre nous, à l'exception de Lotheryn... Cette dernière avait l'air d'aller toujours un peu mieux, mais son état évoluait lentement, et faute de nourriture elle risquait de s'affaiblir de plus en plus. Et puis un jour, un point lumineux apparut dans le ciel, grossissant de plus en plus et prenant la forme d'un oiseau de feu que nous avions déjà vu, et qui se posa près de nous. Suivi, peu après, par un cheval bien chargé et monté par le seigneur Taurgil Melossë...

2 - Explications et retour à Minas Brethil
Si le seigneur Melossë s'attaqua très vite à utiliser sa puissante magie des soins pour accélérer la guérison de Lotheryn, ce que j'appréciai, en revanche son côté dominateur et autoritaire, et très humain, continue à me rester en travers de la gorge. Tandis qu'il préparait une infusion d'athelas pour aller avec sa magie, il nous morigénait concernant nos erreurs et imperfections, comme les petits soldats que nous étions pour lui. Manifestement, il en voulait à ses troufions de ne pas avoir été assez bons et de le forcer à intervenir en personne. Que ne nous a-t-il pas mieux choisis, équipés ou préparés alors ! Il fut particulièrement dur avec Burzum, qu'il condamna à un mois de travaux forcés à Minas Brethil, et le suivi d'un médecin pour savoir s'il pouvait continuer à servir après cela. Comme il est facile à un humain d'esquiver la question de ses erreurs en se défaussant sur ses outils...

Néanmoins, sans doute conscient en partie de ses imperfections, il nous livra un certain nombre d'explications. Elles seraient trop longues à détailler ici, mais au moins l'origine de la magie nouvelle qui nous affectait était claire : lui-même. Pour simplifier, disons qu'il était le vecteur de la magie transmise par un Maia du nom de Filegrinnauriel, esprit prenant la forme d'un oiseau de feu et patron de la guerre, du chant et de la danse. Nous avions été marqués comme appartenant à un même "clan gémique", ce qui nous offrait divers pouvoirs de communication et partage, entre autres, qu'un apprentissage nous permettrait de maîtriser. Il resta d'ailleurs une journée avec nous, non seulement pour parachever la guérison de mon amie, mais aussi pour nous enseigner à utiliser ce "sens gémique". En nous prévenant aussi de ses inconvénients : un lien plus fort entre membres d'un clan peut avoir des conséquences graves en cas de blessure voire mort d'un membre, et d'autres utilisateurs de cette magie peuvent aussi espionner des débutants à distance, entre autres choses...

Reconnaissons-lui tout de même une certaine honnêteté : il ne se contenta pas de parler de ces inconvénients, mais il offrit aussi une solution. Il nous parla d'un rituel, à Minas Brethil, qui permettrait de "sortir" du clan dans lequel il nous avait mis sans nous demander notre avis. Et il offrit également une drogue, ainsi que la recette pour en faire davantage, afin de se fermer à un éventuel espionnage magique par d'autres utilisateurs de cette magie. Quant à la raison de cette magie donnée aux peuples libres, elle n'était pas très claire. Nous apprîmes l'histoire de Filegrinnauriel, Maia en conflit avec d'autres Maiar comme Tevildo ou Sauron, et avec un vampire puissant appelé Baugroniônthuringwath. Manifestement, le conflit était encore loin d'être réglé, et l'oiseau de feu avait besoin de serviteurs pour le libérer. Taurgil était devenu l'un de ses serviteurs, et manifestement il nous avait embauchés sans trop nous demander notre avis...

Nous apprîmes bien d'autres choses de la part du seigneur Melossë, notamment concernant le médaillon à patte de rapace qui aidait aux soins ou permettrait de tirer un trait de feu magique. Ce médaillon semblait lié au Maia à libérer et source du "sens gémique", et d'autres médaillons similaires existeraient et seraient nécessaires pour la libération du Maia. Nous eûmes aussi l'occasion de revoir l'elfe Orophal avec qui Lotheryn et moi avions voyagé, elfe qui fut aussi copieusement enguirlandé par Taurgil, là encore comme s'il n'était rien d'autre d'un soldat incompétent à son service... Mais bon, tout cela prit fin lorsque Taurgil expliqua qu'il devait repartir continuer sa mission, et nous devions retourner à Minas Brethil où une nouvelle mission nous attendait... si nous le voulions bien. Car au bout du compte, nous avions réussi la première : nous avions pacifié la région, éliminé le mangeur de chevaux et le sorcier qui le maîtrisait. Nous apprîmes qu'en fait il avait été tué d'un trait de feu par Burzum lorsqu'il avait mis la main sur le médaillon. Il est vrai que le semi-homme n'était pas très causant...

Nous avons donc repris la route, à pied, avec nos maigres effets, deux jours après l'arrivée de Taurgil - le temps nécessaire à la guérison complète de mon amie Fleur des Bois. Contrairement à l'aller, nous sommes passés par le nord et l'ouest, et le cœur du Rhudaur, les Fourrés aux Trolls. En effet, le chemin que nous avions pris à l'aller avait été trop défoncé par la tempête magique. Nous avons traversé la région contrôlée par le seigneur Melossë sans nous y arrêter, et d'autant plus que nous n'avions pas d'or à dépenser. Les Fourrés aux Trolls, mal fréquentés, furent rapidement traversés à l'aide entre autres de nos chants elfiques, à Lotheryn et moi. Je réussis en fait à chanter toute la journée sans en éprouver de fatigue, hormis au début, à mon grand étonnement. Mais nous en fûmes tous ravis car cela nous évita d'être encore sur place à la nuit tombée. Au bout d'un peu plus d'une semaine, nous étions à nouveau à Minas Brethil : notre mission pour le seigneur Melossë était terminée. Restait à connaître la nouvelle...

3 - Entraînements, recherches et rumeurs
Mais avant de parler de nouvelle mission, certains voulurent connaître les récompenses liées à celle qui venait de se terminer. Pour Burzum, il avait surtout gagné son mois de travaux forcés, suite à son comportement qui nous avait mis en danger, d'après Taurgil. En tout cas, en remerciement de l'aide que nous avions apportée, nous reçûmes chacun une monture équipée et harnachée, soit un cheval pour chacun d'entre nous. Le semi-homme, vu sa taille, gagna un poney, plus un peu d'or pour compenser la différence par rapport aux autres membres du groupe. Au cours actuel du cheval, qui valait au bas mot dix pièces d'or, c'était une récompense conséquente, et qui risquait de bien nous servir... à condition de savoir s'en servir. Peut-être certains furent-ils tentés de vendre leur cheval pour acquérir d'autres biens, notamment des armes ou armures qu'ils avaient perdues. Pour ma part, j'estimais que monter à cheval nous avait manqué lors de la précédente aventure, et je passai une semaine à apprendre les bases de l'équitation.

De toute manière, il semblait que nous avions deux semaines avant d'en savoir plus. En effet, l'intendante de Minas Brethil, Jayelle, avait requis l'aide de compagnies d'aventuriers pour une date située deux semaines après notre arrivée. En plus de l'apprentissage de l'équitation, je passai du temps en bibliothèque - et je ne fus pas le seul - afin d'en savoir plus concernant l'histoire de Filegrinnauriel et autres Maiar ou vampires. Sans vraiment en apprendre plus que ce que Taurgil avait pu nous dire. Mais je laissai aussi traîner mes oreilles à droite et à gauche : si j'avais du mal à me mêler aux autres mortels et à socialiser avec eux, cela ne m'empêchait nullement d'écouter ce qu'ils se disaient. Saoirse, de son côté, avait beaucoup plus de facilité à se mêler à eux et à obtenir des informations voire confidences... Nombreuses étaient les rumeurs largement partagées, et au final nous n'eûmes pas trop de mal à apprendre qu'au sein des armées du seigneur Melossë, tout ne tournait pas parfaitement rond.

Le contraire m'aurait sans doute étonné, bien sûr. Néanmoins, cela semblait poser de vrais problèmes à Taurgil. Malgré sa popularité auprès des Hommes des Collines, il semblait que des tensions perduraient. De plus, les armées éothraim, largement composées de guerrières nordiques, posaient problème aux guerriers dúnedain issus de l'Arthedain ou du Cardolan. Si j'ai bien compris, ces derniers avaient un code de conduite assez strict, alors que les guerrières nordiques avaient une vie sentimentale assez... libre, au point de choquer les Dúnedain ! Mais surtout, il y avait des dissensions entre les trois armées éothraim et leurs chefs :
- Éogar, commandant des troupes de Fort Grim, dans l'est du Rhudaur
- Cenric, commandant des troupes de Dol Elril ou Elerilde, non loin du Dernier Pont sur la Mitheithel, à l'ouest
- Bronwyn, cheffe des troupes de Barad Galen, au milieu de la Grande Route de l'Est

De ce que j'en ai entendu dire, les deux premiers se détestaient et les conflits entre leurs guerriers et guerrières, qui provenaient de deux tribus différentes du Rhovanion (Gadraughts et Algifryonds), atteignaient des sommets. Autrement dit, si rien n'était fait, les combats individuels risquaient de dégénérer en combat à plus grande échelle. Avec cela, les deux commandants courtisaient Bronwyn qui ne pouvait voir aucun des deux... ou qui que ce fût, d'ailleurs. Quoique, il y avait peut-être anguille sous roche, d'après d'autres rumeurs. En effet, il était question aussi de l'arrivée récente d'amis de Taurgil, à savoir le seigneur Narmegil Eldanar, et sa fille demi-elfe Míriel. Or, avant leur arrivée, Bronwyn était à Minas Brethil. Mais lorsqu'ils s'installèrent dans le château de Taurgil, elle partit au triple galop et dans un état de grand énervement, d'après les rumeurs. Et depuis elle restait cloîtrée dans son donjon sans vouloir voir personne...

4 - Nouvelle mission et enfant demi-elfe
Mais enfin arriva le jour de convocation des mercenaires prêts à aider le seigneur Melossë. Contrairement à la convocation précédente, les gens ne se bousculaient pas. Autrement dit, nous étions les seuls intéressés potentiels. Nous fûmes donc escortés jusqu'au grand hall du donjon, grande pièce pleine de trophées - dont deux têtes de dragon - et d'armes de qualité en tout genre, entre autres choses. Mais surtout, c'est là que trônait le seigneur Taurgil Melossë, accompagné de nombreuses personnes importantes, à savoir :
- à sa droite : sa fiancée (dúnadan), dame Elosian, belle mais à l'air triste ; son ami (et seigneur dúnadan) Narmegil Eldanar, solide guerrier accompagné de sa fille de 4 ans, Míriel
- à sa gauche : son intendante (nordique) Jayelle ; et ses trois capitaines, à savoir : Aendir (guerrier dúnadan, maison Eketta), Wídwena (jeune éothraim) et Garavon (rôdeur dúnadan, maison Tarma)

Nous fûmes présentés comme la "compagnie gémique", et invités à nous présenter et à faire le bilan de l'aventure passée. Ce qui était bien au-dessus de mes forces de parler à tous ces mortels, et je demandai à mon amie Lotheryn de bien vouloir m'excuser et me présenter, ce qu'elle fit. Les autres se présentèrent de manière plus ou moins brève, mais pour ma part je me focalisais surtout sur cette Míriel : lors des conversations, son père avait du mal à ne pas la suivre des yeux, et manifestement elle semait la terreur parmi les serviteurs présents, voire les autres. En tout cas, assez rapidement, je m'approchai d'elle et tentai de l'intéresser avec des tours et des jeux. Et j'eus un certain succès avec elle, même si ce fut au prix d'une certaine fatigue pour arriver à gérer cette petite tornade ! Elle en profita d'ailleurs pour essayer de semer compagnie (et semer le bazar partout où elle passait), mais je pus la suivre sans mal et rattraper les objets qu'elle ne manquait pas de faire tomber, au grand soulagement des serviteurs et autres...

Mais pendant ce temps, Taurgil expliquait son problème et la mission à accomplir : résoudre le conflit entre les deux capitaines éothraim et leurs guerriers et guerrières. En bref, il avait une guerre à mener, et il ne pouvait pas gérer ces conflits qui sapaient son autorité et menaçaient ses opérations. Il lui fallait des gens indépendants, liés ni à l'un, ni à l'autre, ni au seigneur Melossë, pour trouver une solution pacifique. Des gens nouveaux, ayant fait leurs preuves, comme nous... Il nous était plus ou moins demandé d'organiser un mariage entre les deux tribus, pour les unir de manière pacifique, et malgré une haine farouche entre personnes des deux bords. J'étais plutôt d'avis de leur trouver un ennemi commun, mais il semblait que cela ne suffirait pas. En plus, le mariage devait être équilibré, car j'imagine que les peuplades nordiques avaient un système de dot qui devait compliquer les choses. Intérieurement, je me disais que le seul moyen serait sans doute d'organiser non pas un mais deux mariages, avec une femme et un homme de chaque bord... si cela pouvait se trouver !

Nous furent ensuite présentées diverses personnes susceptibles d'être mariées, des deux côtés, (petits-)fils ou filles ou cousin, avec leurs noms, âges et autres faits marquants (ou non). Il était à noter, tout de même, que plusieurs d'entre elles étaient des fans de Bronwyn, qui semblait être une personne exceptionnelle... et toujours célibataire. Justement, en échangeant avec la petite tornade demi-elfe, elle finit par m'avouer quelque chose d'intéressant. Je savais déjà, par des rumeurs, que son père et elle étaient venus avec une personne grosse et dépressive, personne qui passait son temps à dormir, boire ou pleurer. Personne qui semblait être un invité important et non un quelconque serviteur. Mais la petite Míriel m'avoua, au cours de nos échanges, que ce n'était pas son père qui avait fait fuir Bronwyn, mais bien cet ami gros et dépressif. Manifestement Bronwyn et lui s'étaient fâchés, la cheffe nordique avait même voulu quitter ses fonctions dans l'armée.

Mais bon, au bout du compte, Taurgil et les autres nous demandèrent si nous étions prêts à servir - officiellement - de messagers pour demander aux capitaines de faire la paix entre eux. Et, officieusement, d'unir leurs tribus à travers un mariage ou quelque chose qui marcherait aussi bien. Pour une fois que l'on ne nous demandait pas de nous battre, j'étais plutôt intéressé. J'acceptai donc, même si jouer les entremetteurs pour des mariages me paraissait très difficile à envisager... Mais au minimum cela pourrait se révéler intéressant, même si j'appréhendais de passer autant de temps au milieu de tous ces mortels !


Et ainsi s'achève ce nouveau récit, bonnes gens d'Imladris et au-delà. Mais ce n'est que le début d'un autre récit à venir, un récit qui déjà s'impose dans ma tête par de multiples questions. Qu'est-ce qui pousse certains mortels à préférer vivre dans la colère ou le chagrin alors que l'amitié voire l'amour sont là pour les unir ? Pourquoi certains se haïssent-ils encore pour des raisons qu'ils ont oubliées ? Mais après tout, sont-ils si différents de certains elfes, qui sont à l'origine de nombreuses guerres ? Décidément, je suis confondu par la sagesse et la patience de maître Elrond, qui a passé sa vie au milieu tant des elfes que des humains, à les comprendre et les aider.
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 11e partie

Message non lu par Niemal »

Merci une nouvelle fois pour votre présence, vous toutes et tous qui êtes là pour me faire l'honneur d'écouter mes histoires. À nouveau je vais parler de mes démêlés avec les mortels, et comment petit à petit j'essaye de les comprendre voire de les aider. Force m'est de reconnaître que le seigneur Elrond a eu raison à mon sujet : progressivement, je sens qu'il m'est plus facile de me mêler à eux, de supporter leurs défauts, d'échanger et même travailler avec eux à des objectifs communs. Je dois même reconnaître que ma défiance à leur sujet est souvent un obstacle à ces objectifs, et que je m'appuie de plus en plus sur certains de mes compagnons pour dépasser mes problèmes d'intolérance...


1 - Espionnage et déchéance
Nous restâmes encore quelques jours à Minas Brethil afin de nous préparer encore un peu et d'essayer d'en savoir davantage. En plus d'équipement de qualité qui me fut fourni à crédit, je laissai traîner mes oreilles afin d'en savoir plus sur la personne dépressive à l'origine de la fureur de Bronwyn, et qui portait le nom de Geralt. J'utilisai même la petite Míriel pour essayer de confronter le personnage en question : je la poussai à le faire réagir comme elle savait si bien le faire, en tambourinant à sa porte ou en faisant du bruit pour le déranger et le faire sortir de sa chambre, tandis que je me tenais non loin. Ses quartiers m'étaient interdits mais ma discrétion m'avait permis de passer outre cette interdiction. Lorsque Geralt, excédé par la petite, ouvrit sa porte pour lui crier après, il me trouva en face de lui. Malheureusement cela ne donna rien de bon, et le contact fut bien vite rompu. Avec des conséquences ultérieures comme une punition pour ma petite amie et, pour moi, un avertissement de ne pas remettre les pieds là...

Je poussai aussi Lotheryn à aller voir le seigneur Narmegil Eldanar, père de la petite demi-elfe, mais elle fit elle aussi chou blanc : elle put rencontrer le seigneur dúnadan en question, mais il lui mentit plutôt que de lui parler de la source des problèmes entre Geralt et Bronwyn, problèmes que Míriel m'avait rapportés. Elle avait en effet été témoin d'un conflit entre les deux à Bar Edhelas, là où elle vit d'ordinaire avec ses parents, dans la Comté. Lotheryn alla aussi chercher des informations du côté des soigneurs du château, qu'elle questionna à propos de Bronwyn ou de ses armées. Mais en dehors de détails concernant divers guerriers du coin, elle n'apprit rien de spécial : Bronwyn était une guerrière en parfaite santé et ses armées étaient bien équipées et ravitaillées.

Mais Saoirse finit par avoir le fin mot de l'histoire. Dans les tavernes ou à l'aide de ses corbeaux qui étaient ses amis, elle avait déjà appris diverses choses, notamment concernant le conflit entre les deux clans éothraim en conflit, Gadraughts et Algifryonds - une histoire de meurtre dans le Rhovanion plus d'une génération auparavant, une situation qui n'avait fait que pourrir... Elle avait aussi appris de certains guerriers nordiques qu'autrefois Geralt était un excellent combattant, qu'il avait battu Bronwyn lors d'un grand tournoi, chez eux, qu'il avait tué un dragon, et plein d'autres prouesses. Mais rien qui expliquât sa déchéance actuelle. Elle demanda alors à Burzum si, malgré leur récent problème relationnel, le hobbit pouvait lui fournir quelque potion qui pourrait aider à faire parler Geralt mieux que l'alcool. En effet, même en état d'ébriété, ses corbeaux n'avaient pas appris grand-chose de lui. Burzum s'exécuta, et Saoirse mit son plan à exécution.

Quel était ce plan ? Elle approcha une des rares servantes autorisées à entrer dans la chambre de Geralt pour nettoyer ou apporter à manger. Toujours douée pour se lier d'amitié avec les personnes les plus diverses, elle obtint de pouvoir la remplacer en prenant son apparence. Maquillée, elle put ainsi entrer dans la chambre de Geralt, qui but et mangea bien vite tout ce qu'elle avait apporté, tandis qu'elle traînait en faisant mine de ranger ou nettoyer... et en le pressant de questions. Questions auxquelles il finit par répondre, sous l'effet de la drogue préparée par Burzum. Elle apprit ainsi bien des choses sur le personnage, qu'elle laissa après un moment. Puis elle vint partager son savoir avec nous et féliciter le hobbit pour sa potion. Nous apprîmes aussi plus tard que la servante avait été vue ailleurs en même temps, et qu'après cela les gardes se méfiaient bien davantage... Mais en tout cas le fin mot de l'histoire avait pu être découvert.

Manifestement, Saoirse n'avait pas compris tout ce que Geralt lui avait dit. Mais il semblait qu'il était autrefois le chef des assassins de la guilde des voleurs de Tharbad. Il avait laissé des amis diriger les assassins, mais ils furent tués par d'autres assassins, ainsi que de nombreux amis à lui de Tharbad ou d'ailleurs, comme deux seigneurs dúnedain. Il revint pour se venger et tuer - parfois sauvagement - tous ceux responsables de près ou de loin de la chose. Si grande était sa haine qu'il faillit tuer des soigneurs qui s'occupaient d'assassins blessés qu'il voulait achever. Mais il finit par être maîtrisé et remis à Narmegil, comme prisonnier. Il semblait que le souvenir de ce qu'il avait fait le hantait encore. Lorsque Bronwyn était venue - une nouvelle fois - lui déclarer sa flamme pour lui, il l'avait rejetée de manière brutale, lui disant qu'il ne l'aimait pas et qu'il ne l'aimerait jamais. Et à présent il était une loque humaine qui ne se considérait bonne qu'à faire le malheur des autres.

2 - Barad Calen et nouvelle menace
Le groupe d'aventuriers dont je faisais partie se réunit donc pour partager toutes ces informations et prendre une décision sur la suite à adopter. Nous n'avions plus rien à faire ici, et pour aider au rapprochement des nordiques et éviter un conflit, il fallait aller les voir directement. Une majorité était d'accord pour commencer par Barad Calen, fief de Bronwyn, qui semblait avoir un ascendant certain sur de nombreux nordiques. Et nous y apprendrions peut-être quelques éléments importants concernant les deux autres généraux et leurs familles. Nous fûmes bientôt partis, à cheval cette fois-ci, ce qui n'était pas si facile pour les débutants que nous étions. Du coup nous arrivâmes après la tombée de la nuit... et la fermeture des portes de la forteresse. Mais nous pûmes facilement faire un camp à proximité, camp qui nous servit d'ailleurs par la suite. Au passage, notre voyage nous montra que les patrouilles avaient été renforcées depuis notre précédent voyage.

Il fut décidé de demander audience à Bronwyn en soirée, pour avoir le temps d'espionner et glaner divers renseignements auparavant, tant à l'aide des corbeaux de Saoirse qu'en furetant çà et là. Notre amie des corvidés avait une grande facilité à faire se délier les langues dans les tavernes, surtout si elle conservait l'amulette magique qui permettait aussi de mieux soigner ou de lancer un feu magique. Elle apprit donc que le conflit entre Gadraughts et Algifryonds aurait commencé dans le Rhovanion plus de trente ans auparavant, mais pas les détails. Elle entendit aussi, ce qui fut confirmé par les corbeaux, que Bronwyn restait enfermée depuis son retour et laissait l'essentiel de la gestion de la forteresse et des armées à son vieil et discret second, du nom de Balere. Tout au plus s'entraînait-elle le matin, avec fougue voire colère à peine retenue, mais elle faisait le minimum vis-à-vis de son rôle de chef. Saoirse apprit aussi quelques détails concernant deux "mariables" potentiels, Esmund et Mildryd, qui avaient perdu leur proche famille dans la Grande Peste, comme beaucoup d'autres...

De mon côté, je faisais le tour de la ville avec Lotheryn, les oreilles bien ouvertes. En plus d'entendre, comme les autres dans les tavernes, des histoires sur les compagnies de mercenaires dont une seule était revenue (et dépouillée de son équipement), un autre élément revenait assez régulièrement dans les rumeurs : des histoires d'araignées géantes... qui n'avaient jamais été vues dans le Rhudaur auparavant. Bien sûr, de nombreux récits étaient exagérés, mais la persistance de ce détail dans les rumeurs semblait indiquer qu'il y avait un fond peut-être sérieux. Il semblait bien que quelque chose se passait dans les Fourrés aux Trolls, entre Barad Calen et Dol Cultirith au nord. Et puis le soir arriva et nous fûmes convoqués devant le second de Bronwyn, cette dernière ne souhaitant toujours voir personne.

La réunion fut brève et peu constructive. Nous étions en dehors de la hiérarchie militaire, ce qui gênait. L'impression était donc que, en tant que "compagnie gémique" envoyée par le seigneur Melossë, on nous tolérait et nous étions libres d'aller où bon nous semblait, mais guère plus. Nous apprîmes tout de même que les patrouilles entre Barad Calen et Dol Cultirith avaient été supprimées. De son côté, Balere fut surpris d'apprendre que des rumeurs circulaient au sujet d'araignées géantes, aucune confirmation n'ayant été faite. Et comment cela aurait-il pu se faire, sans patrouille pour enquêter ? Nous déclarâmes donc que nous irions enquêter de notre côté. Un corbeau appelé peu après par Saoirse confirma d'ailleurs qu'une nouvelle créature était à l'œuvre dans les Fourrés aux Trolls, quelque chose qui pouvait bien être une araignée géante, et il donna l'emplacement très approximatif. Après débat, il fut décidé de laisser les corbeaux chercher un peu et, en attendant, d'aller poursuivre notre tour des généraux par l'ouest. Direction : Dol Elerilde, un peu au nord du dernier pont sur la Mitheithel.

3 - Conflit à éviter... en en rajoutant
Mais en vérité, nous ne devions pas arriver là-bas aussi tôt, car le destin avait mis sur notre chemin un test grandeur nature de la tâche qui nous incombait : éviter les conflits entre les deux clans nordiques ennemis. En effet, nous vîmes bientôt deux groupes d'une vingtaine de cavaliers chacun converger et entamer une sorte de joute verbale. J'étais devant avec Burzum, qui m'expliqua que c'était une coutume des nordiques mais que cela pouvait facilement dégénérer car prétexte à s'injurier et à faire monter la température, si personne ne voulait faire preuve d'humilité. Et mon petit compagnon, qui maîtrisait très mal la langue nordique dans laquelle se déroulait la joute, décida de participer pour montrer qu'il était meilleur qu'eux. Ce qui fut assez mal pris par les nordiques, qui se sentirent insultés par les nouveaux venus que nous étions...

Mes autres compagnons, qui avaient perçu d'une manière ou d'une autre ce qui était en train de se passer, se rapprochèrent vivement pour éviter ce qui risquait d'arriver : un nordique éperonna son cheval et le dirigea à grande vitesse vers le poney du hobbit, l'air agressif, mais sans lever d'arme. Les paroles d'apaisement de Lotheryn ou le signe de paix que je fis n'eurent aucun effet. Les mots de Saoirse firent ralentir un peu le cavalier, mais il arriverait quand même bien avant Beran qui avançait pour pouvoir s'interposer. Heureusement ce n'était qu'une feinte destinée à faire peur au poney. Ce dernier fit un mouvement brusque : paniqué, il désarçonna Burzum, et il s'enfuit. Les nordiques se mirent à rire devant la chute du hobbit, qui se mit à les insulter, même si Lotheryn arriva bientôt à le gêner, à défaut de le faire taire complètement. Heureusement, les paroles mielleuses de Saoirse firent baisser la tension d'un cran, l'incident fut clos... pour ce qui nous concernait.

Car les nordiques souhaitaient bien reprendre là où nous les avions interrompus, et manifestement les armes risquaient de bien vite sortir, malgré les efforts de Saoirse pour calmer les esprits. Alors je me surpris moi-même en m'interposant et en appelant les nordiques à l'aide, avec suffisamment de persuasion dans la voix pour les pousser à m'écouter. Je leur parlai d'un ennemi commun que nous devions affronter, s'ils avaient le courage de le faire, mot qui entraîna une réaction certaine. Saoirse reprit tout de suite cette idée de courage - courage qu'ils avaient, bien entendu - pour les faire réfléchir et abandonner leur idée de confrontation et de venger l'honneur par les armes. Et cela fonctionna : les nordiques des deux bords reprirent leurs esprits, certains éprouvant même une certaine honte à s'être si bien échauffés alors qu'il y avait peut-être d'autres priorités...

Au bout du compte, les deux groupes se séparèrent sans combattre. Les Algifryonds retournèrent vers l'ouest et leur forteresse, tandis que les Gadraughts acceptaient de nous accompagner pour enquêter sur la menace dont je leur avais parlé. La perspective d'aller dans les Fourrés aux Trolls pour y débusquer de possibles araignées géantes ne les rassurait pas, mais mentionner leur courage les avait apparemment piqués au vif. Nous retournâmes donc d'abord à Barad Calen, puis nous prîmes la route vers Dol Cultirith. En chemin, Saoirse fit une nouvelle fois fonctionner sa langue et elle arriva à apprendre la source du conflit qui opposait les deux clans. Il semblait qu'un neveu de Cenric avait été tué dans des conditions floues alors que divers Gadraughts étaient présents. Puis les esprits s'étaient échauffés, des duels ou actes de vengeance avaient été perpétués, le prix du sang n'avait pas forcément été payé, et le temps n'avait rien résolu.

4 - Les Fourrés aux Trolls
Alors que nous chevauchions - trop lentement au goût des nordiques - vers le nord, mon regard fut attiré par des mouvements furtifs dans les arbres, sur notre droite. Le lieu correspondait un peu à la zone des Fourrés aux Trolls que le corbeau avait indiquée à Saoirse. En me concentrant davantage, je finis par percevoir ce qui ressemblait bien à des araignées géantes, mais elles étaient justement en train de s'éloigner dans la profondeur des bois. Je prévins immédiatement le groupe qui s'arrêta. Les nordiques n'avaient rien vu, même si certains de mes compagnons avaient perçu quelque chose. Le chef des cavaliers voulait une preuve, et il envoya un de ses hommes, qui ne vit rien. Mais je l'avais accompagné, et je pus vite lui montrer des indices qui ôtèrent tout doute au nordique. Il revint donc annoncer à son chef qu'il y avait des traces claires d'araignées géantes, alors qu'elles n'avaient jamais été signalées dans la région.

C'était le milieu de la journée, et je proposai de profiter du reste du jour - c'était la fin de l'été - pour tenter de suivre les monstres afin de peut-être arriver à trouver leur nid. J'expliquai que j'étais un bon éclaireur, perceptif et très discret, mais que je ne pouvais entrer seul dans les Fourrés aux Trolls sans risquer pour ma vie. Les nordiques pouvaient me protéger en suivant à distance, et plus nous en saurions sur cette menace, plus leurs chefs seraient à même d'y mettre fin. Les nordiques acceptèrent ce plan, non sans appréhension, d'autant que les bois étaient trop denses pour les chevaux : il faudrait les laisser sur la route. Des cavaliers furent envoyés vers Barad Calen au sud et Dol Cultirith au nord afin de prévenir leurs chefs, et d'autres cavaliers furent laissés sur la route pour gérer les chevaux en attendant notre retour.

Je demandai l'aide de Burzum qui brûla un peu d'athelas pour nous éclaircir l'esprit et nous redonner du moral. Il me fit aussi profiter d'une infusion de bonneherbe pour être particulièrement motivé. J'entrai dans les bois maudits en suivant les traces des araignées, aidé par mes pouvoirs elfiques afin d'être le plus discret et perceptif possible. Très vite mes compagnons ou les nordiques ne purent plus me percevoir, mais j'avançais en laissant des indices clairs afin de pouvoir me suivre ou retrouver le chemin dans l'autre sens. Il était convenu que nous ne resterions pas trop longtemps, que l'expédition devait être sortie des Fourrés aux Trolls avant la nuit. En chemin, de nombreuses traces d'autres créatures furent croisées, comme orcs ou trolls, mais le nid des araignées que nous cherchions n'était toujours pas là et le soleil baissait au-dessus de la forêt. Il fallut se décider à faire demi-tour.

Nous n'étions peut-être plus très loin de la lisière de la forêt et de nos chevaux, mais encore trop loin pour les voir ou les appeler, quand je perçus du bruit derrière nous. Les araignées géantes revenaient sur nous, nombreuses et rapides. Elles étaient encore loin, mais nous n'aurions pas le temps de sortir de la forêt, où elles étaient dans leur élément. Et je percevais qu'elles étaient peut-être au nombre d'une trentaine, contre dix nordiques et six aventuriers à pied ! Il fallait très vite s'organiser avant leur arrivée. Lotheryn en particulier, qui les connaissait bien, devait tout nous dire à leur sujet tandis que nous nous préparerions à la confrontation. Je me dis aussi que je pouvais me rendre comme invisible et laisser les araignées me dépasser lorsqu'elles iraient à la rencontre du groupe. Un archer bien embusqué dans le dos d'un ennemi pouvait faire toute la différence. Avec Saoirse, qui avait le même pouvoir que moi, nous pouvions être deux à semer la mort dans les rangs des araignées.


Je vous remercie pour votre attention et m'excuse de ne pas poursuivre plus loin pour cette nuit. La suite de mes aventures chez les mortels, et la résolution du combat contre les araignées, fera donc l'objet du prochain récit. J'espère que j'ai pu piquer votre curiosité, comme la mienne l'était aussi alors : créatures venues du Grand Nord ou du Rhovanion, vampires et sorciers divers, Maiar des temps anciens... Qu'est-ce qui les attirait donc dans le Rhudaur, ces terres pauvres dénuées d'aucune richesse, sauvages et dangereuses ? Je crois que je n'ai toujours pas fini de me poser cette question...
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Niemal
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Les contes de Camalag - campagne du Rhudaur 12e partie

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Bonsoir à toutes et tous, qui venez m'écouter une nouvelle fois dans la demeure du seigneur Elrond. Je vais donc pouvoir reprendre mon récit où je l'avais laissé, alors qu'une importante horde d'araignées géantes était sur le point de tenter de nous réduire à l'état de nourriture pour arachnides. Dans mon nouveau récit vous verrez que bien des questions que je me posais n'ont trouvé aucune réponse. Mais à défaut de progresser dans la connaissance des raisons qui amenaient tant de conflit dans ces terres ingrates du Rhudaur, nous progressâmes au moins dans la maîtrise de certaines techniques, notamment guerrières. Comme vous vous en doutiez puisque je suis là à vous conter mon récit, nos ennemies à huit pattes allaient prestement s'en rendre compte...


1 - Un combat bien maîtrisé
Comme nous en avions convenu, Saoirse et moi-même nous étions écartés du reste du groupe, soit dix guerriers nordiques, des Gadraughts, formant un cercle avec le reste de nos compagnons : le nain Zarin, le hobbit Burzum, mon amie Fleur des Bois (Lotheryn en sindarin) et le Béornide Beran. Nous étions à une quinzaine de pas du groupe et l'un de l'autre, sur le chemin des araignées. Nous étions masqués par notre magie, et, immobiles, nous étions comme invisibles pour quiconque posait les yeux sur nous. Pendant ce temps, Lotheryn expliquait à toutes et tous les tactiques des araignées géantes, forte qu'elle était de son expérience du combat de ces créatures au sein des armées de Thranduil en Forêt Sombre. En bref, ces monstres cherchaient à paralyser leurs proies en les mordant et en leur injectant leur venin pour les dévorer plus tard à loisir. Pour cela elles essayaient de submerger sous le nombre elfes et humains, ou autres, notamment en se laissant tomber sur leurs ennemis depuis la hauteur des arbres. La suite montrera bientôt que son expertise des techniques et du combat des araignées géantes tenait peut-être à davantage que leur présence en Forêt Sombre...

Comme prévu, les araignées passèrent au-dessus de Saoirse et moi sans se douter un instant de notre présence. Quand les dernières furent passées, avant même d'arriver au-dessus du groupe, l'humaine et moi décochâmes notre première flèche, et deux araignées tombèrent, apparemment mortes. Interpelées, les autres araignées marquèrent un temps d'arrêt, cherchant l'origine des tirs. Quelques nordiques et Lotheryn en profitèrent pour tirer leurs flèches (une morte et quelques blessées), et Saoirse et moi fîmes partir chacun un autre projectile avec grand succès. Une partie des araignées resta en arrière pour repérer les tireurs qui les décimaient, et de nouveaux monstres furent blessés ou tués - ma troisième - quand le conflit changea brusquement. D'une part, Saoirse et moi fûmes repérés ; d'autre part, les autres foncèrent brusquement en direction non pas de l'ensemble du groupe... mais de mon amie Lotheryn, comme si elles s'étaient aperçues de sa présence et qu'elles avaient un fameux compte à régler avec elle ! Cette obsession fut mise à profit par mes compagnons pour la suite du combat...

Des trois qui vinrent vers moi, j'en abattis une première sans mal. Les deux autres étaient dans l'arbre au-dessus de moi, mais je tirai une nouvelle flèche qui tua une des deux - ma cinquième - tandis que l'autre se laissait tomber sur moi. Je pus éviter ou absorber l'essentiel du choc sans grand mal, quelques bleus vite oubliés malgré ma faible constitution, mais l'araignée était au-dessus de moi. Néanmoins, souple et agile, je pus m'extraire de sous son corps avant qu'elle ne me mordît et interposer des obstacles entre elle et moi. Une dernière flèche eu raison d'elle, et ma contribution - six araignées mortes - s'en arrêta là, car je vis que le reste de l'équipe avait bien travaillé et que les dernières araignées survivantes étaient en fuite.

Il y avait tout de même quelques blessés, mais ils étaient légers : Saoirse avait vu deux araignées venir à elle, elle avait réussi à en blesser une mais l'autre avait réussi à la mordre. Heureusement elle avait pu résister au poison et de toute manière l'araignée avait vite compris qu'elle avait tout à perdre à rester plus longtemps. Les autres araignées, obnibulées par Lotheryn, avaient laissé trop de liberté aux autres guerriers. Mon amie, Zarin et Beran avaient bien eu quelques égratignures lorsque eux aussi avaient subi une attaque d'araignée depuis les hauteurs des arbres, mais ils n'avaient pas été mordus. Et les pertes chez les araignées avaient vite mis fin au reste du combat. Le sol était jonché des nombreux cadavres des araignées - peut-être une vingtaine - et nous étions tous sains et saufs. Nous cherchions des preuves de présence des araignées en entrant dans les bois, et l'on pouvait dire à présent que le succès était total ! Restait à en informer les forces nordiques, et un nouvel élément vint nous rappeler que le soleil baissait toujours et que la nuit ne jouait pas en notre faveur dans les Fourrés aux Trolls...

2 - Fuite et rapport
En effet, très bientôt nous fûmes alertés par des bruits provenant de l'est mais aussi de l'ouest. Saoirse en particulier arriva à distinguer nettement, malgré une distance estimée à des milliers de pas, une forte armée qui progressait dans notre direction depuis l'est. Elle nous alerta vite et nous dit de fuir, car selon elle il y avait bien un millier d'orcs qui arrivaient vers nous, et sans compter peut-être une centaine d'araignées, des grosses créatures comme des trolls peut-être, et des créatures volantes. Et quelque chose qui la faisait frissonner lui fit penser à la présence d'un sorcier également. Du côté de l'ouest par contre, une soixantaine de guerriers nordiques progressaient dans notre direction. Je pris le temps de récupérer mes flèches, puis Lotheryn et moi aidâmes nos amis par une chanson elfique pour arriver plus vite à la rencontre des renforts que certains nordiques étaient allés chercher avant de pénétrer dans la forêt. Leur chef semblait excédé par notre imprudence et il ne comprenait pas la nécessité d'aller réveiller les horreurs des Fourrés aux Trolls alors que nous avions déjà des preuves de la présence des araignées géantes. Mais dans tous les cas nous fûmes tous d'accord sur une chose : il fallait déguerpir au plus vite, ce que nous fîmes.

Les chevaux qui nous attendaient à l'orée des bois, sur la route, furent les bienvenus. Bientôt nous galopions (non sans mal) vers Barad Calen avec les troupes nordiques, tandis que le soleil achevait de se coucher. Nous trouvâmes la forteresse en état d'alerte, où affluaient tous les habitants des environs, face à l'annonce de l'arrivée d'une puissante armée ténébreuse. Au passage, les corbeaux envoyés plus tôt en journée par Saoirse revinrent avec leur moisson de renseignements : en plus de ce que Saoirse avait perçu, ils firent part d'une araignée aussi grosse qu'un troll, et de la présence de nombreuses chauve-souris vampires et peut-être ce qui semblait être des vampires comme ceux que nous avions vus et combattus. Leurs descriptions laissaient penser à une très grande armée d'orcs et de trolls, mais en revanche les orcs semblaient faire partie des moins dangereux et des plus indisciplinés tant ils se battaient entre eux sans volonté forte pour les faire cesser...

Rapidement, dans la forteresse en alerte, nous fûmes amenés devant le second de Bronwyn, Balere, entouré d'officiers nordiques et de chefs d'Hommes des Collines. Après avoir fait un rapport de nos actions, essentiellement détaillé par mon amie Fleur des Bois, il me fut très difficile de rester là à supporter les cris d'indignation de Balere devant ce qu'il qualifiait de folie. J'avais peine à ne pas dire à Lotheryn de lui rappeler son incompétence davant l'absence préalable de patrouilles près des Fourrés aux Trolls et devant son manque d'empressement à vérifier les rumeurs d'araignées géantes que nous n'avions pas mis longtemps à trouver, et en pleine journée en plus. Mais bon, l'excitation finit par retomber, et nous pûmes prendre congé pour essayer de trouver un endroit où passer la nuit. En fin de compte je repérai un bâtiment de stockage à l'écart sur lequel je pus grimper, avec un toit assez plat et confortable pour passer la nuit.

Les autres me suivirent jusqu'au pied du bâtiment, sauf Saoirse qui décida d'aller se renseigner en ville, après s'être maquillée pour se fondre encore plus facilement parmi les gens du coin. Elle nous raconterait à son retour qu'elle avait entendu de bien méchantes rumeurs à notre sujet, comme si nous étions des incompétents aventuriers coupables de réveiller les horreurs des Fourrés aux Trolls par pure bêtise. Elle s'empressa de faire circuler une autre rumeur comme quoi nous étions en fait en mission sous la couverture d'aventuriers maladroits. Peut-être cette dernière rumeur n'eut pas autant d'importance que l'autre, mais le lendemain elle continuait néanmoins à circuler çà et là. En tout cas, la nuit fut tranquille et occupée à se soigner et se reposer.

3 - Voyage et foudre
Le lendemain la situation était revenue à la normale : manifestement l'armée ténébreuse était repartie loin des perceptions des patrouilles, et la ville se vidait petit à petit. Nous étions libres de poursuivre notre mission, et la question se posa donc de notre prochaine destination. Au départ nous comptions aller à Dol Elerilde (ou Dol Elril), grâce à la vieille route de l'est qui nous amènerait au village près du Dernier Pont, assez proche de notre destination. Lotheryn voulut néanmoins vérifier que nos services n'étaient pas requis sur place, et elle essaya de voir Balere à nouveau. Il n'était pas disponible, mais elle comprit aux non-dits des officiers qu'elle vit que notre présence les gênait et qu'ils ne comptaient aucunement avoir recours à nos services. Bientôt nous prîmes nos chevaux et la route fut avalée au petit trot vers l'ouest. Une fois arrivés au Dernier Pont (Iant Methed), nous bifurquâmes vers le nord en direction des anciennes ruines de Dol Elril que de nombreux artisans étaient en train de remettre sur pied.

Vous y arrivâmes en début d'après-midi, mais le ciel se fit bientôt menaçant : de gros nuages noirs convergeaient vers la ville, si bien que beaucoup d'éleveurs des environs tâchaient de rentrer en ville pour s'abriter avec leurs bêtes. Si l'on rajoutait à cela les multiples charriots qui transportaient des biens, il ne fut pas très étonnant de voir un bouchon se former à l'entrée de la ville. Il faut dire qu'un chariot semblait bloquer le passage. N'ayant guère envie de me mêler à tous ces humains, je me dépêchai de repérer un abri dans les environs pour passer la nuit là avec mon cheval, mais le reste de mes compagnons poursuivirent leur route. Apparemment, la force de Zarin permit de débloquer les choses, avec un peu d'aide de Beran, et le trafic se fuidifia bientôt suite à des directives de quelques autres aventuriers. Le reste, ils me l'apprendraient plus tard puisque je m'installai dans mon abri pour la nuit. En revanche, je vis tout de même la foudre s'abattre en ville et causer un incendie et beaucoup de remue-ménage pour les occupants du bourg qui entourait la citadelle en reconstruction.

Mes compagnons eurent donc fort à faire. En effet, la foudre était tombée sur les écuries et de nombreux animaux, paniqués, fuyaient en tout sens et menaçaient de piétiner les gens. Zarin décida de prêter main-forte pour éteindre l'incendie qui rongeait les écuries, et aider les gens à s'écarter. Burzum, de par sa petite taille, dispensait de nombreux conseils depuis un abri où il ne risquait pas de se faire piétiner, conseils que personne n'écoutait vraiment. Lotheryn réussit à canaliser en partie les animaux en fuite, avec un petit peu d'aide de Saoirse. Mais l'exploit vint de Beran, qui, fort de ses talents de dresseur, parvint à faire s'arrêter les bêtes affolées, donc à contenir et calmer les troupeaux et permettre aux éleveurs de retrouver la maîtrise de leurs bêtes. Bref, le groupe fit merveille et permit de limiter les dégâts liés à la foudre, ce pourquoi ils furent remerciés et tout particulièrement Beran. Cette très bonne réputation qu'ils gagnèrent là eut de nombreuses conséquences positives, comme nous le verrons plus tard.

Mais avant cela, il faut noter que, fidèle à son habitude, Saoirse alla se mêler aux gens du coin pour apprendre les potins ou informations intéressantes. Et en dehors des informations diverses sans grand intérêt, une chose retint tout particulièrement son attention : il semblait que c'était la troisième fois que la foudre était tombé sur la ville et les environs proches. Par ailleurs, mais là cela vint plutôt des gens qui firent le bilan des dégâts sur l'écurie, il paraissait extraordinaire que la foudre fût tombée sur un bâtiment bas, alors que d'autres, plus grands, étaient présents à proximité. Cela dénotait un comportement de la foudre plus qu'étrange. Cela, sans oublier la fréquence de la foudre récemment, ne put empêcher mes compagnons de penser à une possible magie noire. Pourtant, nous n'avions rien ressenti de particulier... Mais cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait rien eu.

4 - Entretien et cadeau seigneurial
Au bout du compte, toutes ces informations furent partagées et le groupe décida d'aller solliciter un entretien avec le seigneur Cenric. Lorsque mes compagnons approchèrent de la longère du chef nordique, Saoirse aida Lotheryn avec sa langue bien pendue, et ainsi les gardes nordiques allèrent rapidement transmettre notre demande et solliciter une audience. De toute manière, le groupe ayant été remarqué, et en particulier Beran, concernant la gestion des événements liés à la chute de la foudre, il semblait que nous aurions été sollicités tôt ou tard. Ou du moins mes amis, puisque je n'étais pas avec eux. Bref, ils pénétrèrent dans la longère où d'autres entretiens étaient en cours. Puis ce fut leur tour de s'avancer devant le seigneur, qui manifestement savait déjà bien des choses concernant les plus remarqués dans la ville (Beran, Zarin et Lotheryn), et mes compagnons furent invités à se présenter... et Beran le premier.

Ce dernier, s'il avait un don pour les animaux, n'était pas franchement à l'aise pour ce qui était de faire des discours. La communication - autrement qu'avec des animaux - étant le cadet de ses soucis, il eut bien du mal à aligner quelques mots, et il fallut l'intervention de Lotheryn pour expliquer cela au seigneur et à son audience. Et puis les autres passèrent à leur tour, Burzum et Saoirse en dernier. Le hobbit, une nouvelle fois, entraîna un peu d'incrédulité de la part des nordiques concernant son utilité pour le groupe. Ce fut un peu la même chose pour notre amie des corbeaux, si ce n'est qu'elle avait la langue bien pendue, elle. Tellement bien pendue qu'elle n'hésita pas à mettre les pieds dans le plat en parlant de magie. En effet, elle annonça vite que nous étions des messagers du seigneur Taurgil Melossë envoyés pour aider ses alliés au besoin concernant des domaines dans lesquels ces fiers guerriers n'avaient pas forcément les compétences nécessaires... comme la magie.

Devant les réactions de l'assistance, elle se rappela que la magie n'était pas quelque chose de considéré comme positif par les nordiques, en particulier quand le seigneur demanda des précisions concernant l'emploi de la magie par les aventuriers. Elle précisa alors que connaître la magie n'était pas la même chose que savoir l'utiliser, mais plutôt savoir la combattre, car nous avions déjà eu affaire à des sorciers et autres utilisateurs de magie probablement venus d'Angmar. Sans parler d'autres formes de magie que la sorcellerie, maîtrisée par exemple par les elfes. Et si je n'étais pas présent, Lotheryn ne cachait pas sa nature et elle jouissait d'une certaine aura. Saoirse ajouta que les récentes chutes de foudre étaient plutôt étranges tant elles tombaient près voire dans la ville, y compris sur un bâtiment, l'écurie, normalement trop bas pour être touché par un éclair... En tout cas, ses mots eurent un certain effet sur le seigneur et sa proche famille.

Car notre compagne humaine était très attentive aux réactions des nordiques en face d'elle : non seulement le seigneur Cenric, manifestement bon communicant, manipulateur et fin négociant - elle avait déjà pu le voir lors des précédents entretiens, tandis que le groupe attendait son tour - mais aussi sa famille proche. À gauche se trouvait en effet son fils Galmaud, manifestement quelqu'un de rusé lui aussi, mais aux manières tout sauf franches ou guerrières, et paraît-il peu apprécié de nombre de nordiques. A droite, par contre, un officier devait être son autre fils, Esmund, nordique charismatique mais à la mine sombre - il avait perdu sa famille pendant la peste - mais apprécié des siens. Il faisait d'ailleurs partie des personnes que nous avions retenues comme bonnes à marier à Mildryd, fille du chef de l'autre clan, les Gadraughts. Cette dernière avait elle aussi perdu des proches lors de la récente Grande Peste... En tout cas, passé l'entretien, le seigneur invita le groupe à aller choisir une très bonne monture pour chacun, comme cadeau pour les récents services rendus.


Et voici la fin de cette partie de mon récit, bonnes gens d'Imladris. Souffrez que j'en remette la suite à plus tard, tant j'aime à laisser le temps à mon auditoire de se poser les questions qui ne manqueront pas de s'imposer : un sorcier était-il à l'œuvre aux alentours de Dol Elril, voire à l'intérieur ? Y avait-il un traître dans l'entourage du capitaine nordique, et comment le démasquer ? Comment faire pour amener les veuf et veuve à se rencontrer et à envisager un mariage ? Voilà qui risquait de ne pas être facile pour le groupe d'aventuriers que nous formions...
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